Richard

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Richard ... que dire de Richard? Richard c'est ... comment dire? Vous savez cette petite idée imprécise qui vous trotte toujours dans la tête? Cette espèce de fantôme de perfection que l'on forge au fil du temps et des expériences, sorte d'hybride endimanché d'un idéal et de la réalité? Et bien c'est exactement ça!

Chacun d'entre nous a -qu'il en ai conscience ou pas- une vague idée de ce qu'il conçoit comme étant parfait. Cette idée, plus précise chez certains que chez d'autres, constitue la graduation ultime par rapport à laquelle nous jaugeons le monde qui nous entoure. Elle évolue avec le temps, la maturité et les rencontres -positives ou négatives- mais, surtout, de notre ressenti vis-à-vis de ces expériences.

Richard est tout cela. Et plus encore. Tout cela parce qu'inconsciemment, j'ai donné corps à ma version de l'homme mystère; plus encore parce que l'homme mystère m'a révélé ses secrets au fil de l'écriture. Oh pas tous, mais suffisamment pour que je puisse affirmer sans crainte d'être inexacte que je le connais un peu mieux à présent. De floue et confuse au début, ma compréhension de sa personnalité, de ses motivations et de ses aspirations est beaucoup plus complète aujourd'hui. Elle est appelée à évoluer bien sûr puisque Richard est loin de m'avoir révélé tous ses secrets -il commence à peine-, néanmoins j'ai bon espoir d'en découvrir d'avantage en continuant à écrire, c'est ma motivation principale.

Surprenant n'est-ce pas, que je méconnaisse autant un personnage issu de mon imagination? Encore une fois, la réponse est ambivalente.
S'il est vrai que j'ai une idée de ce que je m'apprête à écrire, il arrive rarement que le rendu final corresponde à ce que j'ai prévue; Je crée un scénario dans ma tête, je coordonne avec minutie les différents enchaînements d'événements, je les passe en revue encore et encore jusqu'à ce que la scène soit bien réelle pour moi, que je la ressente intensément, que je vive littéralement l'histoire, je pose les doigts sur mon clavier et là ... patatras!

Oui patatras! Richard déjoue habilement mes prévisions, ses pensées se glissent insidieusement parmi les miennes, les soumettent sans bruit, se transmettent à ma main, s'empressent de sortir et, le temps que je m'en rende compte, j'ai noircie plusieurs pages avec ses pensées à lui plutôt qu'avec les miennes!

J'ai d'abord essayée de le maîtriser, je pensais le "discipliner". Mal m'en a pris, plus je faisais la sourde oreille à ses suggestions, plus il les imposait, j'ai fini par abandonner. Même si j'ai une ligne directrice, je lui laisse la latitude nécessaire pour s'exprimer -ce n'est pas comme si j'avais le choix en même temps-, j'essaie de négocier au début bien sûr -rires- mais je fini toujours par me résigner à faire selon son idée.

Richard est sûr de lui, dominateur, il rayonne de confiance en lui et exsude de virilité mais, assez paradoxalement, il n'est ni arrogant, ni condescendant même si sa personnalité peut paraître écrasante. Il parle très peu et observe beaucoup -ce qui est désarçonnant de prime abord- mais Lara compense par sa vivacité et son caractère explosif.

Ses origines russes et anglaises renforcent l'impression générale de froideur et de pondération qui émane de son personnage. C'est un aristocrate né même s'il mène une existence frugale; Richard est un être tout en contraste, son opulence est contrebalancée par sa sobriété, sa carrure impressionnante par l'élégance de ses traits et de sa mise, son charisme par ses manières taiseuses et sa tendance à préférer être en retrait. Je dirais que c'est un personnage très complexe et d'une grande richesse intérieure que j'ai pris plaisir à construire mais qui, en fin de compte, a dépassé mon imagination pour devenir un être à part entière. Même si c'est un être de fiction. Sourire. Un être très stimulant dont j'ai le privilège de retranscrire les pensées.

À ne pas faire:
-Écrire sans avoir une vision suffisamment définie des personnages. Cela se ressent dans la lecture; J'ai dû reprendre la version originale pour que l'ensemble soit plus cohérent, je me serais épargnée beaucoup de travail si j'avais pris le temps de mieux travailler le personnage de Richard. Cela m'aurait permis d'avoir une approche plus globale de l'intrigue.
J'ai eu beaucoup de chance puisque le résultat final s'est avéré satisfaisant, je ne recommande néanmoins pas la méthode, qui est hasardeuse. Ce serait dommage de noircir des pages entières et de devoir les réécrire parce que le caractère du personnage à la fin de l'histoire est en contradiction totale avec ce que l'on en a montré au début.

Astuce:
-Faire des fiches personnages détaillant le caractère des personnages, leur petites habitudes, leur tics, leur style vestimentaire, leur phrases fétiches ... Tout ce qui en fait des individus particuliers et "vrais". Ne pas hésiter à rajouter des petites manies ridicules, ça les rend attachants, plus humains.
-S'inspirer de personnes réelles ou de personnages qui nous ont marqués, cela facilite l'immersion de l'auteur dans la tête du personnage et par conséquent, l'écriture qui devient plus naturelle.

Mes balbutiements d'auteurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant