Souvenirs d'enfance - Saint Seiya

Hyoga X Isaac

Le vent soufflait. La neige tombait. Une tempête se préparait.
Et, deux enfants, plus ou moins apeurés, tous les deux dans le même grand lit chargé de couverture plus chaudes les unes que les autres, se regardaient avec crainte. Se posant la même question : survivraient-ils à cette nuit ?
Pourtant, ils savaient qu'ils ne devaient pas douter. Leur maître était là, veillant sur eux malgré ses airs distants. La maison était là, les protégeant des fortes rafales et du froid. Et eux mêmes, apprentis Chevaliers, devaient connaître suffisamment leur environnement pour ne pas céder à la peur.
Pour autant, tous les deux, allongés face à face entre ces vastes draps, ne pouvaient s'empêcher de s'envoyer des regards inquiets. Ils n'avaient jamais vécu de tempête aussi forte ; tellement forte que leur maître leur avait accordé la journée, expliquant qu'il était trop dangereux pour eux d'aller dehors. Et pourtant, Camus était sorti par cette même porte, et depuis, n'était plus rentré, ce qui ne pouvait que les effrayer.

- Maître Camus va revenir, hein ? Demanda Hyoga, qui semblait faire de véritables efforts pour ne pas céder aux pleurs.

- Mais oui, ne t'en fais pas. C'est un Chevalier d'Or, quand même ! Essaya de le rassurer Isaak, combien même il n'était pas sûr de lui.

Il n'y avait jamais eu d'événements de cette envergure, même quand il était le seul apprenti. Et son maître n'était jamais parti aussi longtemps. Seulement, malgré sa propre terreur, il se devait de résister. De ne pas céder à ses émotions. Il était un futur Chevalier des Glaces, lui ! Et au-delà de ça, il ne voulait pas que son ami ait peur. Il ne voulait pas le voir pleurer. Il ne voulait que voir son sourire timide, et ses yeux non pas brillant de larme, mais impressionné par ce dont l'aîné était capable.

Il voulait que l'autre aille bien.

Alors il prenait sur lui. Et essaya, pendant de longues minutes, de le rassurer, de sa faible voix d'enfant, face aux bruits sourds qu'ils pouvaient entendre. Il avait tout essayé pour le calmer : des poèmes qu'ils avaient dû réciter, des blagues qui d'ordinaire les faisaient rire, et il avait même été jusqu'à lui raconter l'histoire improbable d'un groupe d'hommes qui était entré dans un volcan pour aller au centre de la Terre !
Mais cela n'avait pas suffit à calmer la crainte. À calmer les tremblements du plus jeune. À calmer cette respiration saccadée et ces yeux qui le regardaient afin de trouver de l'aide.
Et alors qu'Isaak venait de commencer à chanter leur chanson préférée, un bruit fort, un éclat, un fracas ! Se fit tout à coup entendre, plongeant le blond dans une panique dès plus profonde. Lui rappelant le bruit qu'avait fait un certain navire, avant de sombrer. Lui rappelant une partie de sa vie qui le hantait, qu'il ne pouvait oublier.
Les larmes finirent par couler. Sa respiration finit par se bloquer. Ses yeux finirent par se brouiller. Et il finit par penser qu'il allait lui-même y passer, incapable de soumettre ses émotions à sa volonté.
Mais c'est ainsi, dans cet état d'anxiété, qu'il sentit deux bras chauds l'entourer. Un torse sur lequel reposait maintenant sa tête. Et une petite main hésitante, dans ses cheveux, dans un geste d'apaisement. Il releva les yeux, un peu moins embrumés, et rencontra deux iris vertes algues qui le fixaient avec inquiétude.

- Tout va bien se passer. Tout va bien se passer, Hyoga, je te le promets. C'est simplement les réserves de bois qui ont dû tomber. Rien de plus. Tout va bien. C'est promis.

Et une voix, qui répétait sans cesse ces mêmes mots réconfortants. Qui cette fois ci, combinés à leur étreinte, réussit à calmer ses pleurs. Calmer ses peurs. Avant qu'il ne finisse par s'endormir, au son de cette voix calme et à la chaleur de ce geste enfantin rempli de douceur.
Avant qu'il ne finisse par s'endormir, avec l'idée que demain, après demain, et tous les autres jours de sa vie, il pourra se réveiller entre les bras assurés de son ami, et qu'ils seront heureux pour toujours, ensemble à jamais, pour lutter contre les méchants comme des vrais Chevaliers. Ou contre les violentes tempêtes de neige...