Amour de classe

Chapitre 9

Jeudi matin. Iris se lève. Sa mère est déjà partie travailler à la boutique de vêtements. Comme d'hab. Iris s'habille. Elle prend son petit déjeuner. Elle descend. Elle traverse la rue. Elle remonte l'allée, passe devant la boulangerie qui vend des chocolatines, continue. Elle marche encore 10 minutes, arrive au lycée, traverse la cour, se trompe de salle, cherche la sienne, rentre, s'installe. Mathilde la voit.

- Ça va ?

- Oui.

Fin de la discussion. Le reste de la journée a continué. Cours, pause, Clément, Mathilde, cours, midi, cours, cours, cours, cours.

Quand Iris est rentrée, elle n'en pouvait plus. Allez, devoirs, manger, douche, dormir.

Message de Mathilde: "t sûre que ça va?"

Non.

Message de Mathilde: "Réponds moi"

Pas maintenant.

Mathilde: "Iris.. qu'est ce qu'il se passe ?"

Mais laissez moi, laissez moi tous !

...

Appel entrant.

Mathilde.

Téléphone éteint.

Iris s'endort.

Le lendemain matin, le réveil sonna pendant plusieurs longues minutes. Iris ne voulait pas se lever. Elle ne voulait rien faire. On était vendredi. Vendredi 3 Décembre. Seulement...

Il était 7h20. Elle se leva enfin, prit un tee chirt noir au hasard, un vieux jean à sa mère, et une chemise à carreaux verts que Mathilde lui avait offerte, et alluma la machine à café.

7h35, trop tard pour un café... Elle fit son sac, et partit. Elle passa devant sa mère, avachie sur le canapé, profitant de quelques heures de sommeil, et continua vers la porte.

- Bonne journée ma chérie...

- Mh.

La porte claqua.

Une fois dans le lycée, elle se précipita vers sa salle de classe, écouteurs dans les oreilles en attendant la prof de maths. Mathilde s'approche, elle l'ignore. Mathilde lui demande si ça va, elle l'ignore. La prof de maths arrive, elle s'engouffre à l'intérieur de la salle toujours murée dans son silence. Le cours passe. C'est l'heure de la pause. Elle sort. Elle traverse la cour. Elle veut partir le plus loin possible, partir à l'autre bout du monde, loin de tout. Elle avance. Elle ne s'arrête pas. Elle accélère. Elle ne voit rien. Un choc.

- Tu pourrais faire gaffe un peu !

- Désolée, souffle-t-elle.

Elle allait continuer, mais continuer où ? Même elle l'ignorait. La voix reprend.

- Aaah mais c'est toi

Iris regarde autour d'elle. C'est Amélie. Évidemment il fallait que ce soit elle... Un petit groupe de personnes à côté les regardait curieusement.

- Bah alors qu'est ce qu'il t'arrive ? Je te vois plus en ce moment. dit la jeune fille d'un ton faussement intéressé.

- Rien, ça va

La réponse sonnait plus violente qu'elle ne le voulait. Elle voulait juste partir. Putain laisse moi tranquille. Amélie enchaîna néanmoins.

- Ah bon ? Tu t'es disputée avec ta copine ?

- Non c'est pas ç...

Iris s'arrêta. Tout allait si vite dans sa tête. Elle sait...

- Qu'est ce que tu viens de dire ?

Tout le monde les regardait.

- J'ai demandé si ça avait un rapport avec ta copine. répondit Amélie un sourire narquois aux lèvres

- De qui tu parles ? demanda faussement Iris, tremblante.

Son cœur battait à tout rompre. Le visage de son "amie" affichait un sourire radieux, ravi de voir la peur dans ses yeux. Amélie articulait lentement, comme si elle savourait chaque phrase trop longtemps retenue.

- Bah alors ? Qu'est ce qu'il se passe ? Tu me parlais plus depuis des semaines, j'ai bien cru que tu m'avais remplacée... Tu passais ton temps avec cette meuf là... Mathilde. Puis j'ai vite compris quand je vous ai vues vous rouler une pelle à la sortie du lycée.

- Je vois pas de quoi tu parles...

Iris avait les larmes aux yeux. Pas maintenant... Les gens autour se regroupaient, curieux de ce qu'il se passait. Il fallait agir avant que les autres ne sachent, avant qu'elle ne le dise...

- Je comprends pas de quoi tu parles, on se parle vite fait avec Mathilde, c'est une meuf normale, je m'en fous moi ! On est juste à côté à certains cours et basta. Putain mais qu'est ce que tu pensais ? Que j'étais lesbienne ? T'es tarée t'as pas honte ? C'est juste un délire il y a jamais rien eu.

Iris avait parlé vite, sans s'arrêter, les larmes aux yeux. Elle savait que ce n'était pas convainquant et que ses pleurs trahissaient son discours. Amélie affichait un sourire étincelant... Elle avait eu ce qu'elle voulait. Iris ne pouvait imaginer. En se retournant, pour aller en cours, des yeux verts la fixaient, humides. Mathilde la regardait. La commissure de ses lèvres se courbait dans cette mou que l'on déteste voir, sa lèvre inférieure tremblait, mais aucune larme ne coula. Juste un dégoût. Un dégoût dans le regard, dans son corps entier, à la vue de sa copine qui comprenait alors l'ampleur de sa connerie. Putain de débile mais pourquoi ? Pourquoi j'ai dit ça ? Pourquoi j'ai aussi honte ?

Tout alla si vite. Elle ne contrôlait plus rien. Que des souvenirs par bribes. Le rire insupportable d'Amélie, Mathilde qui part en courant, la colère qui monte, qui monte, qui monte. Elle voyait flou. des cris autour d'elles. Des coups. Des pleurs. Puis plus rien.