Cher Amour,
Si je t'écris cette lettre, c'est parce que j'ai des centaines de choses à te dire, mais que je n'ose pas pour le moment. Peut-être liras-tu ces mots un jour, ou peut-être pas. Si ce n'est pas le cas, ces mots seront le témoignage de tout ce que j'aurais voulu t'offrir.
Aujourd'hui, cela fait précisément une semaine trois jours et sept heures que je t'ai vu pour la première fois, que tu es venu me parler pour la première fois.
Sais-tu ce que cela fait de tomber ? De chuter sans repères ? Sais-tu pourquoi je finis toujours par tomber ?
Je tombe parce que je ne peux pas m'en empêcher. Et surtout, je n'essaye pas de me rattraper.
Peut-être parce que je sais que je ne peux pas me rattraper, ou peut-être que je préfère tomber et me préparer à l'atterrissage pour moins me faire mal.
C'est un peu comme avec toi. Je me suis approchée de la falaise, j'ai vu la chute arriver. Et j'ai sauté. Je chute encore, ballottée par les turbulences.
J'oscille entre la plus belle représentation du pathétique des Hommes et les idées pareilles au ciel étoilé, étincelles clignotantes dans les recoins les plus noirs de mon cerveau.
Je ne suis pas un être de modération. Je ne vais que dans les extrêmes, c'est eux que je connais le mieux. Un mode de vie aussi éreintant que grisant. Tellement de choses se poussent dans mon cœur à cause ou grâce à toi, Amour, que je voudrai les hurler au monde.
Mais le monde est sourd.
Ça fait deux ans que je ne suis pas tombée comme ça. Et même avant, Amour, je crois que la chute était moins violente. Moins vertigineuse. Moins lucide aussi.
Je tombe pour toi, Amour.
Encore une fois.
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lettres envolées
Short Storyj'ai écrit des lettres ces dernières années. des lettres jamais lues, envolées. des lettres silencieuses.