Jeskary sentit un souffle dans sa nuque. Il était chaud, agréable, bienveillant. Il avait l'impression qu'il venait là pour le réchauffer et le protéger. Oui, seulement avec ce souffle, il se sentait en sécurité.
Posant une main dans sa nuque, il se retourna. Un pelage aussi blanc que la neige, sans aucune impureté, des yeux dorés et brillants, un museau plus sombre que la nuit. Les oreilles dressées sur la tête étaient attentives au moindre bruit. Fièrement campé sur ses quatre pattes, le froid et la neige ne semblait pas l'atteindre. Par moments, ses moustaches remuaient légèrement, captant une vibration qu'aucun humain n'aurait pu sentir.
Certains auraient été terrifiés de se retrouver face à un loup. D'autres auraient crié, tout en restant paralysés sur place. D'autres encore auraient tout simplement fui espérant sortir vivant de cette forêt et ne pas être mangé par l'animal. Pas Jeskary.
L'adolescent ne bougea pas d'un millimètre. Il resta parfaitement calme devant ce loup. Il n'avait pas peur, il ne se sentait pas en danger. De son souffle, la bête des bois l'avait rassuré, de son regard, il l'apaisait. Il y avait quelque chose de profondément pur dans ses yeux dorés. Un bien-être indescriptible. L'adolescent aurait pu rester là des heures, sans bouger, oubliant la forêt, la neige, le froid. Rester seul, observer ce loup à la beauté immaculée. Il ignorait pourquoi il était ainsi, pourquoi il ressentait cela. Il n'avait jamais vu de loup de sa vie. Il n'avait même jamais eu de chien chez lui. Et pourtant, il avait la sensation que cet animal était là pour lui, faisait même partie de lui. Comme s'il avait toujours été là, quelque part autour de lui, l'observant de ses yeux dorés, le protégeant.
Avec lenteur, mais assurance, il tendit la main vers le loup, cherchant à poser le bout des doigts sur ce beau pelage. Il n'y parvint pas. Il ne sentit que du vent, l'air froid de l'hiver. L'animal était pourtant bien là, à le fixer. Il sentait son souffle, son odeur sa présence. Il était là, c'était indéniable. Pourtant, lorsqu'il essaya une nouvelle fois de le toucher, sa main passa totalement au travers, ignorant toute loi de la physique.
Le loup baissa légèrement la tête, cligna des yeux et disparu. Il se dissipa dans l'air, comme s'il n'avait été rien de plus qu'un mirage.
L'animal n'était plus là et Jeskary sentit le froid, la neige, la solitude, la peur...
***
Jeskary se réveilla en sursaut. Des gouttes de sueurs froides lui coulaient le long du dos et sa respiration, haletante, avait du mal à se calmer. Tout son corps était douloureux. Il avait la sensation d'avoir été frappé, à de trop nombreuses reprises. Pas une seule partie n'avait été épargnée, pas même le visage. Et il avait froid, terriblement froid. Avait-il laissé la fenêtre de sa chambre ouverte ?
Il regarda autour de lui, sans reconnaître l'endroit. Son mur jaune pastel, le poster de son groupe de musique préféré, la photo d'Emy et lui sur sa table de chevet, l'ordinateur sur son bureau toujours encombré, son tas de linges sales traînant dans un coin. Il ne vit rien de tout cela. Pas même son lit chaud et confortable. Il battit plusieurs fois des paupières, cherchant à retrouver ses esprits. Un arbre, un deuxième et beaucoup d'autres. Un buisson, un autre différent. Une souche qui semblait vouloir revenir à la vie. Un rocher qui ferait concurrence autant en taille, qu'en poids, avec la petite maison de la voisine. Cela ne ressemblait en rien à une chambre d'adolescent. Où est-ce qu'il se trouvait ?
Jeskary cligna encore une fois des yeux. Il devait sans doute rêver. La neige sous lui, son humidité, son froid, mélangés à la douleur de son corps, le ramenèrent à la réalité. Il ne rêvait pas.
Il chercha à comprendre. Tout était confus dans sa tête. Son esprit était perdu dans un épais brouillard. Un brouillard aussi douloureux que terrifiant.
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Sombres-Loups
WerewolfJeskary, Jessy pour ses amis à une vie des plus banal, mais ça lui convient. Une famille adoptive qu'il aime, des amis et une petite amie! Il n'en demande pas plus. Mais ce plus, il lui est imposé. A ses seize ans, un gène se réveille en lui : celui...