***
⎯ Je me souviens de toi comme on se souvient d'un rêve. Flou, insaisissable, mais brève.
Tu avais cette façon d'être, sans vraiment l'être. Un visage impassible, une voix calme, un regard de grande dame. Pourtant, derrière cette façade, je voyais l'enfant, l'enfant qui, autrefois, se perdait dans les méandres du doute. Celui qui avait peur de tout et du dégoût, mais qui refusait l'amour et son écoute.
Et puis, tu as tendu cette main.
Et je ne sais pourquoi, je t'ai suivi. Peut-être parce que j'avais besoin de croire, croire à travers ce que tu me faisais voir, que quelqu'un pouvait écrire mon histoire ainsi que mes victoires et mes plus grandes gloires, à même l'encre noire. Peut-être parce que, dans ton monde gris et froid, j'avais l'impression de ne plus côtoyer désespoir.
J'ai essayé de t'oublier. De t'arracher de ma tête comme une mauvaise herbe. De m'arracher les yeux, pour ne plus jamais revoir ton visage et sa lumière. Arracher ce sentiment qui s'était imposé sur ma route. Mais tu étais là, partout. Plus de non-retour. Une ombre dans mes pensées, un fantôme dans mes nuits, je n'arrivais plus à dormir.
Je me souviens de tes cheveux noirs qui effleuraient ma peau, ma peau qui, s'immiscait dans l'eau. De la douceur troublante de ta présence, en contact de mon noyau. De cette façon, que tu avais de me regarder sans jamais y déceler le vrai du faux.
Que m'avais-tu fait ?
J'aurais voulu que tu me laisses entrer, entrer là où tu y avais renoncé. Que tu brises cette barrière, qui elle, était un sacrilège. Mais au contraire, tu l'as toujours maintenue, car tu l'a su, pourtant aucune page n'avait été tournée, et ni commencée, tu avais réussi à me déchiffrer, comme si j'étais un mystère, une énigme à résoudre.
Mais cette barrière avait une faille, une toute petite égratignure, qui révélait nos corps nus, se retrouvant, s'enlaçant comme des vagues venant mourir sur le rivage. Mais ce n'était jamais assez. Parce que jusqu'au matin, tu redevenais cet étranger que je ne pouvais pas atteindre.
Mais ce n'était qu'une illusion, n'est-ce pas ?
J'ai fini par me perdre en toi. À force d'attendre un signe, une réponse, quelque chose, une simple réaction. À force d'espérer que, peut-être, un jour, tu me laisserais voir ce qu'il y avait derrière.
Alors, pour me vider la tête, j'ai laissé le sang couler sur le sol. J'ai voulu comprendre. J'ai voulu sentir ce que toi, tu refusais de montrer.
Je me suis demandé : Quel goût aurait le tien ? Quelle couleur ? Quelle expression ferais-tu ?
Mais tu m'as déçu, tu m'avais déçu.
Car moi, j'aurais voulu t'aimer, t'aimer comme tu m'as détesté.

VOUS LISEZ
𝐀𝐃𝐃𝐈𝐂𝐓𝐈𝐎𝐍 | ℌ𝔦𝔰𝔬𝔦𝔩𝔩𝔲 ,, ˢᵃᵈ
Fanfiction➜ « Mes larmes n'étaient plus que sablier, dévalant mes joues, créant des routes, laissant leurs traces. Comme des fossiles jetés à la mer. Les aiguilles tournent, les cloches sonnent, mais aucun mot ne sort. Comme une sensation d'étouffement. Je me...