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Chapitre 5 - Valentin

 Je m'éclipse très tôt le lendemain matin. Mon réveil tire Lena de son sommeil, mais elle se rendort immédiatement. Je me contente de boire un café, de prendre mes affaires et de rentrer chez moi. Je n'ai pas le temps de me doucher, ni de manger, je m'habille rapidement, passe un coup de peigne dans mes cheveux en bataille et retourne à ma voiture pour aller au travail. J'arrive à sept heures moins trois et Ugo est déjà dans mon bureau.

— Soit tu as raté ton réveil – ce qui ne se produit jamais – soit tu as passé une courte nuit à cause d'une jolie demoiselle. Je choisis donc l'option numéro deux.

Je prends place sur mon fauteuil, allume mon ordinateur, pose mon téléphone, et m'empare du gobelet fumant qui m'attendait sagement. Mon meilleur ami est très prévenant !

— Merci, j'en avais besoin, déclaré-je après avoir bu deux grosses gorgées. Alors, comme je te l'ai expliqué hier, je bloque sur le dossier de l'industrie pétrolière. Tu as trouvé quelque chose d'intéressant ?

— Une chose à la fois ! Raconte-moi pourquoi ta nuit était si courte.

Je soupire, m'affale dans mon fauteuil et dis la vérité. Je comptais lui en parler de toute façon... Donc il vaut mieux le faire maintenant, je serai tranquille pour travailler après.

— Je suis allé boire un verre avec Lena hier soir et j'ai passé la nuit chez elle.

Mon pote sourit de toutes ses dents, fier de m'avoir tiré les vers du nez aussi facilement.

— Tu l'aimes bien cette petite.

— Oui, je l'aime bien. Mais ne l'appelle pas comme ça, s'il te plaît. Je passe pour un vieux pervers quand je t'entends prononcer ce genre de phrase.

Il ne sourit déjà plus et pose ses coudes sur le bureau, joignant ses mains d'un air sérieux.

— Tu ne crois pas qu'elle est trop jeune pour toi ? Tu as trente-cinq ans, qu'est-ce que tu fais avec une gamine à peine majeure ?

— D'abord, elle a vingt ans donc ce n'est plus une gamine. Et ensuite, depuis quand les femmes de cet âge-là te dérangent ?

— Je ne sors pas avec des filles de vingt ans !

— Non, tu te contentes de coucher avec.

— Voilà, c'est différent.

Je lève les yeux au ciel. Ce mec est irrécupérable. Heureusement qu'il est casé et que sa femme le tient par les couilles. Il a vraiment trouvé la seule personne capable de le faire entrer dans le droit chemin et en plus, il est fou amoureux. Il a tout gagné.

— Et puis c'est arrivé qu'une fois, ajoute-t-il. Elle avait dix-huit ans et pas vingt ans, et c'était il y a trois ou quatre ans.

Et il est fier de lui !

— Maintenant, je suis un père marié respectable donc ça ne compte plus. Mais toi, tu es un grand sentimental et ça se voit que tu ne veux pas juste t'envoyer en l'air avec elle. Même si pour le moment vous ne faites que ça...

Je termine mon café d'une traite. Il n'a pas tort, je suis du genre romantique. J'ai toujours privilégié une vraie relation amoureuse plutôt que des aventures d'une nuit. Je pense que le fait d'avoir eu ma fille si jeune m'a permis de devenir mature rapidement et de vouloir lui offrir une vie stable. Malheureusement, je ne suis jamais resté en couple plus de six ans...

Je ne sais pas si fréquenter une femme de seulement cinq ans son aînée lui offrira une quelconque stabilité dans une vie de famille. Je ne pense pas que ce soit possible qu'elle la considère un jour comme sa belle-mère, tout comme Lena ne pourra jamais la considérer comme sa belle-fille. C'est compréhensible. Avec une différence d'âge aussi faible, elles pourront uniquement se voir comme des amies, dans l'idéal des choses.