Partie 2

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Juillet 2011

     Le silence s’était installé entre nous créant pratiquement un mur. Les circonstances de la situation étaient bien différentes de celles de notre première rencontre. Il n’y avait plus de petite robe de soleil rose ni de queue de cheval. Il y avait la douleur, la mort, la colère, la peur et la confusion. Elle n’était pas heureuse, elle était seule, effrayée, mais surtout, captive.

     Elle resta silencieuse. Elle me donna toutes les opportunités de lui dire, mais je ne l’ai pas fait. Je fixai mon regard sur elle sans être capable d’articuler un seul mot. J’essayai de penser à un moyen lui dire.

     Comment pouvais-je expliquer de telles émotions? Comment pouvais-je expliquer cette captivité?

     Je ne regrettais pas de l’avoir kidnappée. De cette manière, je pouvais sur que personne ne lui ferait du mal.

     Ses yeux étaient vides; ils avaient perdues leur étincelle habituelle et étaient remplis de douleur. Sa peau douce était pale. Les manches de son chandail protégeaient ses bras faibles du froid. Ses lèvres étaient sèches et les traces de ses larmes étaient restées sur ses joues. Son tatou du signe l’infini derrière son oreille était caché derrière ses cheveux. Le désespoir et la confusion étaient écrits sur son visage. Je restai là, à inspecter son visage pendant une heure et demie avant de décider de la laisser seule. J’étais chassé par son silence qui m’était peu familier.

     Lorsque je fut arrivé sur le rez-de-chaussée, la colère emplit ma poitrine tel un feu brulant. J’étais furieux, mais contre moi-même. J’étais furieux parce que j’étais incapable de lui donner ce qu’elle méritait. J’hurlai avant de me ruer sur la lame qui était près de moi. Je frappai le mur en y laissant un trou. Je me dirigeai vers la cuisine où je jetai la nourriture qui était restée sur le comptoir.

     Je me détestai.

     J’étais fou.

     Je l’avais toujours été, mais c’était pire que jamais.

     Nous étions évidemment faits pour être ensemble, mais la voir si distante alors qu’elle est si près de moi me rendait fou.

     Pourquoi ne pouvait-elle pas lire dans mes pensées comme elle en avait l’habitude? Pourquoi ne pouvait-elle pas simplement savoir à quel point je l’aimais?

     L’amour fait mal. C’est tout ce qu’il a fait. Malgré cela, je continue de m’y accrocher comme si c’était ma propre vie. C’est ça l’Amour avec un grand A. Le genre d’amour dont on parle dans les films qui semble impossible.

     Je ne crois pas que personne ait déjà aimé comme j’aime. Roméo n’a jamais pu se comparer à moi. C’est si facile de s’enlever la vie parce que tu ne peux pas la partager avec la seule personne qui lui a donné un sens. Le pire, c’est vivre alors qu’elle ne t’aimera jamais comme tu l’aimes. Le pire, c’est vivre alors qu’elle te déteste.

     L’amour. La haine. Des émotions si similaires. On déteste celui qui nous a fait du mal. S’il peut nous faire du mal, il a du atteindre quelque chose ou quelqu’un qu’on aime. C’est comme ça que la vie fonctionne. J’ai attaqué Andrew, le seul garçon pour qui elle s’est amourachée, alors, elle me déteste. Je l’aime avec toute mon âme et je la déteste pour m’ignorer et briser ce qui reste de mon cœur à chaque fois qu’elle n’est pas avec moi. L’amour est haine et la haine est amour. Lorsqu’on s’en rend compte, on peut commencer à aimer.

     Je m’assis sur mon sofa et j’allumai ma télévision. Le poste de nouvel se mit à jouer sous mes yeux. Aucun mot sur la récente disparition d’une jeune femme latine qui était aux études dans l’École Nationale des Arts. Personne n’avait simplement remarqué son absence. Sa session était finie et elle avait été renvoyée la semaine dernière. Personne ne s’attendait à la voir nul part parce que personne ne se souciait d’elle à l’exception de moi. Personne sauf moi. C’était bien la partie la plus triste. Dans tous les sept milliards de personnes sur la terre, la seule personne qui se préoccupait d’elle devait être moi. Je savais que la police ne serait pas alertée avant un certain temps. Je savais que je pourrais lui montrer et la convaincre que nous étions âmes sœurs.

