HEARTBREAKER

ℭ𝔥𝔞𝔭𝔱𝔢𝔯 𝔱𝔥𝔯𝔢𝔢

𝙼𝚊𝚍𝚎𝚕𝚢𝚗𝚎

Ghostprowl, Écosse

16:29

Au milieu de nulle part, c'est là où je me trouve.

Un grand manoir se dresse devant nous, au bout d'un long chemin sinueux. Ses façades d'un gris charbonneux absorbent toute la lumière, répercutant autour de nous la noirceur des secrets perdus dans le temps.

Aucune lumière transparaît, pas même à travers le vitrage à petits carreaux qui décore la bâtisse. Le vent s'infiltre dans les ouvertures, créant un sifflement persistant qui fait surgir l'inquiétude en moi.

Des arbres aux branches délaissées par leurs feuilles qui s'échouent sur le sol, entourent les lieux et créent une atmosphère pesante et angoissante. Celles-ci craquent sous nos pas.

Je me sens mal à l'aise ici, presque oppressée.

Je ne peux empêcher mon corps de réagir avec instinct et d'enrouler mes bras autour de moi pour me rassurer. Je reste aux aguets et perçois chaque mouvement du coin de l'œil.

Une main se pose sur mon épaule et je sursaute.

— Hey, ce n'est que moi, tente de me rassurer Dakota.

Et c'est déjà trop.

Un homme se trouve en bas des marches et nous adresse un sourire chaleureux lorsque nous nous approchons. Il récupère la petite valise que je tiens en main sans un mot et m'invite à le suivre.

Elle ne contient pas grand-chose si ce n'est mes vieux bouquins, mon baladeur et quelques vêtements. Je n'ai pas encore eu l'occasion, ou du moins la force, de retourner à l'appartement. Et puis je n'ai pas envie, ce serait dire adieu à ma vie d'avant.

— Nous te laissons prendre tes marques. Charles, notre majordome, va te présenter les lieux, m'indique Dakota. Nous avons un rendez-vous pour les affaires, mais si tout va bien, nous serons rentrés pour le dîner.

Je hoche la tête, n'ayant pas vraiment quelque chose à ajouter. Je suis consciente que le couple Costner prend sur lui pour m'épauler au mieux, mais je ne suis pas d'humeur. Être ici est déjà une épreuve.

Ainsi, je me contente de lui tourner le dos et de m'engouffrer entre les murs de sa demeure.

Lorsque je franchis l'imposante porte en chêne, la première chose que je remarque est la superficie du hall. Au centre se trouve un imposant escalier qui mène aux différents étages. Je sens déjà que je vais me faire les pires scénarios imaginables la nuit.

Cet endroit est parfait pour un tournage de film d'horreur. Et je dois dire que même si j'adore les regarder, je préfère limiter l'apparition des psychopathes aux téléviseurs.

— Vous avez fait un bon voyage, mademoiselle ?

Ledit Charles tente de débuter un semblant de conversation, mais je réduis ses efforts à néant. Obstinée à écarter toute personne de mon chemin.

— Bien, je vous remercie.

Il semble lire le détachement dans ma voix car il me présente son dos et monte l'escalier sans demander son reste. Au second étage, nous empruntons un couloir exigu dont le parquet ne cesse de grincer. C'est clair, ce n'est pas la nuit que je m'aventurerais sur ces terres.