CHAPITRE 17

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WILLOW

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WILLOW


Henri stationne devant le gratte-ciel qui abrite mon appartement. Le regard perdu dans le néant, je m'enfonce dans mes pensées. La rage que j'ai ressentie quelques instants envers l'assassin d'Ellen a recouvert la peur, mais celle-ci a repris le dessus. Je n'ai aucun indice sur son identité ce qui lui donne l'ascendant total sur moi. Je hais ce sentiment... et j'ai peur de brûler vive.
Mon chauffeur m'observe dans le rétroviseur sans toutefois me faire remarquer que nous sommes arrivés. Ces derniers temps, j'ai besoin de quelques instants avant de sortir du véhicule.

Quitter le lycée pour rentrer chez moi revient à fuir ma safe place pour me jeter dans la gueule du loup et je ne sais jamais dans quelles dispositions je vais le trouver. Froid, cynique et affamé, ou indifférent. C'est encore la seconde option que je préfère. L'enfant en moi cherche toujours l'amour de son père, je ne peux pas couper ce besoin viscéral à la source, même si l'adulte en devenir sait que ça n'a aucun sens. Il ne m'aimera jamais.

Pour ça, encore faudrait‑il avoir la capacité d'aimer. C'est peut‑être la seule chose qu'il m'a transmise, cet engourdissement du cœur. Aucun garçon n'a réussi à me faire flancher, malgré mes nombreuses tentatives. La chaleur humaine de l'euphorie du désir m'est inaccessible. Le semblant de désir que j'arrive à éprouver n'a su naître que de la noirceur et de la violence.

Jaden.

Quand Maverick m'a caressée là où il n'aurait jamais dû, mon esprit m'a imposé l'image de mon souffre-douleur. L'abîmer par les mots me transcende d'un plaisir jubilatoire. C'est la seule manière pour moi de ressentir un semblant de bien-être. Je suis sacrément tordue et ça, je le dois à l'ordure qui a donné son sperme pour me procréer.

— Merci, Henri, murmuré-je distraitement.

— À demain, mademoiselle.

Je sors en claquant la portière dans mon dos, puis je pénètre l'enceinte du gratte-ciel. Les pas qui me mènent à l'ascenseur sont les plus petits que j'ai jamais faits. Chaque seconde que je ne passerai pas dans l'appartement sera une de moins dont mon père disposera pour me crucifier.

Chaque étage franchi par la cage métallique me soulève un peu plus le cœur. Les portes s'ouvrent sur le vestibule où m'accueille Anna-Beth. Elle me débarrasse de ma veste et de mes chaussures.

— Ma mère est‑elle là ? lui demandé-je en m'efforçant d'avoir l'air détaché.

Ce que je veux savoir, c'est surtout si mon père est là mais je refuse de dévoiler mes intentions alors j'emprunte des chemins de traverses pour atteindre mon but.

— Elle est sortie faire les boutiques, mademoiselle. Elle rentrera tard car elle dîne avec des amies.

Des amies ? Quelles amies ? Sûrement des camées dépendantes à l'alcool et aux anxiolytiques. Une belle brochette de ratées qui m'insuffle l'énergie de m'intéresser à mes cours, même quand mon esprit refuse de se concentrer, pour entrevoir l'espoir d'un avenir meilleur.

BELLADONNA (Dark Romance, en librairies)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant