Partie 1

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Septembre 1996

     Je me souviens de la première fois où je l’ai vu. La petite fillette de sept ans qu’était alors Élisa jouait avec son unique poupée. Ses cheveux étaient attachés en queue de cheval sur le dessus de sa tête ainsi tombant en cascades le long de son dos. Elle portait une petite robe de soleil rose et son sourire était jovial et joyeux. Elle n’avait pas d’amis à l’époque. Moi non plus d’ailleurs.

     Elle était assise seule dans la cour d’école et regardais sa poupée en brossant ses cheveux blonds. Comme j’était très timide, j’ai du ramasser tout mon courage pour aller m’assoir à côté d’elle. Je n’ai pas laissé échappé un seul mot. Je l’ai simplement regardée répéter les mêmes mouvements délicats.

-   Vas-tu me dire quelque chose ou tu vas rester comme ça à me regarder? m’a-t-elle demandé après quelques minutes. J’étais pris par surprise. Nous sommes restés silencieux, tous deux attendant que l’autre dise quelque chose.

-   Oui, je pense. 

-   Je m’appelle Élisa.

-   Moi c’est Thomas, ai-je répondu en lui tendant la main pour qu’elle la serre. C’est ce qu’elle fit avant de recommencer à brosser les cheveux de sa poupée. Elle passait délicatement la petite brosse dans les mèches blondes de celle-ci. Je restai là à la contempler.

-   Je préfèrerais avoir les cheveux blonds, avait-elle dit de la voix remplie de déception.

-   J’aime bien tes cheveux bruns, moi, avais-je répondu timidement. Elle m’a regardé, ses yeux ayant gagnés une nouvelle brillance. Un sourire fit son chemin sur son visage.

-   Merci Thomas, dit-elle avant que la cloche sonne.

     Elle s’est levée et m’a offert sa main. Lorsque je fus debout, elle m’envoya un sourire avant de tourner les talons et courir jusqu’à l’entrée de l’école. Je regardai sa queue de cheval se balancer et sa petite robe rose suivre ses mouvements. À partir de ce moment, je sus qu’elle était la seule pour moi.

***

Juillet 2011

     J’entrai dans la pièce et la trouvai assise sur le plancher, ses mains serrant les manches de son pull en coton. Ses longs cheveux bruns cachait son visage tel un mur alors qu’elle gardait la tête basse. Je me suis approché d’elle lentement en m’attendant à n’importe quelle réaction. Au lieu d’être furieuse, elle leva la tête vers moi révélant ses yeux brillants, remplis de larmes.

     « Pourquoi? Pourquoi est-ce que tu me fais ça? Pourquoi moi? » me dit-elle, tel un murmure.

     Je m’approchai d’elle et déposai une assiette, près d’elle, rempli de nourriture accompagnée d’eau.

     « On est ensemble maintenant, Élisa, c’est tout ce qui compte. » luis répondis-je. « Si tu veux plus de nourriture ou de l’eau, cogne à la porte en haut des escaliers et retourne en bas. Je viendrai avec quelque chose à manger. »

     Puis, je tournai sur mes talons pour quitter la pièce. Elle se leva et tira mon bras vers elle.

     « Thomas, s’il-te-plait. » m’avait-elle supplié. Je l’ai regardé dans ses yeux verts; ils avaient perdu leur lueur. Ils l’avaient perdus il y a longtemps, mais étaient plus sombre qu’à leur habitude. Je me sentais mal de la voir ainsi. J’ouvrai sa paume et y déposai une craie. Je savais qu’elle dessinerait sur les murs. Ça l’aiderais à se sentir mieux jusqu’à temps qu’elle réalise la vérité, jusqu’à temps qu’elle réalise ce que j’ai sentis dès le premier jour. Jusqu’au jour où elle réaliserais que nous étions des âmes sœurs.

Captive (Version Française)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant