CHAPITRE 19

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WILLOW

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WILLOW


La secrétaire à l'accueil avise ma pièce d'identité. Je viens ici toutes les semaines mais j'ai le droit à ce petit manège à chaque fois. Je crois qu'elle ne m'aime pas et prend un malin plaisir à faire semblant de ne pas me reconnaître. Tant mieux ! Je ne suis pas là pour me faire des amies.

J'attrape le crayon attaché à un socle par une chaînette et le bloc note qui traîne sur le comptoir, puis j'y inscris un numéro. Je déchire le post‑it et le tends à Isabelle la connasse. Elle l'attrape en plissant les milliers de rides qui se bousculent sur son front. Même un Bulldog ou un Shar-Peï ne pourrait pas se vanter d'une telle prouesse. Si je m'écoutais, je lui mettrais un bon coup de fer à repasser sur la tronche.

— Qu'est‑ce que c'est ? me demande-t‑elle.

— Le contact du meilleur ophtalmologiste de Manhattan. Dites-lui que vous venez de la part de Willow Montgomery. Il vous trouvera un rendez-vous en urgence.

— Je ne suis pas sûre de comprendre...

Je me penche pour lui arracher ma pièce d'identité des mains et la replacer dans mon sac.

— Il ne faut pas rester comme ça, Isabelle, minaudé-je. Il n'y a pas de honte à porter des lunettes à votre âge.

— À mon âge ? répète-t‑elle, hébétée. Quel âge croyez-vous que j'ai ?

Elle ne doit même pas avoir passé quarante ans, en dépit des rides qui la défigurent. La cigarette ne pardonne pas, surtout sur la portion de peau qui sépare les lèvres des narines. Le vieillissement des fumeurs se repère comme le nez au milieu du visage.

Comme je viens de trouver sa zone sensible, je sors l'artillerie lourde.

— Disons que vous ne devez plus vous ruiner en protections périodiques depuis un moment. La prochaine fois, j'apporterai une loupe avec ma carte.

Sans attendre de réponse de sa part, je tourne les talons pour emprunter la direction du couloir menant à l'aile ouest. L'aiguille de mes escarpins claque au sol. J'en rajoute pour produire le maximum de bruit avant de disparaître à la vue de la secrétaire. Encore une qui avait besoin d'une bonne leçon.

Le corridor est interminable. L'odeur qui m'agresse les narines est un mélange de vieux et de produits d'entretien qui donne cette atmosphère aseptisée. Mon malaise s'étire à chaque seconde supplémentaire que je passe entre ces murs. Je me fais violence car la seule personne à laquelle je tiens y vit contre son gré. Si je veux la voir, je n'ai pas le choix.

Devant la porte trois cent quatre-vingt‑un dont l'écriteau comporte un vase de jonquilles dessiné au marqueur indélébile par mes soins, je souris. Je frappe et entre après y avoir été invitée.

BELLADONNA (Dark Romance, en librairies)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant