ℭ𝔥𝔞𝔭𝔱𝔢𝔯 𝔱𝔴𝔬

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𝙼𝚊𝚍𝚎𝚕𝚢𝚗𝚎 


Budapest, Hongrie

17:15


Lorsque l'arc-en-ciel disparaît, je prends conscience de la position délicate dans laquelle je suis.

Plaquée contre le torse d'un inconnu. Son souffle chaud caresse ma nuque tandis que ses mains m'apportent un certain réconfort dans ce moment aussi étrange que silencieux.

C'est comme si nous étions dans une phase intemporelle, coupés du monde. Je me demande pourquoi il n'est pas parti et ce qu'il attend pour réagir. Je souhaite me retourner, mais ses bras se resserrent sur moi et m'intiment de ne pas bouger.

J'aimerais outrepasser sa requête silencieuse, mais voilà que Dakota et Vladimir surgissent de nulle part et se jettent sur moi. Le couple m'arrache à lui et il en profite pour prendre la poudre d'escampette. À pas de loup, comme s'il n'avait jamais été là.

Je réussis à avoir un bref aperçu de sa silhouette athlétique qui me tourne déjà le dos. Il est grand, aux alentours d'un mètre quatre-vingt-dix. Il porte un sweat à capuche gris qui m'empêche de voir la couleur de ses cheveux.

Son apparence floue renforce le mystère qui plane autour de lui.

Lorsqu'il atteint la porte, il se tourne brièvement et je ne distingue que le bas de son visage. Des lèvres fermées qui n'expriment que de la contrariété, une peau claire et une mâchoire légèrement marquée.

Qui est cet inconnu ?

J'ai un drôle de pressentiment, c'est comme si... mon instinct me hurlait que lui et moi serons amenés à nous revoir, et que les planètes s'aligneront de nouveau pour nous remettre sur le même chemin.

— Madelyne, m'interpelle Dakota en poussant un long soupir. Que faisais-tu ici ? Tu vas attraper froid...

Elle fait passer ses doigts sur mon front et balaie les cheveux de mon visage. Son mari et elle m'aident à me relever. Je ne dis rien, soudain perdue et mal à l'aise.

— Je ne veux même pas savoir ce que tu fichais avec cet inconnu, mais je te conseille de ne plus recommencer, gronde Vladimir d'un ton grave et empli d'inquiétude. C'est inconscient.

— Vlad, elle vient de perdre son père, lui rappelle Dakota. Sois doux.

Il pousse un râle de mécontentement et nous conduit à la cafétéria. On me commande un chocolat chaud alors que je me positionne face à eux. J'ai l'impression d'être une marionnette désarticulée qu'on guide comme bon nous semble.

Une fois nos boissons servies, j'ose planter mon regard dans leur direction.

— On est quel jour ? demandé-je, anxieuse.

— Mardi.

— Mardi... combien ?

Ils échangent un regard similaire à celui de tout à l'heure, ce qui m'agace. Je me détourne et commence à triturer nerveusement mes doigts.

Je suis sur le qui-vive et ne sais trop comment me comporter. Je n'ai plus aucun repère. J'ai juste l'impression d'être dans un mauvais rêve. Alors j'attends patiemment de me réveiller, mais cela s'éternise.

Je tire sur mes manches et gigote sur ma chaise. Je tente de scotcher mon attention à l'infirmière qui aide son patient à manger sa compote. Rien n'y fait. Je n'arrive pas à calmer l'inquiétude et les chamboulements qui s'installent en moi.

HEARTBREAKEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant