« RDV au café de Paris 10h30 ».
Voilà le message que j'ai reçu ce matin sur mon téléphone. J'ai d'abord pensé à une erreur ou un simple canular. Et puis j'y suis allée, par simple curiosité et sans aucune arrière pensée.Lorsque j'ai poussé la grande porte vitrée du café, j'ai failli faire demi-tour et alors que je restais là, impassible, à ne savoir que faire, un homme en longue veste noir et portant de petites lunettes rondes s'approcha.
« Vous êtes bien Laura, c'est cela ? »
« Oui... que voulez-vous ? »
« Asseyez nous d'abord »Je l'ai suivi. Je ne sais pas pourquoi mais je l'ai suivi. A cet instant précis, je ne savais pas dans quoi j'allais m'embarquer.
Je m'asseyais en donc face de lui, en essayant de paraître tout à fait normal, comme une personne normale. Nous commandâmes deux cafés.Tout en sirotant sa tasse, il me tendit alors un téléphone portable. Je le pris machinalement et fus stupéfaite. En voyant ma tête, il me regarda droit dans les yeux et dit :
« Ce sont bien vos textes ? »
« Oui »
« J'ai quelque chose à vous proposer »
« ... »
« C'est un contrat, un contrat d'édition. Vos textes renvoient quelque chose que je ne saurais expliqué. Un sentiment contradictoire épris de mélancolie, de joie et de tristesse »
« Comment ça publier mes textes ? Je veux dire, cela fait des années que je n'ai pas écrit »
« Je pense que vous n'avez en rien perdu votre talent »
« Je ne sais pas... vous mentez »
« Pourquoi mentirais-je ? Vous savez ce que je crois ? »
« Dites toujours »
« Je crois vous essayez d'extérioriser une souffrance. Je pense que vous portez au fond de vous un profond mal être et l'écriture est un échappatoire, un monde imaginaire dans lequel vous vous enfermez, comme une bulle, pour enfin être tranquille »
« N'importe quoi... vous ne savez pas qui je suis »
« Vous avez raison mais ce que je sais, c'est que vous êtes un écrivain et les écrivains ont tous ce genre de mal être, c'est le terreau de leur talent »
« Où voulez vous en venir ? »
« Je pense que vous devez suivre votre cœur »
« Comment ? »
« En suivant votre passion »
« En écrivant ? »
« Vous voyez ? Vous avez vous même répondu à la question »
« Alors si je vous suis bien, pour vous, suivre son cœur c'est tout plaquer du jour au lendemain, son taff, ses études, son ancienne vie pour suivre sa passion »
« C'est à peu près ça, oui »
« Vous êtes un idéaliste ! »
« Peut être. Je dirais plutôt que je suis un optimiste. Vous savez, lorsque je regarde autour de moi, peu de personne suivent leur cœur, et c'est bien dommage. Finalement peu de gens sont idéalistes. Les gens pensent qu'ils sont bloqués dans une routine interminable, sans véritablement savoir où ils vont ni savoir la destination »