Le Royaume perdu

8- Course poursuite

Mon trajet retour fut flou et précipité. Je ne voyais que le sol de pierre irrégulier devant moi. Les murs sombres défilaient sans que je me concentre dessus. La vision de mon petit frère, doux et inoffensif dans des cachots malveillants me donnait le tournis.
Impossible de démêler mes pensées et idées qui s'accumulaient dans mon esprit. Ménévras avait beau palabrer et faire des promesses tant qu'il le souhaitait, je savais que sa réputation ne sortait pas de nul part. Il pourrait me promettre de ne pas faire le moindre mal à mon frère en me regardant droit dans les yeux, alors même que celui ci était six pieds sous terre dans des cachots. J'étais loin d'imaginer que ma famille serait impliquée et à une telle vitesse. Je ne me trouvais dans les entrailles de ce palais que depuis quelques heures. Et j'avais acquiescé et suivi chacune de ses paroles à la lettre. Je serrai les dents et courût encore plus vite.
Je devais me rendre dans ma chambre, avant que l'armée de servantes ne reviennent. Et réfléchir sur les paroles d'Abrax. Cet inconnu était peut être ma seule chance de réussite. S'il disait vrai sur sa situation et sur son réseau de communication, je pourrais pouvoir le persuader de m'emmener hors du palais et puis m'en aller sans laisser de traces le plus loin possible. Mais un homme resté maître espion du roi Ménévras durant une décennie ne prêtait guère à la confiance. Il pouvait clamer qu'il détestait cet homme, il l'avait appelé « père adoptif ». Quel que soit leurs rapports désormais, ils avaient été plus que professionnels par le passé.

J'atteignis le palier des escaliers, hors d'haleine mais toujours affolée. Si par malheur on se rendait compte de mon absence, mon passage secret serait vite découvert et moi vite arrêtée. Mais la rapidité de ma remontée était trop belle pour être vraie. Alors que j'arrivais à la première intersection, je vis avec horreur que le cairn m'indiquant mon chemin à l'allée avait disparu. Je m'arrêtais en soufflant, et cherchait à m'orienter. Mon regard tomba sur les cailloux éparpillés au sol. Quelqu'un était venu. Et quelqu'un ne voulait pas que je retrouve mon chemin. J'eus soudain la sensation désagréable d'être épiée. Je me frottais les bras pour endiguer les frissons qui les remontaient. Et tournait sur moi-même tentant désespérément de me retrouver avec la fine lumière qui filtrait par les fissures dans les murs. Il me semblait être arrivée de la gauche, mais des doutes me prirent. La sensation reprit et je fit glisser mes poignards dans mes mains. Je me reculai contre un mur de sorte à faire face à chaque ouvertures possibles. Je scrutais la pénombre en plissant les paupières. J'étais désormais persuadée d'une présence inconnue. Celui qui avait démonté le cairn était toujours là...

- Qui est là, lançai je d'une voix forte.

- Qui aurait cru qu'une sauvageonne soit aussi débrouillarde...

La voix qui s'éleva résonna dans le passage et l'écho qui y eut me laissa le temps de l'identifier. Je me pétrifiai. La pire personne à rencontrer était en première position le roi. Et en deuxième, son fils... qui sortit de l'ombre juste devant moi. Je raffermis ma prise et mon regard afin de cacher la peur qui m'envahissait. Notre dernière confrontation c'était déroulée de manière quelque peu étrange et le caractère imprévisible du prince ne m'avais pas échappé. Il voulait certainement ma mort, et la seule chose qui l'en empêchait était son père. Or, son père n'était pas là, à cet instant présent...

- Il faut vraiment cesser de me rappeler sans cesse mes origines sociales, persiflai je entre mes dents.

Maven croisa les bras et s'appuya contre le mur. Le geste similaire à celui d'Abrax me troubla l'espace d'une seconde. Il venait du couloir de gauche. Je priai pour qu'il ne m'est pas suivit, écouté ma conversation avec le voleur dans les cachots et remonté là pour m'attendre. J'attendis, anxieuse, qu'il reprenne la paroles. Mais il restai silencieux et m'observai. Je fis un pas sur le côte pour avoir le couloir dans mon dos.