Epilogue : Je peux le faire.

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Plusieurs mois ont passé depuis. Je me remémore tout ce qu'il s'est passé. J'observe l'horizon en face de moi, face à cette rivière sur laquelle nous nous étions vues pour la deuxième fois. L'automne est bien ancré. J'en suis revenue où tout avait commencé, à cette saison mortuaire, mais où l'amour est au rendez-vous. Le paysage qui se présente est exactement le même que celui d'il y a un an. Les feuilles jonchaient le sol misérablement, d'une couleur terne et sans vie. L'eau s'écoulait vers l'ouest dans un bruit satisfaisant. Tout est là. Sauf une personne. Je tourne la tête à ma gauche et je n'aperçois que des rochers gris, posés naturellement sur l'herbe verte. Je soupire faiblement. Je ne passe pas un jour sans penser à elle.
En venant ici, j'espère pouvoir m'apaiser, me rappeler son visage dans le silence et la plénitude. Je prends toujours les photos qu'elles m'avaient offertes pour Noël. Je les analyse une par une mais reste toujours un temps sur celle qui la représente à côté de ma bibliothèque. J'observe toujours son sourire resplendissant. Je garde précieusement cette pellicule parce que c'est l'un des seuls souvenirs que je détiens d'elle. Elle est tellement importante pour moi, pour ne jamais oublier son visage. Malheureusement, je n'ai presque plus le souvenir du son de sa voix, ça fait bien trop longtemps. Je caresse la surface vernie de la photo et souris d'une manière nostalgique. Même après tout ce temps, je n'ai pas réussi à oublier mon chagrin. Je vis dans une prison, dans un deuil constant. Peut-être que je ressentirai ces sensations jusqu'à ma mort, mais d'une certaine façon, ça ne me dérange plus. J'aime justement me rappeler à quel point je l'aimais et à quel point elle me manque. C'est le prix à payer pour toutes mes erreurs. Je l'accepte. Je mérite la souffrance de sa disparition, je mérite de m'infliger cette peine pour l'éternité. Alors, je n'ai pas tenté de la rejoindre, c'est trop facile. Je ne peux pas être lâche encore une fois. On n'a que cette seule vie. Je me demande comment je voudrais la dépenser. En m'excusant ? En regrettant ? En me posant des questions ? En me détruisant ? Il faut que je sois courageuse. Croire en moi-même. Je veux faire ce qui me fait du bien. Prendre parfois des risques. Me rendre fière. Parce que je n'ai que cette seule vie.
J'imagine que c'est ce qu'elle voudrait de moi, à résister comme ça et à même parfois sourire aux personnes qui m'entourent. Peut-être que là où elle est, elle a pu rencontrer ma mère. Peut-être qu'elles me regardent et me soutiennent à aller de l'avant. Je les aime tellement. Ce sont mes deux personnes préférées au monde, mais elles ne sont plus là.
Je me suis levée en déposant, par la même occasion, les photos par terre. Je me dirige vers la rivière. Mes pieds entrent en contact avec l'eau froide. Je continue d'avancer jusqu'à ce que celle-ci soit à ma taille. Je lève les yeux vers le ciel. Le soleil a fini par se coucher, laissant place aux étoiles qui scintillent. J'en fixe une qui m'a l'air de briller plus que les autres. Mes lèvres s'étirent pour dessiner un sourire. Je décide de me laisser tomber en arrière. Je suis allongée sur l'eau qui me berce merveilleusement. Je détends mes bras pour former une étoile avec mon corps. Je ferme les yeux. Je veux sentir tout ce calme et cette sérénité incroyable. Je dois me laisser aller. Je dois arrêter de penser au malheur incrusté dans mes entrailles. Je dois avancer. Je dois me libérer de tous ces fardeaux que ce monde m'inflige depuis bien trop longtemps. Il faut que je cesse d'avoir peur. Je ne veux plus avoir cette boule dans la gorge qui persiste encore et toujours. Parfois, j'ai envie d'abandonner, mais parfois, j'arrive à avoir du courage. Je me dis que c'est qu'une passade, que toute cette horreur finira par s'arrêter un jour. Si j'ai réussi à passer toutes ces épreuves, je peux chercher ce bonheur. Je peux réaliser ce rêve de me sentir pleinement heureuse.
Mais avant d'y arriver, il faut que je fasse mon deuil. Il faut que j'accepte sa mort. Je dois regarder en face la vie sans elle. Je peux le faire. Mais je ne dois plus avoir de regrets. Ça m'a l'air impossible, dit comme ça. Ma dépression a causé le néant comme seul point d'horizon et mon cœur était mort, noir de regrets. Mais l'espoir est là, tout près, si proche. Et je n'ai cas ouvrir les yeux et fixer ces étoiles pour réaliser que je ne suis pas là-haut et que je suis bien ici, sur cette rivière, à respirer, à sentir cette eau sur mon corps, et je crois que tous ces morts peuvent m'envier ça. D'être vivante, d'avoir le choix de décider de chacun de mes mouvements, de mes décisions ou d'aimer librement, tout simplement. On devrait ouvrir les yeux et marcher vers la paix et le bonheur. Profiter de chaque instant, tant qu'il est encore le temps. Alors, j'ai regardé encore une fois cette étoile dans cette nuit source d'espoir et j'ai réalisé que je pouvais bien faire ça. Au moins pour elle. Et surtout pour moi. Je sais à cet instant que quand je me lèverai, je reprendrai une nouvelle vie, un autre chemin et je sortirai enfin de cet enfer. Pour ressentir ce putain de bonheur que j'attends désespérément et pour ne plus subir cette peine quand je pense à elle, juste de la reconnaissance, de l'amour et plus aucun regret.

Fin.

Je tenais à vous remercier d'avoir pris le temps de lire cette fanfiction. J'espère qu'elle vous a plu malgré cette fin triste (désolée j'avais envie d'une fin triste comme ça). Et je vais sûrement écrire une autre histoire (je pense plus joyeuse mdr) mais j'hésite, j'ai beaucoup d'idées en vrai.
Encore merci pour les vues, votes et commentaires. Passez une bonne journée ou soirée. A bientôt. :)

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 15, 2023 ⏰

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