***

Plutôt cette semaine là

     Elle sortait du bloc appartement où elle habitait pour aller faire ses courses comme chaque mercredis. J’avais tout planifié. Caché derrière une des haies de ses voisins, tremblant de peur, j’attendais qu’elle passe près de moi. À ce moment-là, je pris le mouchoir que j’avais dans la main et recouvrai sa bouche et son nez. Avant d’avoir le temps de se débattre, elle tomba sans connaissance à cause des drogues que j’avais mises dans le mouchoir. Je l’a pris dans mes bras et la transportai jusqu’à ma voiture. Alors que je conduisais dans les rues sombres, je la regardais du coin de l’œil. Elle avait l’air innocente et paisible. Je conduisais plus vite que je ne l’avais jamais fait. Je serrais mes mains autour du volant nerveusement jusqu’à temps que j’arrive à la maison. Arrivé, je la transportai au sous-sol et la laissé dormir dans le lit. J’attendis qu’elle se réveille. Lorsqu’elle reprit enfin conscience, je lui souris, mais ne fut répondu qu’avec une expression de rage.

« Je suis où là? Qu’est-ce tu fais là? » M’a-t-elle dit soudainement sur ses gardes.

« Ici, c’est ma maison. C’est aussi la tienne maintenant. » avais-je simplement répondu. Son expression changea alors qu’elle comprenait ce qui lui arrivait. Elle regarda autour d’elle. Je me levai pour quitter la pièce, mais elle s’agrippa à mon bras pour m’en empêcher.

« Thomas, qu’est-ce tu m’as fait? Comment tu peux me garder ici comme ça? Je te jure que tu vas payer pour ça! Je te déteste Thomas! Je te déteste! » avait-elle crié alors qu’elle tirait plus fort sur mon bras. Des larmes commençaient à couler sur ses joues. Alors que la culpabilité commençait à me manger intérieurement, je la poussai sur le lit.

« C’est ça le problème Élisa… » avais-je marmonné en montant les marches du sous-sol. Je fermai la porte derrière moi. J’entendais toujours ses pleurs à travers le bois. Je commençai à m’haïr à ce moment-là.

***

De retour au temps présent

     Un léger coup sur la porte du sous-sol me réveilla. Je courrai à la cuisine pour y prendre l’assiette que j’avais préparé pour Élisa. Je descendit au sous-sol et vue Élisa assise au même endroit où je l’avais laissée. Elle n’avait toujours pas écrit plus que « Pourquoi? » et sa question restait toujours sans réponse. Je m’approchai et déposai l’assiette devant elle. Elle était silencieuse et je savais ce qu’elle attendait. Je restai debout à côté d’elle et continuai à la regarder. Elle prit un morceau de pain dans l’assiette et en mangea un bout.

     « Thomas, commença-t-elle d’une voix rauque, Quand est-ce que tu vas me répondre? »

     Je regardai dans ses yeux verts qui avaient perdu l’espoir et la joie qui leur étaient habituels. Je ne savais même pas moi-même, alors pouvais-je répondre à cette autre question.

     « Quand ça saura le temps. » répondis-je faiblement. Je tournai sur mes talons pour retournai en haut.

     « Thomas, dit-elle pour m’arrêter, merci. »

     J’étais pris à court. Pourquoi me remerciait-elle? J’avais littéralement détruit sa vie.

     « Pour ne pas m’avoir blessé ni violer. » expliqua-t-elle voyant ma confusion. Sa voix avait un ton étrange. Elle sonnait pure, même saine d’esprit. N’importe qui deviendrait fou dans ses conditions, mais pas elle. Je ne l’avais jamais vu si calme. Je montai quelques marches avant de me retourner vers elle.

     «Ça fait plaisir. » murmurai-je avant de me retournai à nouveau et aller au rez-de-chaussée.

Captive (Version Française)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant