Capia l'ère des 12 - {Seconde Version}

Chapitre ¹⁴ - Vision macabre

(Contenu mature/sang +16)

19 juillet 2424 - L'archipel de Scilly.

Rùnda.

Je m'écarte un peu du plus gros groupe d'Uncleans et m'enfonce au maximum dans les buissons qui longent le mur gigantesque. Vérifiant que personne ne me regarde, je me mets en condition pour utiliser ma botte secrète, cette capacité qui n'est pas reconnue dans mon dossier.

Celle de l'Elfe blanc.

Le pouvoir d'invisibilité.

Je sais que je ne tiens qu'une minute sous cette forme, mais ça devrait être suffisant pour entrer dans la demeure.

Je prends une grosse goulée d'air et la sensation de froid me frappe de plein fouet.
Sous cette apparence, j'ai l'impression que mes sens sont multipliés par 100 et c'est loin d'être agréable.
Je peux ressentir chaques muscles, le sang qui fuse dans mes veines, les battements de mon cœur qui pompent à une vitesse folle.
Je dois faire vite...

Je passe par la gauche et rase le mur pour ne pas cogner un garde par accident.
Je suis invisible certes, mais pas impalpable.
En faisant mes premiers tests sous cette forme quand j'étais seul, j'ai vite compris que cette capacité était seulement et uniquement visuelle.

En me faufilant, mon regard tombe sur Amethyst, Triúr, Tasc et Cleite.
Les quatre se couvrent de la pluie en formant des abris avec leurs vestes.
Eux aussi, ils ont l'air d'aller bien, ça me rassure un peu même si les yeux affolés de Cleite de provoque une grimace.
Elle s'en fait sûrement pour rien...
Oui, sûrement.

Une fois à l'intérieur, je me planque derrière les barreaux de l'escalier principal et reprend mon souffle, apparaissant de nouveau.
Les genoux à terre et les mains également au sol, je fixe le tapis poussiéreux devant moi en cherchant un moyen d'aller au troisième étage sans me faire prendre.
Il n'y a qu'un seul escalier en pierre et sa structure ne permet pas un passage en toute discrétion...
Même si je m'amusais à éteindre les lampes à huile, je serai toujours visible à cause des nombreuses fenêtres longeant sa montée.
L'orage a beau être violent, il ne masque pas toute la lumière.

Je suis coincé.
Je ne peux pas utiliser ma capacité deux fois d'affilé, et même si je le pouvais, avec l'effort des marches, la tâche semble impossible.

- Tout le monde est dehors ?

- Oui tout est sécurisé, vous pouvez prévenir le chef Loroï.

- Entendu.

Deux Minotaures passent dans le hall à toute vitesse et l'un d'eux s'arrête dans son élan.

Sa grosse tête pivote dans ma direction et j'avale ma salive de travers.
Il m'a vu...

- Pourquoi t'es pas dehors avec les autres, microbe ? Il commence à faire quelques pas vers moi.

- Vraiment désolé !!! Je cri en le bousculant et fonce dans les escaliers sans perdre une seconde.

Je saute les marches et prie pour ne pas me faire attraper par le taureau à mes trousses.

Je suis vraiment dans de sale draps.
Si je me fait prendre avant d'avoir vu Loroï, je vais finir en isolement à coup sûr.

Je cours sans me retourner et quand j'arrive enfin au troisième étage à bout de souffle, je m'arrête et me penche en avant, l'estomac retourné par ma course et par la vision d'horreur qui m'a stoppé violemment.

Du sang.

Il y a du sang partout.

L'odeur de fer, de viande et d'excréments me font vomir sans que je n'arrive à retenir quoi que ce soit.

Les yeux exorbités, la bouche tremblante, j'observe la scène sans réussir à bouger.
Mon cœur cogne si fort que j'ai peur de perdre connaissance ou de faire une attaque cardiaque.

- Rúnda...

La voix de Loroï me fait redescendre sur terre et je le découvre, appuyé contre la rambarde de l'escalier à mes côtés dans l'ombre.

- C'est... C'est...

Un nouveau haut-le-cœur me coupe dans ma torpeur et mon estomac fini sa vidange dans un bruit répugnant, m'arrachant de nombreuses larmes et des sanglots déchirants.

- C'était un accident mon garçon. Juste un accident.

Son calme face à la situation me donne encore plus la nausée et mes larmes se bloquent un instant.
Comment il peut être aussi détendu, aussi impassible ?!

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? J'arrive à lui demander en essuyant ma bouche trempée d'un revers de main.

- Gallia s'est battu contre un garde.
On ignore l'origine de cet affront... Il articule doucement en retirant ses lunettes embuées.

Gallia ?

Donc, cette marre de sang devant moi... Ces morceaux de...
c'est...

Gallia.

×××

Je veux vos avis !
Le prochain chapitre sortira dans un peu plus longtemps, j'ai pas mal de choses à modifier x)