Le départ

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POV : Mona

C'est jour J. Celui qu'on retient.(NDA : Louane mv) Mes affaires sont dans une valise dans un coin de la pièce. Je m'apprête à quitter le pays pour la première fois, et c'est pour ne jamais y retourner. La vie au Yémen est particulièrement difficile, et je dois m'en aller, je ne peux plus l'aimer, pour ma survie, c'est impératif. Je prends le bateau dans la ville où j'habite, Sanaa, ça me donnera l'occasion de lui dire au revoir. Même si je l'aime car j'y suis née et j'y ai grandis, cette ville n'apporte que malheur et destruction. Il est temps pour moi de partir, j'ai trouvé un passeur qui peut me faire traverser la mer rouge et arriver en Europe. J'espère que tout se passera bien, la traversée de la mer rouge est semée d'embûches, entre les pirates et les situations politiques instables. Je me dirige vers un endroit reculé du port, où j'aperçois une centaine de personnes réunies autour d'un homme qui semble être mon passeur. Toutes mes économies y sont passées, c'est ma seule chance d'une nouvelle vie. L'homme s'approche vers moi et dit en pointant mon sac :
"- Pas de bagages, c'est trop dangereux.
- C'est pas ce qui était prévu. J'ai payé pour une traversée en bateau, on m'a garantie que je pourrais avoir le droit d'avoir un sac, répondis-je.
- Écoute poupée, si tu veux rester ici, c'est pas mon problème, mais c'est mon bateau, mes lois. "
Je récupère alors la photo de ma famille que j'avais fourré dans mon sac avant de partir, et jette à contre cœur ce dernier dans un coin. Il est l'heure d'embarquer, et une vague de tristesse m'envahit, quitter son pays pour ne jamais y revenir est un des sentiments les plus étranges et compliqués. On sait qu'on le quitte pour une raison, mais il reste une part de nous dont on doit se séparer. Je pense à Aisha, ma meilleure amie, qui doit dormir à cette heure ci, j'aimerais la revoir, mais demain je serai déjà loin.

La mer est calme et le silence est pesant. Les gens ne parlent pas, se laissent juste porter par le courant, rêvant à une vie meilleure, dans cette Europe fantasmée. Nous n'avons aucun plan quant à l'avenir, et pourtant ça ne peut pas être pire que ce que nous avons tous vécu ici. L'embarcation est assez petite par rapport à notre nombre, mais tant qu'on ne coule pas, j'imagine que cela n'a pas d'importance. Les enfants s'impatientent et veulent manger, mais comme aucun d'entre nous n'a de bagages, personne ne peut s'offrir ce luxe, il va falloir patienter.

Les Yeux d'une Fille du Yémen Où les histoires vivent. Découvrez maintenant