Ikki X Esméralda

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Le soleil était présent, comme habituellement sur la côte grecque. Mais loin de fuir la chaleur qu'il produisait, un oiseau de feu se baladait à travers les colonnes et ruines des anciens temples de pierres blanches. Et lorsqu'enfin, il stoppa sa marche, Ikki se laissa tomber en arrière, s'allongea, et ferma les yeux, se rappelant comme bien souvent, de ces tendres jours...

Il faisait chaud. Bien trop chaud, selon lui. Il y avait du soleil. Beaucoup trop de soleil. Le sol était rocailleux, dur, les gens effacés, apathiques, mais son sourire, son si doux sourire à elle, suffisait à lui faire oublier tout ça.
Sa pierre précieuse, son ange à lui, dans l'Enfer dans lequel ils vivaient. Esméralda. Son Esméralda.
Ses yeux émeraudes qui se posaient sur lui, et le regardaient avec tant d'attention et d'amour. Ses mèches de cheveux ors qui volaient au vent, obstruant par moment sa vision. Son petit nez rond, ses lèvres parfaitement symétriques, sa peau de porcelaine, son allure de poupée. Sa poupée, dans ce monde de pierre.
Elle lui parlait, et aussitôt son cœur était apaisé. Elle se mettait à chanter, et c'est la nature entière qui remerciait les Dieux d'avoir envoyé cette humaine fouler ces terres. Elle lui souriait, et il se sentait devenir aussi petit qu'une fourmi, mais sa détermination, elle, ne faisait qu'augmenter. Se battre, oui. Pour la protéger.
Pour protéger ce rêve, cette vision, de cette jeune fille s'émerveillant d'une simple fleurs sur le volcan. Protéger cette enfant dont la gentillesse dépassait les limites du possible, protéger cette jeune nymphe, et ce regard d'affection qu'elle lui portait.
Il aurait tout fait pour elle ; et elle le lui rendait, à chaque attention qu'elle lui donnait, à chaque fin d'entraînement où elle risquait sa vie pour venir le guérir. Et justement, ce sont ces moments de tendresse là qui l'ont sauvé.
Quand elle le soignait, qu'elle passait sur ses plaies ouvertes ce simple chiffon de chanfre, essayant tant bien que mal d'y chasser les marques et la douleur. Quand elle lui parlait, lui redonnait confiance, lui redonnait l'espoir qu'un jour, ils pourront fuir tous les deux loin, très loin de ces terres, et enfin vivre en paix. Quand elle lui expliquait, de sa voix douce et calme, toute son admiration pour lui, pour sa grandeur, et que ces simples mots suffisaient à ce qu'il ne sombre pas.
Malgré la chaleur, malgré la douleur, malgré les problèmes, dans ces moments là, ils étaient heureux. Ensemble. Et à cette époque, ils pensaient que rien ne pourrait les séparer. Ils n'avaient plus rien à perdre ; si ce n'est ces moments précieux qui n'appartenaient qu'à eux deux.

Mais alors, leur crainte finit par se réaliser : et ils furent séparés, après six longues années passées à leurs côtés. La jeune fille, par sa faute, perdit la vie. Sa poupée, à cause de lui, rendit son dernier souffle.
Il s'en est voulu ; et sans elle, il sauta à pieds joints dans le gouffre de la haine. Et réussit à n'en sortir qu'après toutes les mains tendues de ses amis et de son frère. Mais malgré cela, malgré la fin des combats, malgré la fin des Guerres... Aucune main n'avait la chaleur de la sienne. Aucune main n'avait sa douceur, bien que son frère s'en rapproche. Aucune main n'était assez blanche, assez tendre, assez conciliante. Aucune main ne lui semblait être fragile, lisse, comme l'étaient les siennes, et lui donnait l'envie de se battre pour les protéger.

Ikki, les yeux fermés, souria. Même avec les années, il n'avait rien oublié. Il ne pouvait se défaire de son image, de cette jeune fille venue d'un autre monde pour le sauver. Et même si elle n'avait pas été ramené, il ne ressentait pas une peine immense. Car il savait.
Il savait qu'elle serait toujours à ses côtés. Il savait qu'elle continuerait à vivre. Dans sa mémoire. Dans ses pensées. Et dans son cœur, celui du Phénix qui a enfin réussi à prendre son envol.

Souvenirs d'enfance - Saint SeiyaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant