SUMMER ➹ minsung

• chapitre 36

Le moment tant redouté était arrivé. Minho n'en menait pas large dans la voiture qui transportait Jisung et Sujin à l'aéroport. Son père conduisait tandis que lui était monté côté passager. Il aurait aimé rester derrière avec son petit ami, mais la situation aurait été bien trop étrange. Comment pouvait-il expliquer qu'il ne laissait pas Sujin être aux côtés de son copain ? Personne n'était censé savoir qu'ils n'étaient plus ensemble, même s'ils étaient plutôt distants ces derniers jours. Leur comportement pouvait laisser penser à une dispute de couple normale, un accrochage qui finirait par se régler.

Hyejin était restée à la villa pour faire du rangement et du ménage avant qu'eux aussi ne partent. Leur vol était prévu deux jours plus tard, et même si Minho adorait passer les vacances à Jeju avec ses amis, il avouait volontiers avoir hâte de rentrer chez lui. L'optique de revoir son petit ami le motivait. Il avait déjà fait des plans sur la comète, il s'était imaginé à quoi ressembleraient les moments où ils se retrouveraient, ou même les soirées où ils pourraient discuter par messages. Il se voyait déjà dans son lit, portable en main, en train de lui envoyer qu'il lui manquait et qu'il l'aimait. Peut-être pourraient-ils même se téléphoner, se passer des appels vidéos lorsqu'ils n'auraient pas l'occasion de se voir à cause de leurs révisions respectives. C'était ce qui l'aidait à relativiser et à accepter le départ de Jisung. Ils ne pouvaient rien faire contre ça, cette séparation était inévitable, mais ils se retrouveraient.

Le paysage insulaire défila autour d'eux, jusqu'à ce qu'ils arrivent à l'aéroport. La voiture alla se stopper sur une des places alignées sur le côté. Le moteur coupé, ils descendirent du véhicule et le père de Minho sortit les bagages du coffre. Ils avaient simplement pour mission de les déposer devant et rien de plus, et ce n'était pas du tout ce que l'adolescent aurait aimé. Il aurait voulu accompagner Jisung jusqu'au bout, jusqu'à ce qu'il doive passer les portiques de sécurité pour l'embarquement. Il se voyait déjà comme dans les films, lui sauter au cou et l'enlacer en répétant qu'il l'aimait de tout son cœur. Mais ça ne resterait que dans sa tête.

La gorge nouée, Minho resta face à son petit ami, sans même savoir quoi faire.

— On va vous accompagner à l'intérieur, intervint son père.

Une petite lueur d'espoir naquit dans leurs yeux. Ils allaient passer un peu plus de temps ensemble, même si cela ne signifiait pas pour autant qu'ils pouvaient se coller et se parler comme s'ils étaient seuls. Ils pénétrèrent dans l'aéroport, beaucoup d'usagers couraient un peu partout pour récupérer les billets aux bornes automatiques ou aux guichets. Certains s'étaient installés dans des cafés pour prendre un petit déjeuner ou boire quelque chose avant de déposer leurs bagages.

Minho observa les alentours, non pas sans une pointe de nostalgie. Il ne savait plus trop ce qu'il devait ressentir. Il aimait Jeju, il aimait la villa familiale, et il aimait passer du temps avec ses amis. Et d'un autre côté, il avait envie de rentrer, d'être loin de cette insoutenable tension qui régnait, loin de Sujin et près de Jisung. Il avait déjà hâte de retrouver ses bras et ses baisers, de passer d'autres moments avec lui, de continuer à vivre leur histoire d'amour même si cette dernière ne s'avérait pas simple. Il avait toujours une crainte au fond de lui, celle que leur secret respectif et en même temps commun soit dévoilé, mais ces peurs passaient en seconde position. Il voulait simplement être heureux, ne plus se focaliser sur le négatif, et ce même si c'était plus facile à dire qu'à faire.

— On va retirer nos billets, annonça Jisung.

Minho réagit, il déglutit et hocha la tête. Il les observa partir en direction du guichet de leur compagnie aérienne pour récupérer les cartes d'embarquement et, alors qu'ils patientaient dans la file, le couple secret se lança un long regard. Il voulait en dire beaucoup sur ce qu'ils ressentaient, sur la frustration qui les submergeait. Minho avait juste envie de foncer vers son petit ami pour le prendre dans ses bras, comme dans le ralenti d'un film de romance cliché. Il avait envie de le serrer et de lui dire de ne pas l'oublier, qu'il allait lui manquer mais qu'il le rejoindrait vite.