Le Cinquième As

Chapitre 2

 Le lendemain, c'est avec la boule au ventre que Rebecca se réveilla. Elle se prépara tout en se répétant des paroles rassurantes. Et c'est après un énième soupir qu'elle sortit de chez elle pour se rendre au siège de Johnson Corporation.

Le siège de l'entreprise se situait au cœur du quartier économique de New-York. C'était un gigantesque building, le plus grand et le plus moderne de tous.

Impossible, donc, de se tromper de bâtiment. De plus, une énorme enseigne lumineuse et d'aspect luxueux était posée au milieu de la façade du bâtiment.

Un tapis rouge était déroulé devant l'entrée principale de la société et quatre agents de sécurité équipés d'oreillettes radio, de lunettes de soleil et vêtus d'un costard-cravate noir surveillaient cette entrée.

Rebecca s'approcha de l'entrée et les agents l'arrêtèrent pour lui demander de présenter son passeport.

Une fois fait, elle entra dans ce building monumental. L'accueil était digne d'un bâtiment de cette envergure. Le sol et les murs étaient faits de marbre, le comptoir gigantesque permettait à quatre secrétaires de travailler en même temps. L'inscription « Johnson Corporation » figurait sur celui-ci et Rebecca aurait pu jurer qu'elle était faite en or véritable.

Des canapés et des tables basses dignes des plus grandes villas américaines étaient disposés des deux côtés de la pièce et les ascenseurs dorés donnaient l'impression qu'il s'agissait d'un palais royal. Même les deux roses placées aux bords du comptoir semblaient hors de prix.

Une des secrétaires leva la tête et repéra Rebecca, son chignon blond lui donnait un air sérieux mais le sourire qu'elle adressa à Rebecca était bienveillant.

- Bonjour, bienvenue chez Johnson Corporation ! Comment puis-je vous aider ?

La nouvelle venue s'avança donc vers l secrétaire.

- Bonjour, je suis Rebecca Wilson. Je viens pour passer le test d'entrée au sein de l'entreprise.

- Mademoiselle Wilson, je me rappelle de votre dossier ! La secrétaire afficha un grand sourire. Je suis ravie de vous rencontrer. Je m'appelle Jane et c'est moi qui suis chargée de vous accompagner jusqu'au lieu de votre examen.

Jane se leva et réajusta son tailleur noir et blanc qui n'avait aucun défaut. Elle se déplaça jusqu'à Rebecca puis lui intima de la suivre. La secrétaire se dirigea vers les ascenseurs situés quelques mètres plus loin, le bruit de ses talons aiguilles noirs accompagnant ses mouvements.

Une fois devant les ascenseurs, Rebecca remarqua qu'il y en avait cinq du côté où elle était et cinq autres à gauche derrière le comptoir. Au vu de la taille du building, ce n'était pas étonnant.

Jane rentra dans l'ascenseur le plus à droite et Rebecca la suivit. Puis, Jane appuya sur le bouton -3. Voyant le regard appuyé de Rebecca, l'employée ajouta :

- Le bureau de Monsieur Anderson, votre examinateur, se trouve au sous-sol.

Rebecca acquiesça simplement de la tête, ne sachant quoi répondre. L'ascenseur arriva assez rapidement au troisième sous-sol et Rebecca fut surprise par le changement radical d'ambiance par rapport au rez-de-chaussée. Les murs étaient en béton brut, les couloirs plutôt étroits bien que très longs et de nombreuses portes en bois imposantes étaient fermées. L'atmosphère était angoissante et Rebecca regretta immédiatement l'accueil même si les décorations luxueuses lui indiquaient clairement qu'elle n'avait pas sa place là-bas.

Jane continuait de marcher dans ces longs couloirs puis s'arrêta finalement devant une double porte plus grande que les autres.

- Voilà le bureau de Monsieur Anderson. Attendez ici, il viendra vous chercher.

Rebecca lui fit un faible sourire.

- Je vais devoir vous laisser, j'ai encore du travail qui m'attend. Je vous souhaite bonne chance et j'espère vous voir bientôt parmi les employés de Johnson Corporation.

- Merci beaucoup.

Ce furent les seuls mots que put prononcer Rebecca, sa gorge étant nouée par le stress. Jane était vraiment très gentille mais il ne fallait pas se faire d'illusion, elle travaillait pour la mafia.

En parlant de mafia, Rebecca espérait de tout cœur qu'ils ne découvrent pas ses véritables intentions, sinon qui sait ce qu'adviendrait de son corps.

L'attente fut trop courte aux yeux de la candidate et c'est à reculons qu'elle rentra dans le bureau du fameux Monsieur Anderson. Elle s'aperçut qu'un garde était présent devant les portes et qu'il semblait être là depuis plusieurs heures, sous l'effet de la panique, elle ne l'avait même pas remarqué.

Le bureau d'Anderson respirait le luxe, il devait donc être important au sein de la société.

Les grandes étagères en bois et le bureau imposant donnaient l'impression d'être minuscule.

Des canapés et des fauteuils étaient disposés à gauche de la porte et invitaient à s'asseoir, mais Rebecca se doutait bien que seules les personnes importantes en avaient l'autorisation.

Un homme d'une quarantaine d'années aux cheveux courts noirs et au costume d'une marque de haute couture se tenait derrière le bureau. Il leva la tête vers Rebecca et un grand sourire fendit son visage, contrastant avec son allure chic.

- Rebecca Wilson ! Asseyez-vous donc, je vous en prie.

Ladite Rebecca prit place sur l'un des fauteuils face à son interlocuteur.

- Je dois vous avouer que j'ai été surpris par votre résultat à l'examen écrit : 96 % ! Cela faisait quelques années que nous n'avions pas eu de candidats aussi talentueux que vous !

Il leva les yeux de son dossier et les planta dans ceux de Rebecca qui lui fit un mince sourire.

- Un score aussi élevé à un âge aussi bas est très impressionnant. En général, nous faisons également passer un entretien de motivation aux candidats mais votre dossier parle de lui-même, vous êtes on ne peut plus motivée !

La candidate souffla de soulagement intérieurement, son masque ne tomberait pas, pas aujourd'hui.

- Nous pouvons donc passer à l'examen pratique sans plus tarder. Veuillez me suivre s'il vous plaît.

L'angoisse de l'examinée refit surface et elle dut prendre une trentaine de secondes pour reprendre ses esprits avant de se lever et suivre Monsieur Anderson.

Il la conduisit à travers les couloirs. Au fur et à mesure qu'ils avançaient, l'atmosphère semblait de plus en plus froide. Rebecca regretta de s'être plainte lors de son arrivée dans les sous-sols car ceux-ci n'avaient rien à voir.

L'homme d'affaires s'arrêta brusquement et Rebecca faillit le percuter. Il ouvrit une petite porte et fit signe à la jeune femme de le suivre. La pièce dans laquelle ils rentrèrent était lugubre. La lumière était artificielle mais semblait naturelle, le sol était en béton brut alors que dans les couloirs il était fait de carrelage. Une bonde était placée au milieu du sol. Rebecca fixa son attention sur celle-ci puis son regard dériva vers le fond de la pièce et un hoquet de surprise franchit la barrière de ses lèvres. 

Un homme se trouvait attaché sur une chaise avec un sac en tissu sur la tête.