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            Des gyrophares clignotaient dans tous les sens. Un coup bleu, un coup rouge : un véritable festival de couleur qui jurait avec la grisaille du matin. Il avait neigé durant toute la nuit et une épaisse couche de cette poudre blanche immaculée recouvrait le sol.

Deva remonta le col de sa veste jusqu'à son menton. Le froid était saisissant et l'air ambiant plutôt humide. La neige avait cessé de tomber depuis peu, mais tout indiqué qu'elle allait vite revenir. C'était le genre de temps qui donnait envie de rester sous une couverture devant une cheminée. Au lieu de cela, Deva était dehors, comme un bon nombre d'agents.

On l'avait appelé, tôt dans la matinée pour qu'elle vienne ici. Sud de la ville, une maison coquette, dans un quartier paisible. Juste derrière, la forêt. Cela donner un aspect « dernière maison avant le monde sauvage ».

De prime abord, tout semblait calme ici. Le défilé d'agents, mêlé aux clignotements des gyrophares, le tout accompagné des banderoles qui s'installaient déjà et des curieux venus voir malgré le froid, brisait cet aspect calme. Intérieurement, Deva râlait déjà du nombre trop important de personne qui n'avait aucune raison d'être sur les lieux. Pourquoi la curiosité poussait toujours le genre humain à s'approcher au plus proche de la scène ? N'avait-il pas mieux à faire ? L'inspectrice secoua la tête. Elle n'avait pas le temps de débattre sur le sujet. Bien que tout son corps réclamât du repos, un lit confortable et chaud, les ronronnements de son chat, on l'avait appelé ici en urgence. Au mot « vraie boucherie », elle avait mis immédiatement de côté le dossier des « disparitions mystérieuses » et avait sauté dans sa voiture.

Malgré ses vols, ses délinquants traînant quelques fois tard dans les rues, les rares agressions, les accidents et les vieux dossiers des disparus, Yellow-Wood était une ville plutôt calme. En tant qu'inspectrice, Deva arrivait même à dire que, parfois, elle s'ennuyait ici. Elle ne se réjouissait pas d'un crime – surtout s'il était assez violent pour être décrit comme étant une boucherie – mais un peu d'action ne faisait pas de mal.

Toujours autant frigorifiée par le froid ambiant, l'inspectrice salua un agent, passa sous les banderoles jaunes et s'approcha de la porte d'entrée. Son collègue – son second même – l'attendait déjà. Du haut de ses jeunes vingt-huit ans, Gaspard Decroix avait rejoint les forces de l'ordre plus déterminé que jamais. Sa principale raison ? La disparition soudaine de son frère, âgé seulement de seize ans à l'époque. Il avait à cœur de le retrouver. Même après deux longues années, il croyait encore que c'était possible. Depuis qu'il l'avait rejoint l'inspectrice, il avait su montrer toutes les qualités requises pour le métier. Une de ses plus grandes qualités en plus de sa détermination : il avait le cœur bien accroché. Il le fallait pour affronter certains dossiers. C'était ce qui avait poussé Deva à emmener Gaspard partout avec elle, faisait de lui son « second ». Un jour, il prendrait sa relève, elle en était certaine. Mais à quarante-deux ans à peine, elle était loin de la retraite.

- Alors qu'est-ce qu'on a Gaspard ?

Les traits du jeune homme se figèrent.

- Ce n'est pas beau à voir.

- C'est ce que j'ai cru comprendre. Qui sont les victimes ?

Gaspard baissa les yeux sur ce qu'il avait noté un peu plus tôt, lorsque lui-même était arrivé sur les lieux.

- Anne Saint-Clair et son mari Georges.

L'inspectrice hocha la tête et rentra dans la maison. Malgré le monde sur place, un silence de plomb régnait dans la maison. Au premier coup d'œil, tout semblait normal. Rien n'avait bougé dans le salon, la cuisine était impeccable, pas la moindre miette qui traînait sur le plan de travail, aucun vase renversé, pas un tableau tombé à terre.

Sombres-LoupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant