Je me réveille seule dans un grand lit ce matin. Valentin n'est pas là. Je me lève, m'habille rapidement et quitte la chambre. Dans le couloir, je m'arrête devant la porte où est inscrit le prénom « Mélodie ». Je l'ai vu la dernière fois, mais je pensais que c'était une petite fille de peut-être trois ou quatre ans. Pas plus. Mais je me suis trompée. Sa fille a quinze ans. Je suis à peine plus âgée qu'elle... Je ne pensais pas qu'il avait plus de trente ans. Ça m'a surprise d'apprendre son âge et de constater une telle différence entre nous. Je ne suis qu'une gamine à côté de lui.
J'avance un peu plus jusqu'au salon et je le vois. Il est assis sur une chaise sur la terrasse. Je vais dans la cuisine me servir un verre d'eau et le rejoins. Je m'assieds près de lui.
— Bonjour.
— Bonjour, Lena. Tu ne t'es pas enfuie... remarque-t-il en souriant.
— Pas cette fois. Tu aurais pu me repérer bien trop facilement.
— Tout à fait. Tu veux un café ? Ou du thé ? Ou même du jus de fruits si tu veux.
— Je me suis servie, je te remercie.
Il jette un œil à ma boisson.
— C'est ça ton petit déjeuner ? Un verre d'eau ?
— Ça me suffit.
J'observe la terrasse et remarque un cendrier sur la table.
— Tu fumais la dernière fois, mais je ne t'ai pas vu le faire hier.
— Je ne suis pas vraiment un fumeur. Je fumais étant plus jeune, mais j'ai arrêté lorsque je suis devenu père. J'ai seulement la cigarette sociable, comme on dit.
— Ce n'est pas sain.
— Je sais, rigole-t-il. C'est pour cette raison que ma fille n'est pas au courant. Je ne veux pas lui donner de mauvaises idées.
— C'est mieux.
La conversation pourrait paraître légère, mais je le sens tendu.
— Est-ce que ça va ? lui demandé-je curieuse.
— Je vais bien. Et toi ?
J'acquiesce, mais j'ai l'impression qu'il ne me croit pas. Je n'aurais jamais dû balancer ça avant de m'endormir hier soir. Il doit me prendre pour une folle. Mais je me sens tellement en confiance avec lui que je baisse toutes mes barrières. Je ne le connais pas, ce n'est pas normal que je me dévoile autant. Le contact de sa peau contre la mienne me rend si vulnérable...
C'est vraiment effrayant.
— Je vais m'en aller, déclaré-je en me levant.
Il pose immédiatement ses mains sur mes hanches et me fait retomber sur ses cuisses. Il me regarde dans les yeux tandis qu'une de ses mains se pose sur ma joue et me caresse tendrement.
Je ferme les yeux et savoure ce contact physique. Apprécier un geste si simple ne m'était pas arrivé depuis si longtemps. Voilà pourquoi je le laisse s'immiscer dans ma tête alors que je ne l'ai vu que deux fois. Sa peau contre la mienne me réchauffe alors que n'importe quel contact d'une autre personne me ferait crier d'angoisse. Pourquoi n'y a-t-il que lui ? Je ne comprends pas.
Valentin m'embrasse avec douceur, puis il attire mon visage contre son cou. Blottie contre lui, je me sens bien malgré la fraîcheur de ce début d'après-midi qui s'annonce pluvieux. Je profite de chaque minute près de lui avant de le quitter dans quelques instants.
— Tu voudrais bien qu'on apprenne à se connaître ? dit-il après de longues minutes de silence. On pourrait faire les choses dans l'ordre et commencer par un rendez-vous au restaurant pour pouvoir discuter tranquillement. Qu'est-ce que tu en dis ?
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14 minutes [SOUS CONTRAT D'ÉDITION]
RomanceUne période de quatorze minutes est infiniment courte dans toute une vie. C'était le temps qu'il fallait à Lena pour se maquiller le matin, pour discuter avec ses amis lors d'une pause au lycée, pour rentrer chez elle en bus après les cours, ou pour...