Chapitre 2

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AKENA

Je me réveille en sursaut, la respiration coupée, surprise par le froid glacial qui enveloppe mes membres.

Je frissonne, cherche à tâtons de quoi me couvrir pour me réchauffer. Un mal de tête s'installe à l'arrière de mon crâne, pareil à de vigoureux coups de matraque, preuve incontestée de ma maltraitance d'hier soir. Une stupéfiante nausée incite mes rares neurones encore actifs à se rappeler les raisons de mon état.

Des souvenirs très vagues, en vérité.

Que s'est-il passé ?

Lorsque les réminiscences de la soirée se précisent dans mon esprit, je me remémore la douleur de la dernière morsure, je me redresse d'un bond.

L'obscurité règne, mais je ne m'attarde pas sur ces détails.

Mon unique réflexe est de porter ma main à la morsure que je ressens encore. Du pouce, je caresse doucement la fine peau lisse et totalement cicatrisée, comme si rien de tout ça n'était réellement arrivé, me demandant si je n'ai pas rêvé.

Pourtant, au moment où je ferme les yeux, le regard hypnotique de l'homme inconnu me revient et se grave derrière mes paupières.

Non, je n'ai pas rêvé, il était bel et bien réel.

La panique revient au galop, mon cœur s'emballe de plus belle, et je maîtrise de justesse une remontée de bile quand un second état de fait me saute au visage. Quelque chose ne tourne pas rond ici.

Je ne suis pas chez moi.

Je ne reconnais pas ma chambre. Même dans cette obscurité quasi totale. Les draps n'ont pas la même texture, ils sont bien plus doux que ce à quoi je suis habituée, la pièce elle-même n'a pas la même odeur, l'atmosphère est différente. Je repère un point de lumière, quelque part à ma droite, ce qui n'est pas non plus l'emplacement de ma fenêtre. Mes pieds au sol devinent la texture chaude et douce d'un tapis à poils longs quand je me décide à me lever. Rien à voir avec le carrelage froid et cassé qui se trouve dans ma misérable chambre chez les Davis.

Avec une boule de plomb fermement tombée dans mon estomac, je me dirige lentement vers la source de lumière et comprends qu'elle est atténuée par des doubles rideaux opaques, qui protègent des rayons du soleil si besoin. D'un geste ferme, mais tremblant de peur, je les ouvre et découvre avec stupeur le paysage qui s'étend devant mon regard effaré.

À la place de la ville que j'ai l'habitude de voir, les buildings en fond et la pauvreté de mon quartier en premier plan, c'est une forêt luxuriante qui se déploie. Juste sous ma fenêtre, des jardins entretenus, des arbres taillés à la perfection, des fleurs et buissons à perte de vue. Tout au moins jusqu'à un large mur de pierre semblant entourer la bâtisse dans laquelle je suis, comme un rempart qui protège son château d'un autre temps.

Ma respiration échappe totalement à mon contrôle. Agitée par les premiers frissons de l'angoisse et envahie de sueurs froides, je me tourne pour examiner attentivement la pièce où je me trouve.

Un immense lit en baldaquin, surmonté de voiles blancs, recouvert de draps somptueux, de même couleur, épais, et doux dans mon souvenir. Autour de celui-ci, un tapis angora blanc prolonge l'ambiance apaisante et rassurante. Le reste de la chambre est dans le même ton, alliant le bois, la pierre et les épais tissus blancs et dorés.

Une crise de panique me submerge avec tant de force que j'ai le réflexe de me laisser tomber sur le lit plutôt qu'au sol, me pinçant fortement le bras pour vérifier si je ne rêve pas. Bien entendu, tout comme la fraîcheur de la pièce me l'indique déjà, je suis bel et bien réveillée et enfermée dans un lieu inconnu.

The Witch's legacyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant