Partie II

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Et ainsi de suite, les mots commencèrent à déferler de leurs deux bouches, parfois avec quelque temps de retard. Hermione se surprit à beaucoup aimer cette petite partie qui était plus instructive qu'elle ne l'aurait cru et qui lui permis même d'apprendre quelques trucs concernant les sorciers.

Des noms de créatures magiques, de plantes, d'objets auxquels elle n'avait jamais été confrontée. Elle était si bien concentrée qu'elle en oublia petit à petit la présence des garçons quelque part près d'elle, dans les airs. Ginny lui répondait, elle répliquait, elles se souriaient et riaient parfois, et avant que Hermione n'ait eut le temps de s'en rendre compte il fut bientôt l'heure de déjeuner.

- Harpie !

La brunette ouvrit la bouche, la referma et se mordilla la lèvre en réfléchissant.

« Peeves », déclara une voix grave et un souffle doux vint lui caresser le front.

Hermione rejeta sa tête en arrière, surprise, et se retrouva nez à nez -au sens propre comme au figuré- avec Fred qui la jaugea avec un brin de stupéfaction dû à sa réaction assez vive. Les joues de la jeune femme se colorèrent à cause de leur proximité soudaine et elle reprit sa position initiale avant que les lèvres du jeune homme ne lui apparaissent trop attirantes. A vrai dire il n'aurait fallu que quelques centimètres pour que leurs bouches se retrouvent collées et si elle en venait à l'amère déduction qu'elle aurait dû se pencher un peu plus en arrière pour pouvoir l'embrasser, c'était que l'heure était grave.

Pas que l'idée de donner un baiser à Fred Weasley ne la dérange, bien au contraire, mais elle doutait fortement de son comportement après ça. Déjà que ressentir quelque chose pour lui était assez déroutant...

Hermione s'était toujours préparée à tout dans la vie. Les études, l'amitié, les difficultés financières quand elle serait plus âgée, les possibles disputes avec Ron, la fin du monde si Voldemort gagnait la guerre, la fin de ladite guerre s'il la perdait, les mauvaises notes ou bonnes aux contrôles, tout.

Elle maîtrisait le sujet « ma vie » du début à la fin en passant par ses projets et ses rêves. Vestige d'une enfance très cadrée sans doute, toujours était-il qu'elle s'était préparée à tout. Sauf une chose, une toute petite chose qu'elle avait négligé parce qu'elle n'y avait jamais cru. Une chose, un mot, cinq lettres, une calamité : a-m-o-u-r.

Elle avait déjà était attirée par quelques garçons, dont Viktor Krum et même Ron, mais tomber amoureuse, ça jamais. Dans sa tête il était clair que ses études, ses amis puis sa carrière venaient en premier plan. Le reste avait été largement occulté et elle dédaignait les écervelées qui tombaient dans le panneau.

Sauf que maintenant elle en était une, d'écervelée, et qu'elle y était tombée, dans le panneau.

Si elle avait eut l'audace d'embrasser Fred pour qui elle éprouvait depuis quelques mois des sentiments trop forts à gérer, Hemione aurait perdu le contrôle de sa vie, de ses envies et d'elle-même. Pour commencer elle aurait été incapable de le regarder en face après ça, ensuite elle se serait mise à bafouiller devant lui, à rougir de plus en plus, à se montrer distraite parce qu'elle n'aurait cessé d'y penser et elle serait même allée jusqu'à lui demander de sortir avec elle. Et donc se prendre une grande claque dans la gueule parce que Fred sortait avec Angelina... Monde injuste.

- On y va ?

La question de Ginny l'arracha à ses songes et Hermione acquiesça en se mettant sur pieds. Ron, Harry et George étaient déjà sur le perron où les attendait Molly.

La jeune femme tourna la tête par réflexe vers Fred qui marchait près de Ginny et grimaça en le trouvant absolument adorable, souriant et survolté. Excessif, comme toujours, gamin, comme toujours, craquant avec ses fossettes et ses tâches de rousseur, comme toujours, ironique, comme toujours, narquois, comme toujours, et en couple, comme... comme depuis cinq mois...


Après une journée peu riche en émotion puisque passée à bouquiner sur le canapé du salon pendant que ses amis discutaient, jouaient aux échecs surtout Ron et s'échangeaient quelques potins sur des sorciers dont elle ne connaissait parfois pas le nom des amis de la famille Hermione prit place à table en compagnie de Ginny et sourit gentiment à Remus Lupin qui était venu dîner avec les Weasley.

Il avait l'air plus fatigué encore que d'habitude pourtant elle savait qu'elle n'était pas la personne à qui il rêvait de parler et laissa donc à Harry la possibilité de discuter avec lui tout en essayant de lui soutirer des informations à propos de l'avancée des choses concernant la guerre.

La brune posa un coude sur la nappe, son menton dans sa paume et ferma les yeux d'une lassitude due au manque d'activité. Lorsqu'elle les rouvrit il fallut bien évidemment qu'elle croise le regard amusé de Fred sur elle depuis l'autre bout de la table et ses yeux papillonnèrent rapidement vers d'autres lieux avant qu'elle n'ait l'envie de baver. N'empêchait qu'il la regardait, qu'il lui souriait, et que son cœur se gonflait d'une fierté qui n'avait pas lieu d'être.

Depuis quand au juste devait-elle se sentir fière d'être observée ? Décidément, ce type finirait par avoir raison d'elle et autrement que par les moqueries pour une fois. Ron lui tendit le saladier, Hermione le remercia dans un grognement qui dû en surprendre plus d'un puisque tous se tournèrent plus ou moins vers elle et elle s'affaissa sur sa chaise, honteuse.

- Miss Granger est d'humeur boudeuse aujourd'hui, s'empressa de taquiner George juste en face d'elle.

- Et puis cette façon de ronchonner n'est pas très féminine, rajouta son jumeau immédiatement.

Hermione les assassina du regard sous les rires de leurs amis et en voyant Molly les couver d'un regard où se mélangeaient réprobation et affection, un sourire mauvais s'inscrivit sur ses lèvres. Mine de rien, elle passa le saladier à Ginny et récupéra ses couverts avant de lâcher :

Au moins, et même si je te l'accorde, ce n'est pas très féminin, j'arrive à être virile, moi. »

George et Ginny ricanèrent de concert et Ron sourit en coin alors que Fred sourcillait, le haut des joues se teintant de rouge.

- Tu insinues que je ne suis pas viril ?, demanda-t-il d'un ton faussement dégagé et en persistant à sourire.

Hermione avala une feuille de salade assaisonnée, le contempla avec satisfaction et fit la moue.

- Non, pas un soupçon de virilité.

Les rires redoublèrent autour d'eux.

- Deux zéros pour 'Mione !, glapit Ron que Fred fustigea d'une œillade meurtrière.

- Et quels sont tes arguments ? interrogea George dans un soucis de défendre sa moitié vexée et aussi, très certainement, parce qu'il était identique à cette moitié et que tout ce qui s'appliquait à Fred était aussi valable pour lui.

Si Hermione disait que Fred n'était pas viril, cela voulait dire que George ne l'était pas non plus. Feignant la réflexion, ladite Hermione laissa s'écouler quelques secondes avant de reprendre la parole pour un réquisitoire qui lui ferait du bien et empêcherait, elle l'espérait, Fred continuer à se moquer d'elle jusqu'au lendemain.

Atteinte à la virilité OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant