Chapitre 6

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« MAIS C'EST GÉNIAL ! » s'exclama Clément en apprenant la nouvelle le lendemain matin. Iris ne se sentait pas de garder ça pour elle. Ça ne l'avait pas empêché de s'assurer que Clément ne dise rien à personne et en particulier rien à Amélie. Iris appréhendait sa réaction... En fait, elle la devinait déjà. Il ne faut surtout pas qu'elle sache. L'après-midi avait été très bizarre. Toujours à côté de Mathilde, mais quelque chose avait changé. Parfois, elles se tenaient la main sous le bureau, ou échangeaient un regard rempli de sens. Une fois la journée passée, les deux amoureuses s'étaient rendues chez Mathilde pour y passer la nuit pour réviser. En tout cas, c'était ce qui avait été rapporté à la mère. Une fois en haut, elles se sont embrassées des heures durant après avoir soigneusement fermé la porte à clé. Puis elle se sont couchées dans le lit et endormies dans les bras de l'autre. C'était trop tôt selon Iris pour faire quoi que ce soit, et Mathilde le comprenait parfaitement. Après avoir tout raconté à Clément, la discussion dériva un peu au point que les deux amis arrivèrent en retard en cours. Mais pour une fois, M. Rousseau ne dit rien. Une fois la sonnerie retentit, le couple s'apprêtait à partir quand leur prof appela.

« Vous, restez ici ! »

Surprise, Iris s'approcha, et vit du coin de l'œil que Mathilde faisait de même. De loin, M Rousseau avait toujours paru blasé, mais là, une sorte de lueur bourrée d'énergie brillait dans ses pupilles noires. Iris n'avait jamais pu le dévisager d'aussi près. Sa barbe mal rasée recouvrait une mâchoire prognathe. Au dessus, surplombait un nez un poil plus gros que la moyenne, entouré de deux yeux pétillants d'énergie... Énergie qu'Iris n'avait jusqu'alors jamais vraiment remarquée.

« Bon mesdemoiselles, j'aimerais vous parler rapidement d'un sujet important. asseyez-vous.

- C'est par rapport aux notes ? demanda Mathilde d'une voix faussement innocente.

- Mathilde, tu sais très bien de quoi je parle. Je suis content que mademoiselle Iris ait enfin réussie à s'affirmer parce qu'en début d'année, c'était loin d'être le cas ! En revanche, il y a d'autres personnes, peut-être moins ouvertes. Surtout parmi vos fréquentations.

Il appuya un regard insistant vers Iris. Elle savait exactement de qui il parlait.

- Donc permettez moi de vous mettre en garde, et de vous conseiller par rapport à votre... discrétion.

Il y eut un blanc de quelques secondes. Un silence certes bref mais pesant.

« Mais qu'est ce que ça peut vous faire ? s'emporta brusquement Mathilde. Ça ne vous regarde pas ! Et on ne se cachera pas parce que certaines personnes peuvent se sentir mal à cause de leurs préjugés à la con ou de leur manque de confiance !

- Mathilde calme to...

- Non ! Je vous croyais différent. Vous m'avez aidé à être moi-même, et maintenant, vous me dites de me cacher des autres ? Vous savez quoi ? Vous êtes pathétique.

Et elle s'en alla sans un regard en arrière. M. Rousseau se tourna alors vers Iris.

« Iris, je te fais confiance. Il n'y a pas que de la bienveillance partout, donc soit très prudente. Je ne veux pas qu'il vous arrive quoi que ce soit... »

Alors, la jeune fille vit autre chose dans les yeux du professeur. Des yeux doux, presque désespérés... Il la congédia. Il la voit comme sa fille ? C'était évident. Une fois dans le couloir, Iris était partagée, mais elle était sûre d'une chose: elle n'en parlerait pas à Amélie de suite.

Amour de classeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant