Vivre son Printemps [Romance]

Epilogue

Marc est nerveux. Plusieurs fois il regarde son reflet dans une vitre de l'aéroport pour arranger ses cheveux. Il s'est bien habillé pour l'occasion et lorsqu'il reconnaît deux visages il se jette à leur rencontre. Une jeune fille, de 14 ans aux cheveux de jais et le regard caramel, est accompagné de son grand frère : Hei. Marc fonce vers lui et le prend dans ses bras sans ménagement.

Quelques minutes plus tard les voilà sur Paris, dans un beau quartier du XVe arrondissement. Les Japonais sont très bien accueillis par la famille Dubois. Cette dernière découvre enfin le "fameux Hei" dont leur fils leur rabâchait les oreilles à son retour au pays. Aussi charismatique et peu bavard qu'annoncé. À l'inverse sa petite sœur, Aya, parle beaucoup.

Après un peu de repos et un diner dans un quatre-étoiles pour fêter leur arrivée, Marc retrouve Hei sur la terrasse du restaurant, appuyé contre la rambarde en fer forgé. L'air frais du printemps Parisien lui est agréable. Il ne dit rien et souffle un gros nuage de fumée. Marc décide de briser le silence.

-T'as mis 2 ans à venir me rendre visite. T'as pas idée comment je suis heureux que tu ais accepté mon invitation cette fois.

Marc voit bien que son ami n'est que l'ombre de ce qu'il a été. Il se souvient de la souffrance qu'il a enduré comme si c'était hier, et ne lui fait pas l'affront de lui demander comment il va.

-Aya m'a tanné pour voir Paris. Je lui devais bien ça.

-Oh aller ! C'est aussi pour me voir je le sais, Marc lui claque l'épaule de sa main, combien de temps nous avons passé ensemble au téléphone ces dernières années, hein ?

Hei sourit enfin et tire sur sa cigarette. Oui, Marc lui a atrocement manqué, il avait eu besoin de lui plus que jamais pendant cette période difficile.

-Tu m'en veux de t'avoir abandonné ? demande Marc.

-Non, et puis sans toi je serais surement en prison.

Le regard de Hei se perd dans le vide. Un triste silence s'installe. Pour le briser Marc lui détaille le séjour, voir des monuments, des musés, des expositions, assister à un vernissage et tant d'autres activités qui arrachent péniblement un léger sourire à Hei.

Deux jours passent, Hei se détend un peu. Aya quant à elle ne cache pas son enthousiasme. Le soir Marc leur demande de bien s'habiller pour assister au vernissage d'une exposition "L'art et le sabre" au musée du Quai Branly. Sur place, du beau gratin parisien est présent. Marc présente Hei à des connaissances puis s'absente avec Aya pour lui montrer un peu les coulisses du musée pendant que son frère termine une cigarette. 

Lorsque Hei revient à l'intérieur, on lui offre une coupe de champagne qu'il accepte par politesse. Il se retrouve seul. Son regard vagabonde. Il ne connait personne ici et n'a pas le cœur à visiter l'exposition. Deux femmes le fixent, il fait mine de ne pas les remarquer quand l'une d'elle vient l'aborder avec un appareil photo.

-Excusez-moi, vous parlez anglais ? demande-t-elle dans la langue de Shakespeare.

Il hoche la tête.

-Je suis journaliste, c'est possible de vous prendre en photo ?

Étonné il ne répond pas sur le coup, mais finir par hausser les épaules et accepter. La femme est ravie, et lui demande de faire quelques pas sur le côté. Puis elle le photographie plusieurs fois. Son petit manège attire du monde et tous sont stupéfié en voyant le japonais. 

Hei se sent mal à l'aise, pourquoi est-il devenu subitement une bête de foire ?

Il se retourne. Une immense toile de plus de trois mètres de haut est accrochée au mur juste derrière lui. Sur le tableau est peint un samouraï en noir et blanc. Les jeux de lumières et de textures rendent le portrait ultra-réaliste et vivant. Dans un mouvement fluide on croirait que le personnage va dégainer immédiatement son sabre. Le visage du Samouraï est le sien, mais pas uniquement : sa carrure aussi, son regard... tout. C'est lui. 

Il reconnaît ce trait. 

La stupéfaction le foudroie, ne réalisant même pas qu'il s'agit pas de la pièce maitresse de l'exposition. Hei tourne la tête d'un côté et voit Aya et Marc qui lui sourient comme deux renards espiègles. Le français voit dans les yeux de son ami une étincelle. Il s'approche de lui.

-Qu'est-ce que tu fais encore planter là ? dit Marc en lui retirant la coupe de champagne des mains.

Hei se met alors à courir à travers la pièce. Ses yeux se posent sur tous les visages qu'ils croisent. Il ne la trouve nulle part. A t-elle changée ? Va t-elle le reconnaitre ? Son cœur bat si fort qu'il en souffre. Soudain, un éclat de rire. Plus loin, les artistes de l'exposition discutent avec des personnes privilégiées. Quand Hei approche, essoufflé, il est arrêté par des vigiles.

Il la voit alors, à quelques mètres, radieuse elle rit à une plaisanterie en portant sa main à sa bouche maquillée de carmin. Une main qui porte encore la bague d'émeraude. L'homme se débat dans les bras des vigiles. Il crie son nom, et elle tourne vers lui ses yeux verts. 

Le temps se suspend. Hei se sent submergé par une vague d'espoir. Comme si toute sa tristesse vole en éclat en une fraction de seconde. Il ne sent pas que des larmes roulent sur ses joues. Il ne voit que Yumi qui se précipite vers lui.

Elle a du mal à croire qu'il soit là, mais ce regard, même empli de larmes, ne la trompent pas. Il prend son visage entre ses mains : il a peur de rêver. Il hésite. L'aime-t-elle toujours depuis tout ce temps ? Yumi lui sourit et pose ses lèvres sur les siennes, se moquant d'être au centre de l'attention. Tout ce qui importe, c'est qu'elle l'ai retrouvé. Ils se disent qu'ils s'aiment maintes fois entre leurs baisers, pleurent ensemble et s'enlacent. Cette fois il n'a pas peur de la serrer fort. Elle lui promet de ne plus jamais disparaitre de sa vie.

Marc racontera encore longtemps cette histoire autour de lui, se pavanant du rôle qu'il y a joué. Il dira que c'est surement le mariage le plus heureux qu'il ait vu dans sa vie, même s'il a fallut attendre encore quelques années pour enfin le voir se concrétiser. Laurent ayant divorcé, il a pu donner sa bénédiction. Saori et Sato on bien sur été invité. 

Ne grandissez pas trop vite. Laissez vous vivre, et vivez votre printemps.

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Merci d'avoir lu cette vieille histoire que j'ai imaginée en 2003 <3

Si vous avez apprécié mon style, je vous invite à jeter un œil à des histoires récentes et plus travaillées, tel que Bienvenue à Corporate (finaliste des Wattys 2023) et Les Masques du palais Garnier, disponibles sur mon profil. Ce sont des Green Romances imaginaire dont je suis très fière.

Encore merci à vous d'avoir lu jusqu'ici !