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Point de vue : Omniscient.
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Wednesday est restée prostrée sur son lit, comme pétrifiée par ses pensées. Son corps est recroquevillé sur lui-même, ses bras entourant ses jambes rabattus contre sa poitrine, affligée de la douleur qui persiste dans son âme. Elle semble être une coquille vulnérable, ébranlée par le tourment à la recherche d'un réconfort subtil que seule Enid peut lui offrir. Pendant près de trois heures, la blonde l'avait consolée avec des caresses affectueuses, des paroles douces, de la tendresse et de l'amour. Cependant, elle avait même renoncé à regarder sa série préférée pour prendre soin de sa petite amie, signe indéniable de l'attachement profond qu'elle ressent pour elle. En effet, son inquiétude était absolue, témoignant de la force de leur relation, et tant lui importait le bien-être de sa petite amie qu'elle était prête à tout pour la réconforter et la soulager de sa peine.

Quatre-heures du matin, elle a succombé à l'épuisement et a dû abandonner sa place. Les minutes défilent, et Wednesday se bat pour trouver le sommeil, en vain. Une phrase l'obsède, martelant sa tête de tous les côtés, se répandant en mille répétitions ; les mots qui la composent tourbillonnent dans son esprit, comme si des tambours explosaient contre ses tympans. La jeune femme est prisonnière de ses propres pensées, obsédée par cette phrase et les sens multiples qu'elle véhicule.

"Ce n'est pas si effrayant que tu le penses. C'est juste douloureux."

Elle ne parvient pas à se libérer de cette phrase qui la hante, qui résonne en elle comme un écho persistant. Elle n'en comprend pas les raisons, mais elle sent que cela ne la laissera pas en paix. Toute cette fatigue accumulée l'aspire à un sommeil réparateur, et à une reprise en main de ses émotions, mais son esprit perturbé l'empêche de trouver la quiétude. Elle sait que la douleur de la perte d'un être cher est difficile à surmonter, et malgré cela, elle ne veut pas s'attarder sur cette idée. Elle veut des réponses pour aller de l'avant, pour surmonter cette épreuve, reprendre contenance comme elle a toujours fait. Elle voudrait effacer ces émotions qui l'assaillent, mais elle refuse de voir qu'il lui faut du temps pour accepter la mort de Thing.

"Est-ce si compliqué ? Je n'ai pas de lien attachant avec Thing. Je me suis juste servi de lui pour mes enquêtes. Alors pourquoi cela m'empêche-t-il de dormir ?"

Il existe une pluralité de variations à la souffrance, parmi lesquelles figure l'amertume liée à la perte d'un être cher. Wednesday éprouve bien une telle algie, bien qu'elle soit peu familière pour elle. Elle ressent un malaise indescriptible, mais elle a toujours été peu encline à identifier et exprimer ses émotions. Elle n'a jamais compris la portée de ses sentiments et les conséquences qu'ils peuvent avoir, et a toujours préféré raisonner de manière logique ; cette fois, cette méthode ne fonctionne pas, l'impact de la perte est trop grand et émotionnel. Il est donc impératif de traiter cette douleur, de prendre le temps nécessaire et de solliciter un soutien, ignorer cette souffrance n'est pas la solution. Elle est parfaitement consciente qu'elle est submergée par ses émotions, c'est juste qu'elle se sent tellement dépassée par leur intensité.

Sous l'avalanche de questionnements qui la noie dans un précipice, elle veut en sortir. La gothique se dresse brusquement de son lit sombre et se met à arpenter la pièce en long et large, le regard fixé sur le sol. C'est sa manière bien connue de cogiter, d'agiter furieusement ses pensées qui s'entrechoquent, de chercher désespérément une issue à cette boule d'émotions qui l'étouffe. Toutes ces interrogations la démangent comme des rongeurs enfermés dans une cage solide et impénétrable.

Dans son état de confusion mentale, Wednesday ne se soucie pas des sons qu'elle génère en marchant frénétiquement sur le parquet qui grince à chaque pas. Elle ne remarque pas non plus la force de ses pas qui s'enfoncent dans le plancher, ni sa respiration haletante qui s'intensifie au fur et à mesure qu'elle accélère ses mouvements. Elle agit avec agressivité, sa gestuelle est désordonnée, mais elle ne se préoccupe pas de l'effet que cela peut avoir sur le plancher, lequel continue de craquer sous la force de ses pas. Elle est complètement absorbée par ses pensées tourbillonnantes et son tourment intérieur.

L'imprévisibilité des sentiments (abandonnée.)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant