Le Trajet

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NDA : Ce texte devait à l'origine être le drabble de dimanche... mais je l'aimais trop tel quel. Je vous poste donc cette courte nouvelle pour vous faire patienter, et en espérant qu'elle vous plaise ^^

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19:05.

Émilie se mit à courir. Devant elle, à une dizaine de mètres, le train s'apprêtait à partir. Ses doigts pressèrent le bouton vert et elle s'engouffra dans un wagon. Les portes automatiques se refermèrent derrière elle et le train s'ébranla. Émilie s'assit sur un siège et abandonna son sac sur celui d'à côté, puis sa veste sur celui d'en face. Elle soupira ; il s'en était fallu de peu. Les yeux mi-clos, elle apprécia le calme. Le wagon était vide et les rangées de sièges semblaient s'étendre à l'infini. Elle tourna la tête et appuya son front contre la vitre. Le reflet la regardait droit dans les yeux et, au-delà, la nuit engloutissait le paysage. Seul le bruit de la locomotive perçait le silence. Émilie ferma les yeux et se laissa aller au sommeil. Dans quarante minutes elle serait chez elle.

Quand elle se réveilla, le train roulait toujours. L'écran n'affichait pas les prochains arrêts, comme parfois sur cette ligne peu fréquentée. Elle se rendormit.

Le train roulait encore. Mais elle ne dormait jamais longtemps dans les transports : sans doute avait-elle dormi deux fois dix minutes. Le silence se faisait lourd, elle prit ses écouteurs dans son sac et lança un morceau. La musique, trop joyeuse, la mit mal à l'aise. Cela ne correspondait pas à son humeur. Elle changea de playlist et des notes basses et lentes résonnèrent dans les écouteurs. Les yeux plongés dans le noir, elle regarda la nuit défiler sans rien y voir. Des fourmis gagnaient progressivement ses jambes ; elle finit par se lever.

Émilie se mit à déambuler dans les rangées. Il était étrange d'avancer ainsi de wagon vide en wagon vide. Et le train était long, si long, elle sentait ses jambes s'appesantir et ses pieds devenir douloureux dans ses chaussures. Elle finit par s'accorder une pause, dans un bloc de quatre sièges gris. Elle rebroussa chemin, lassée, et retomba vite sur ses affaires. Elle ferma les yeux.

L'ennui, pernicieux, s'emparait d'elle. Le train roulait toujours et son téléphone ne captait pas de réseau. Elle fouilla son sac et en extirpa un ordinateur portable. L'écran s'alluma lentement, elle entra son mot de passe et ouvrit un document vierge. Un regard à l'extérieur et toujours ce noir impénétrable. Ses doigts se mirent à taper.

19:05.

Mathilde se mit à courir. Devant elle, à une dizaine de mètres, le train s'apprêtait à partir. Ses doigts pressèrent le bouton vert et elle s'engouffra dans un wagon. Les portes automatiques se refermèrent derrière elle et le train s'ébranla. 

Le Souffleur de nuit et autres drabblesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant