Chapitre Un

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Je déteste mon père ! Je sais, je ne devrais pas dire ça

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Je déteste mon père ! Je sais, je ne devrais pas dire ça. C'est mon père, on n'en a qu'un blablabla...

Mais alors que mon regard se pose de nouveau sur le visage de ma mère, je vois la peau de son cou commencer à virer au bleu, suite de l'étranglement que mon père lui a fait hier,je ne peux que le penser sincèrement.
J'observe son profil, elle me paraît si fragile.
Je le déteste et parfois, il m'arrive de la détester elle aussi. Détester le fait que malgré les coups, elle reste auprès de lui. Je ne compte plus le nombre de fois, où je l'ai suppliée de partir. De nous emmener toutes les deux loin de lui, mais non, elle n'a jamais eu le courage de le faire. Avec le temps, j'ai fini par la supplier de moins en moins, jusqu'à me résigner complètement . Elle ne partira jamais, parce que malgré tout ce qu'il peut lui infliger, elle l'aime. L'amour ! Quel drôle de sentiment quand on voit jusqu'où il peut pousser certaines personnes.

Les films ou les livres, nous dépeignent souvent l'amour comme la plus belle chose au monde, nous vendent des histoires magiques, pleines de niaiseries et de romantisme. Mais moi la seule chose que je connais de l'amour, c'est ce que mes parents m'en montrent. Un amour destructeur et violent pour lui, et un amour inconditionnel, douloureux et nocif pour elle.
Autant dire, que ce n'est pas le meilleur exemple, pour se construire une image de l'amour.
J'ai eu vingt ans, il y a deux jours, je suis née le 30 novembre 1996. Je n'ai eu aucun cadeau d'anniversaire, alors je ne sais pas si ça compte vraiment. Vingt ans, sans amis et je ne suis jamais tombé amoureuse... triste vous me direz ? Pas pour moi. Je pense que cela me fait peur. Peur de ne pas savoir aimer correctement. Peur du pouvoir que l'on détient sur l'autre lorsqu'il vous aime. Je ne veux pas devenir comme elle, et pardonner l'impardonnable. Surtout, je ne veux pas devenir comme lui, briser quelqu'un jour après jour, année après année.
Je ne suis pas non plus une vierge effarouchée, je suis sortie avec quelques garçons, que j'utilise pour oublier ma vie merdique, et eux, m'utilisent pour d'autres raisons. Chacun y trouve son compte et aucun ne m'a jamais donné envie de plus. Aucun, ne m'a jamais coupé le souffle !
Ma grand-mère disait toujours

《 - cherche le garçon qui te coupera le souffle chaque fois que tu croiseras son regard ! Car c'est en ressentant ça, que tu sauras que tu l'as enfin trouvé . 》

Et moi je lui répondais :

《 - trouvé quoi mamie ? 》
《 - Le bon, chérie. Celui qui t'est destiné. Ta mère n'a jamais suivi mon conseil et regarde ou cela l'a menée. 》

Je ne pense pas qu'elle ait compris, à quel point ses mots m'ont marqués, à quel point moi je voulais suivre son conseil pour ne jamais finir comme ma mère!

Je revois son visage si triste quand elle en parlait. Ma grand-mère ne connaissait, qu'une infime partie de ce qui se passait réellement chez nous. Elle voyait simplement comment mon père, traitait ma mère avec dédain, ou comment il avait tendance à la rabaisser en public. Cela lui faisait déjà beaucoup de peine. Je ne crois pas qu'elle aurait pu supporter la vérité.

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