chapitre vingt-huit

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IV/DÉCISION
Philadelphie, 16h13
R O B I N

" Mille feuilles tombèrent,
La saison de la sagesse eut débutée.
De nombreuses fleurs fanèrent,
Mais qu'importe, ce n'était plus l'été.
Craque, craque sous la colère de ses pas.
Ô grande bonté, qui songera à la relever ?
Usée jusqu'à termes comme un vulgaire appât,
Personne ne s'en souciait car je ne fus qu'un iris écrasé. "

Ma mère aimait ce poème. Elle l'aimait tant qu'elle le vivait. En fait, ce poème narrait sa propre vie. Une vie regrettable et éphémère... Tout comme la mienne.
En relisant ces mots, les sanglots ne purent s'empêcher de se faire entendre. Ternie dans ma cuisine, je me recroquevillais sur moi-même, tenant en mains les derniers mots rédigés de ma génitrice. Je n'avais plus rien. Je n'étais plus rien. Mon existence était vaine ? Qu'avais-je donc fait à ce monde pour que l'on m'ôte les personnes qui m'étaient chères ?

Des larmes, encore des larmes. Non. Rien ne coulait. Il y eut simplement un manque d'air, un besoin pressant de respirer, une envie de m'évader. Maman... Je ne voyais plus le bout, cette boucle ne cessait de se répéter, j'en souffrais tellement. Par pitié, il eut fallût que cela cesse, je ne pouvais plus continuer ainsi, mes peines n'avaient que trop durer, je détestais le fait d'être impuissante. Je me détestais...

—« Robin ? intervînt une voix grave.

Ma porte d'entrée était restée ouverte, probablement à cause de la détresse. Je m'en voulais pour ça. Je m'en voulais pour tout. Éprise d'un énorme manque de courage, je vins me saisir de la seule arme présente à mes côtés : une vulgaire fourchette.

Ses pas se rapprochèrent. De l'entrée au salon, du salon au couloir, du couloir à la cuisine... Il était là, tout prêt. Jarek s'approchait.

Il venait tout juste de passer le seuil de l'encadrement de la porte. Face à moi, je pus voir son visage. Un visage neutre comme à son habitude. Un visage que j'haïssais du plus haut point.

— Qu'est-ce que tu viens foutre chez moi ? demandais-je d'un air menaçant.

— Je suis venu pour m'assurer que tout allait bien, à priori ce n'est pas le cas, répondît-il en me regardant de haut.

— Évidemment que ce n'est pas le cas.

Cet homme n'avait vraiment aucune empathie. Il me débectait de plus en plus.

D'un pas assuré, il s'approchait de moi, tentant sûrement de jouer un rôle se voulant être protecteur. Mais je connaissais ce vice.
Désormais accroupi face à moi, il tentait de me retirer la fourchette des mains, seulement, je contrais sa poigne d'un geste brusque, blessant au passage sa joue droite avec mon arme.

— Je t'interdis de me toucher. Tu n'es qu'un...

— Que suis-je Miller ? demandait-il en essuyant le sang qui s'écoulait de sa joue.

Les mots ne sortaient pas de ma bouche. Il se tenait là face à moi et je ne pus rien faire. Jarek se tenait face à moi. Le meurtrier de Philadelphie se tenait face à moi.

— Tu n'es qu'un meurtrier, voilà ce que tu es.

Il ne démentait pas mes dires. En fait, il ne disait rien. Il se contentait simplement de me regarder droit dans les yeux, un regard bien profond... Je détestais ce regard. Sans prendre conscience de mon acte, je pris ma fourchette en main, me jetant alors sur Jarek. Déterminée, je me trouvais alors au dessus de lui, assise sur son torse, étant prête à lui faire payer son dernier acte que fût l'assassinat de ma mère.

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