Entre deux mondes - II : Retrouvailles {Sous Contrat D'édition}

Chapitre II - Mesiméri

Mélody s'arrêta net et regarda sa tante avec de grands yeux ronds comme des soucoupes. Leya la charriait ! Elle ne trouvait d'autre explication à sa question. À moins que, dans ce monde, le déjeuné ait un autre nom.

— Le repas de midi ? tenta l'adolescente.

Voyant que sa tante ne semblait toujours pas comprendre, elle commença à se demander s'ils mangeaient à cette heure-ci. Astra et Elya - ainsi que les deux gardes de celui-ci - la regardaient bizarrement, comme si elle ne parlait pas leur langue. Ses parents déjeunaient pourtant avec elle tous les jours depuis sa naissance ! Noah aussi avait déjeuné avec elle récemment.

— C'est une blague, c'est ça ? tenta Mélody, désespérée. Vous ne savez vraiment pas ce qu'est le déjeuner ?

Elle se sentait ridicule, à présent. Le silence retomba, aussi pesant que du plomb. Heureusement, Noah vint à sa rescousse.

— Mesiméri... les humains appellent ça le déjeuner – ou dîner, dépendant du pays.

— Oh... lâcha Leya. Ces humains ! Ils ont toujours voulu se démarquer des autres.

— Ça, c'est un euphémisme, railla Noah.

Sa dernière réplique sembla attirer l'attention de la Lady qui lui demanda de bien vouloir développer. Mélody la vit rougir et tenter de décliner l'invitation en vain. Son amie expliqua donc qu'il existait plus de milles langues sur Terre – et pas une seule ne se parlait absolument partout. Que les humains pouvaient se montrer racistes envers les différences de peau, de taille, d'origine ou de sexualité. Qu'ils possédaient des carrosses de métal qui provoquaient autant de morts au fil des années que la bataille d'Esia.

— Et bien, je suis plus qu'heureuse de ne pas vivre là ! Par contre, pour ce qui est de ta question, Mélody, il est loin d'être mesiméri. Regarde, ordonna-t-elle en pointant le ciel. Le soleil est encore loin d'être au zénith. Il doit être douze heures, tout au plus.

Mélody se sentait complètement perdue. Douze heures et midi, n'était-ce pas des synonymes ? Le soleil devrait déjà atteindre son point culminant. De plus, l'heure lui importait peu. Son estomac était vide depuis bien trop longtemps.

— Oh, j'ai oublié de dire que le soleil qui tourne autour de la Terre va plus vite que celui d'Ednom. Chez eux, un jour équivaut à vingt-quatre heures. Mid... mesiméri est donc à douze heures, pas quinze. Tout comme, un an pour eux, c'est trois-cent-soixante-cinq jours, à la place de deux-cent-quatre-vingt-douze, expliqua rapidement Noah.

Mélody gratifia son amie d'un grand sourire pour la remercier. Intérieurement, elle grimaça. Ce nouveau monde devenait de plus en plus fou au fur et à mesure qu'elle apprenait à le connaître.

— De toute façon, princesse, lorsque Lady Iris m'a demandé d'aller vous chercher au plus vite, j'ai pas vraiment pris le temps de faire des lunch-box. Désolée, s'excusa faussement Astra.

— Peu importe, déclara Leya. Il ne nous reste qu'un petit kilomètre avant d'atteindre mon portail. Il nous mènera à l'orée de la forêt et de la, nous n'auront plus beaucoup de chemin avant d'arriver au palais. Nous arriverons juste à temps pour mesiméri. Je vous dépose là-bas aussi les garçons ?

Mélody vit le visage d'Elya passer au cramoisi alors que sa tante prononçait le dernier mot. L'un des gardes du prince retira alors son casque, laissant sa longue chevelure dorée retomber sur ses épaules. Une fille !

— Vous les royaux, vous êtes tellement sexistes ! déclara cette dernière. Je pensais pourtant que vous seriez différente, Leya !

Leya pâlit. Astra pouffa en voyant l'air fâché de la garde. Mélody hoqueta de surprise. Elle pensait qu'il s'agissait de deux garçons ! Elya les avait pourtant présenté comme tel, sauf erreur de sa part.