Chapitre Trois

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La tête appuyée sur la vitre arrière, je ferme les yeux en espérant chasser ma rage. Mais telle une plante vénéneuse, elle continue de ramper sur mon corps, faisant trembler mes mains. Je sers les poings si fort que je sens mes ongles entailler ma paume. si c'est le prix à payer pour arriver à contenir le flot d'insultes et de reproches, qui ne demande qu'à se déverser par torrent de ma bouche alors, j'accueille la douleur comme une amie. Je sais très bien que si je parle, c'est elle qui prendra les coups plus tard. Soirée de merde... Je haï ces dîners mondains, ou mon géniteur aime nous traîner. Déjà que devoir jouer la parfaite petite famille me fais gerber, mais le faire pour que lui se fasse bien voir, ça me tue!

Dire que ma mère vit depuis vingt- cinq ans avec cette tumeur. C'est ce qu'il est! Une tumeur qui bousille tout sur son passage. Pourtant, c'est finalement un cancer qui va la tuer. Ironique, dirait-on ? Mais malgré la peine, que je ressens à l'idée de la perdre, je sais aussi que grâce à sa mort, je serai libre. Plus rien ne me retiendra dans cette ville, et il n'aura plus aucun moyen de pression sur moi. Il ne pourra plus l'utiliser pour me contrôler. Alors je sais que c'est dégueulasse de dire ça, et que je suis monstrueuse de le ressentir, mais je suis soulagée qu'elle soit condamnée.
Voilà, j'ai osé le penser ! Je serre la mâchoire pendant que la culpabilité envahie mon cœur. Comment peut-on être soulagé de savoir, que sa mère va mourir dans moins un an ? Une moue de dégoût sur le visage, je pousse un grognement d'exaspération, à l'encontre de mes pensées qui comme à leur habitude, ne peuvent pas me laisser en paix. Depuis deux ans, James, ouais James ! Le mot papa n'a plus franchi mes lèvres depuis mes dix ans. Monsieur, est devenu le maire de cette ville de merde. Comment les gens ont pu voter pour cette ordure ? Ha oui, je sais, parce qu'ils ne savent pas que c'est un monstre. Parce qu'ils ne voient pas derrière l'image, du parfait mari et du parfait père , qu'il fait semblant d'être. Le pire, c'est que c'est en partie de ma faute, mais surtout celle de ma mère. Bientôt, cela va changer ! Quel pied cela va être de montrer son vrai visage à la face du monde. Je sens un sourire se dessiner sur mon visage rien que d'y penser, mais je le chasse par une moue de dégoût. Bien que je rêve depuis des années, de pouvoir enfin me barrer et l'envoyer au diable, je sais que si cela sera possible dans moins un an, c'est seulement parce qu'elle ne sera plus là.

Il y a six mois, les médecins ont diagnostiqué un cancer à ma mère. Un cancer en phase terminale, qui lui laissait moins de dix-huit mois à vivre, en étant optimiste selon leurs dires.

C'était il y a six mois, alors maintenant le compte à rebours est plus près de douze mois. Douze mois pendant lesquels elle va souffrir, dépérir et finir par mourir. Un cancer qui aurait pu être soigné à temps, si seulement James l'avait emmené voir un médecin. Mais bon ce n'est pas évident d'arrêter de battre sa femme quelque temps, pour qu'elle puisse laisser un médecin l'examiner, sans voir de trace de coup. Je soupire bruyamment, ce qui malheureusement fait lever les yeux de mon géniteur.

Il me fixe à travers le rétroviseur de sa nouvelle jaguar flambant neuf, qu'il a acheté pour impressionner le petit peuple comme il aime le dire. Pfff, mais quel abruti !

« - Un problème Lana ? »
Un problème Lana ?
Pourquoi ? Pourquoi, il faut toujours qu'il cherche à me provoquer. Qu'il essaye de me faire sortir de mes gonds.

« - Passer la soirée à faire la gueule devant tout le Conseil municipal, ne t'a pas suffit ? Tu n'es pas foutue de fournir un effort une seule soirée ? »
Non, mais la blague. Des efforts, j'en fais tous les jours pour ne pas le tuer au détour d'un couloir. Il ne doit sa survie, qu'au fait que je ne veux pas finir ma vie en taule pour lui. Même dans la mort, cela lui donnerait encore du pouvoir sur moi et ça, il n'en est pas question.

« - J'étais là, c'était ça le deal ! Être présente à ta foutue soirée, non ? Alors lâche moi. »

Je sais que je n'aurai pas dû répondre, je n'aurai pas dû rentrer dans son jeu, mais comme d'habitude , je ne sais pas la fermer.

« - non le deal, c'était de montrer que l'on est une famille. Sourire aux gens et parler avec eux ! Ne pas se terrer dans un coin en fusillant tout le monde du regard ! »

» - pas tout le monde, juste toi ! »

Je vois le visage de ma mère se tourner vers moi , et me supplier du regard d'arrêter là. Mais je n'y peux rien, la voir, ce soir, si faible et fatiguée , pendant que James l'a traînée d'invité en invité, sans même se rendre compte qu'elle tremblait de fatigue. Ça m'a rendu dingue. Je suis sûre qu'il n'a même pas vu dans quel état elle est ! Non, parce qu'il s'en fout. Elle va mourir dans la souffrance, et il ne lui accorde pas un seul signe de compassion. Ça , il ne peut pas le lui donner, il en est incapable, car seul James, importe à James.

« - Tu n'es qu'une gamine égoïste, qui ne fera jamais rien de sa vie Lana ! Tu finiras comme ta mère. »

Il se met à rire et moi, je le déteste, je le déteste tellement.

« - Moi, je suis égoïste ? C'est hôpital qui se fout de la charité ! Regarde là, elle a vomi toute la journée à cause de la chimio et toi, tu la traînes à une fête. Tout ça pour montrer ta femme malade et attirer la sympathie des gens, tu me dégoûtes ! »
J'ai la haine, j'ai envie de le frapper, j'étouffe dans cette voiture assise derrière lui.

« - Ne me parle pas sur ce ton, je suis ton père ! »

» - mon père ? Non, tu n'es rien ! Si tu savais comme j'aimerais que tu crèves à sa place ! »

J'ai prié pendant des années, le soir en pleurant dans mon lit sans jamais aucune réponse... Mais apparemment, ce soir, il m'a entendu.J'ai à peine le temps de distinguer des phares sur ma gauche, que je sens le choc se rependre dans tout mon corps. Dieu a enfin répondu à mon souhait...








Un pas à la fois...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant