Dancing Our Fears [EN PAUSE]

10. LANA

♫ ur just horny – gayle

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tw: sexe, drogues 

Dès l'instant où mon index se pose sur la sonnette de son appartement, je sais que je n'aurais pas dû revenir. Mais bon, j'ai passé une de ces journées de merde avec mes darons, avec sa dose de reproches et de réflexions pourries comme on les aime, et j'ai juste envie de me changer les idées, là tout de suite pour compenser, de chiller, sans me prendre la tête. Et cette piaule est la seule où je peux encore le faire sans qu'on vienne me faire chier. Alors, parfois, il faut savoir écouter ses besoins plus que sa raison. Les leçons de morale viendront plus tard. Merde à la fin.

Alors, même si je sais que je ne devrais pas, lorsque j'ai définitivement besoin de me détendre, de m'aérer l'esprit, de penser à autre chose, c'est lui que j'appelle, comme à chaque fois. Vincent – ou plutôt V. jr comme il aime se faire appeler de tous, en référence à je ne sais quel sportif qui lui sert d'idole – est sans aucun doute la seule personne de mon entourage à pouvoir le faire. Avec lui, j'oublie tout ce qui me tracasse en quelques secondes. Avec lui, je suis une femme forte. Une femme fatale. Et putain, qu'est-ce que j'aime ça.

Agacée, je rappuie une seconde fois sur la sonnette, et peste intérieurement. Ce connard compte venir m'ouvrir ou je peux aller me faire foutre ? Parce que vu comment c'est parti, je vais passer la nuit devant sa porte, si ça continue. Après quelques instants à attendre, un bruit de pas me provient soudain de l'autre côté de la porte, ce qui me coupe dans mes réflexions. Et bah enfin ! Dire que je commençais à m'impatienter serait un bel euphémisme. Mais bon, je sais qu'il aura tout pour se faire pardonner, alors je décide de ne rien dire pour le moment. J'entends les pas qui se rapprochent. Je souris, me redresse et me recoiffe rapidement, puis je relève le menton. Focus femme fatale, Lana. Bad bitch as fuck. Comme d'habitude. Tu obtiendras tout ce que tu voudras ensuite.

La porte s'ouvre enfin, et le corps de V. jr apparaît dans l'embrasure. Avant de le laisser en placer une, je me mets aussitôt à faire une des choses que je maîtrise le mieux, c'est-à-dire râler.

— Et bah, c'est pas trop tôt ! Je commençais à croire que j'allais poireauter toute la soirée sur ton palier comme une conne !

En face de moi, V. se contente de me sourire, de son sourire charmeur dont lui seul a le secret. Et il faut dire que ce genre d'attitude de sa part a le don de m'horripiler. Vincent sait qu'il est beau, qu'il peut charmer n'importe qui avec un tel sourire, moi y compris, et par conséquent, il aime en jouer.

— Salut princesse, me dit-il enfin. Pas besoin de t'énerver, tu sais bien que j'aime me faire désirer.

— Salut bouffon, ouais, rétorqué-je du tac au tac.

— Rohh, mais c'est qu'elle est de bonne humeur la Lana aujourd'hui, dis donc. La soirée s'annonce encore plus intéressante que prévu.

— Oh, ta gueule !

Vincent ricane et me fait entrer, refermant la porte derrière moi. Sa main se pose sur mon avant-bras, son contact est ferme, sec, mais déclenche aussitôt en moi tout un tas de frissons. V. s'en rend compte, sourit et laisse son doigt remonter le long de mon bras. Je le laisse faire, amusée. Il est vrai que V. ne m'a jamais laissé indifférente, mais je sais pertinemment qu'il en va aussi de même pour lui. Vu comment ses yeux pétillent lorsqu'il me touche, je sais qu'il a envie de moi. Mais avant qu'il ne décide d'aller plus loin, je l'interromps, histoire de le faire patienter un petit peu. Je ricane, et retire sa main de mon bras. Il relève les yeux, surpris. Vincent n'a jamais vraiment su cacher ce qu'il ressentait. Et quand il est excité, comme maintenant, ça se voit aussi. Je pose alors mon index sur sa bouche, pour lui intimer de se taire, et me dirige vers la pièce principale de son appartement. Vincent laisse échapper un grognement presque inaudible et se met aussitôt à me suivre.