Chapitre 19 : Ce mensonge allait me tuer.

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Avec Camila, nous sommes beaucoup sorties. Rien que toutes les deux. Nous marchions souvent dans les rues, main dans la main, parfois, en ne disant rien. Nous aimions nous rendre au cinéma. Je ne me concentrais jamais vraiment au film, mais plutôt sur son visage. Il était illuminé par le grand écran soulignant ses traits magnifiques. Je l'embrassais à ma guise, la dérangeant dans son visionnage.
Je ne sais pas, c'est comme si j'essayais de me faire pardonner de quelque chose dont elle n'était même pas au courant. Je m'en voulais toujours autant. Et ne plus parler avec Jenna était bien plus dur que ce que j'imaginais. Je l'observais de loin au travail. Elle respectait mon choix, mais ne s'empêchait pas de me fixer avec ce même désir que j'avais pu apercevoir dans son regard la fois où nous nous sommes retrouvées chez elle. Elle ne m'aidait pas. C'était une tâche à accomplir pour solidifier ma fidélité envers Camila, un test pour affirmer mon mérite d'être en couple avec une personne aussi incroyable. C'était dur d'oublier ce baiser, ce passage trottait dans ma tête tous les jours et dès que j'y pensais, une mauvaise sensation se propageait dans mon cœur, un sentiment de culpabilité profond. Je gardais espoir en ce que Normani m'avait dit, que ça passerait avec le temps.

- À quoi tu penses ?! Chuchotait Camila à mon oreille.

Je revenais à la réalité. Le film continuait toujours de tourner. J'essayais d'avoir un visuel de son regard, mais la pénombre de la salle m'empêchait de me rendre compte de ses expressions.

- À rien ! J'ai répondu dans un souffle à peine audible.

J'aperçus un air sceptique. Elle se concentra sur le film en me tournant presque le dos. J'aurais dû lui répondre quelque chose, pas forcément la vérité, mais au moins quelque chose de plus pertinent. Je m'en voulais parce que je ne lui faisais part de rien. C'était sans doute cela qui l'a contrarié. Nous étions censées tout nous dire et elle donnait bien plus que moi dans ce domaine. J'ai posé ma main sur sa cuisse comme premier geste qu'elle ne prit pas en compte. J'ai ensuite embrassé son épaule et mes baisers sont remontés à son cou où j'en ai parsemé. Je remarquais son petit sourire qu'elle ne pouvait pas cacher.

- Je t'aime, je t'aime, je t'aime... J'ai répété à son oreille.

Elle a enfin posé son regard sur moi. Elle était bien trop sensible à cette déclaration. C'était notre petit truc. Elle me donna un magnifique baiser qui fit chavirer mon cœur.

- Alors, à quoi tu pensais ? Redemandait-elle.

Elle ne lâchait pas l'affaire.

- Au travail, j'ai répondu.

Elle soupira. Elle n'aimait pas me voir me morfondre.

- Ne pense pas à ça. Ça te fait du mal. Je déteste que tu te rendes triste comme ça, toute seule.

J'ai songé ces derniers jours à vouloir démissionner. Je n'arrivais pas à lui en faire part pour l'instant parce que je souhaitais être sûre de ce que j'allais faire. Il y aurait des conséquences sur mon salaire, sur mon quotidien, j'avais peur de m'ennuyer dans mon appartement malgré qu'il y ait ma copine. Mais peut-être que ma santé mentale se sentirait mieux. Peut-être qu'en discuter avec Normani était la meilleure solution.

- Ne t'inquiète pas, ce n'est rien.

Elle entoura d'une étreinte mon bras et posa sa tête contre mon épaule. Je venais coller ma joue à son crâne. Mon cœur devenait lourd, dès que le sujet touchait mon travail, plus rien ne me contentait.
Le film s'était terminé, je ne pouvais même pas expliquer son résumé tellement il me paraissait peu intéressant. Camila l'avait remarqué, alors, nous n'en discutions même pas. J'étais consciente de son inquiétude envers mes pensées. Je m'y perdais constamment et je comprenais que cela pouvait lui faire peur.

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