Troisième eclipse : La voie de l'eau.

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Point de vue d'A'onung :

Cela doit faire une quinzaine de minutes que nous sommes sous l'eau maintenant, mais les enfants de la forêt sont trop lents, ils ne tiennent pas la cadence. ils sont obligés d'aller respirer hors de l'eau toutes les 30 secondes, ce qui rend l'apprentissage vraiment agaçant.

Le pire c'est Lo'ak, il croit être discret mais j'ai bien remarqué comme il regardait ma soeur, et je ne laisserai jamais un étranger approcher ma précieuse soeur; et encore moins ce skxawng. Pourtant, tu regardes Neteyam de la même manière, je dirais meme que tu le dévore des yeux. Non, avec Neteyam c'est différent, nous ne faisons que discuter. Oh tu crois ? pourtant tu n'arrète pas de regarder en arrière pour être sûr qu'il te suit toujours, qu'il est toujours à tes cotés. Quoi de plus naturel ? Dans cet océan qu'il ne connait pas il est comme un bébé qui a besoin de ma protection. S'il leur arrive quelque chose, je serais tenu pour responsable. Je te rappelle que je suis dans ta tête et que je connais les vraies raisons de ton intérêt pour ce garçon de la forêt. oh par Eywa, tais-toi !

Tsireya me fait signe de ralentir et de me tourner. Les enfants de la forêt nous demandent de nous arrêter une enième fois, je me retourne vers ma soeur :

-*qu'est-ce qui leur prend ?* (langage des signes)

-*ils doivent aller respirer. Détend-toi, ils sont en plein apprentissage*

Je lève les yeux au ciel, Tsireya nous fait signe de regagner la surface. Je la suis à contre-coeur, elle est bien trop gentille avec ce Lo'ak, et cette gamine dont j'ai oublié le nom. A peine sommes nous arrivés à la surface qu'ils se plaignent déjà.

-On arrive pas à vous suivre, on doit aller respirer régulièrement, se plaint Lo'ak.

-Oui, vous allez trop vite ! c'est trop dur ! ajoute la gamine.

-Qu'est-ce que vous croyez ? vous êtes peut-être doués pour grimper aux arbres, mais ici on est dans l'eau alors vous allez devoir apprendre à notre man-

Je suis interrompu par Tsireya qui me tape sur la tête, je lui lance un regard noir, elle me répond de la même manière puis se retourne vers les étrangers et les rassure de son regard de sainte, celui que je déteste, celui qu'elle utilise avec les parents pour ne pas se faire punir.

Neteyam sourit néanmoins à ma mauvaise blague. Je suis content qu'il ne soit pas rancunier, j'ai vraiment gaffé hier soir. Voyant que j'ai capté son attention, je lui fais une clin d'œil discret qui le fait légèrement rougir, mais il ne détourne pas les yeux...ces beaux yeux jaunes qui me rappellent la fraîcheur et l'acidité du pulpe des fruits que nous cueillons sur la cime des palmiers.

Mes pensées s'interrompent lorsqu'il prend la parole, en me regardant :

-On ne parle pas ce langage des signes que vous utilisez entre vous pour communiquer sous l'eau, dit Neteyam

Je ne peux pas m'empêcher d'admirer ses mains, ses doigts longs et fins qui s'agitent dans l'air comme des coraux d'un bleu intense. Il replonge précipitamment ses mains sous l'eau lorsqu'il remarque que je les ai fixé un peu trop longtemps. Je n'avais vraiment pas de mauvaises pensées, je trouve seulement que ses mains, ses bras, et son corps fin sont très beaux. Et pourtant, son regard franc et sa silhouette élancée montrent qu'il peut aussi faire preuve de force et de caractère, ce sont là les qualités d'un vrai guerrier...enfin je crois. Tu sembles avoir bien étudié la question A'onung.

J'essaye de capter son regard à nouveau, mais il se tourne définitivement vers ma sœur.

-Ne vous en faites pas, l'on va vous apprendre, Lui répond Tsireya avec un grand sourire, et l'on va aussi vous apprendre à retenir votre respiration sous l'eau.

Une promesse en suspens Où les histoires vivent. Découvrez maintenant