Ce même dimanche

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La jeune fille finit de raconter de son histoire et la publia.

Pendant qu'elle écrivait, quelques personnes avaient appris la nouvelle et lui avaient envoyé leurs condoléances.

Elle leur répondit.

D'autres, qui ne connaissaient pas encore la mauvaise nouvelle, lui envoyèrent des messages se voulant drôles. Mais la jeune fille n'était pas vraiment d'humeur à rigoler franchement avec ses amis.

Elle décida de passer outre ces messages et de penser à autre chose mais, ne comprenant pas pourquoi la jeune fille lui laissait des vues, la metisse -en l'occurrence- qui lui avait envoyé des messages, insista. La jeune fille le comprenait mais elle ne voulait pas parler de ce qu'il venait de se passer d'elle même.

En effet, elle n'avait jamais aimé annoncer les mauvaises nouvelles mais ça ne la dérangeait pas d'en parler lorsque son interlocuteur en avait -au moins- entendu parler. Au contraire, elle appréciait cela, en particulier quand elle avait réussi auparavant à faire le vide dans son esprit pour ne pas pleurer durant la conversation.

Elle envoya alors son histoire à son amie puis alla se doucher.

Elle adorait écouter de la musique sous la douche, c'était presque une nécessité mais il fallait choisir la playlist adéquate à son humeur, c'est pourquoi elle mit une playlist d'instrumental qui jouait principalement sur les émotions.

Elle connaissait ce type de playlist depuis qu'elle avait dû créer une chorégraphie avec une de ses amies sur la musique experience de Ludovico Einaudi pour l'école et elle adorait ce thème.

Elle mit alors cette playlist et entra dans sa baignoire qui faisait office de douche.

Elle devait se laver les cheveux puisqu'on était dimanche et elle en avait besoin vu la boule de nœuds qu'elle avait.

Pour une fois -une première- elle ne sourit que lorsqu'elle se forçait parce qu'elle se rendait compte que ce n'était pas le cas.

*relisez la phrase 4 fois, vous allez voir, vous allez comprendre*

Quand elle se coiffa -sous la douche parce que si elle le faisait en dehors, elle ressemblait à Louis XIV- une mèche d'une dizaine de cheveux se décrocha de son crâne. Ça aussi, c'était une première et elle trouva cela très étrange.

Une demie heure plus tard, elle sortit de la douche, prit son téléphone et, comme à son habitude -étrange- elle s'assit par terre, sur son tapis de douche, adossée à la baignoire et mit ses cheveux dans la baignoire.

Elle ouvrit les messages qu'elle avait reçu et, à sa surprise, elle vit que la métisse, une de ses amies les plus proches, lui avait envoyé plus d'une dizaine de message suite à l'envoi de son histoire.

C'était des messages de soutien qui la firent sourire.

>>Si tu as besoin d'aide je suis là
>>Parce que tu es mon amie
>>Et je t'aime beaucoup
>>Et je sais que tu es super forte
>>La fille la plus forte que je connaisse

Ces mots la touchèrent.

Au même instant, beaucoup de choses se passèrent :

Deux autres de ses amies proches lui envoyèrent des messages de soutien suite à son histoire pour l'une et juste par amitié pour l'autre.
Et surtout, une musique qu'elle connaissait plus que bien -que tout le monde connaît à vrai dire- passa dans sa playlist, toujours en cours.

Cette musique, c'était Für Elise (ou Lettre à Elise) de Beethoven.

Elle pouvait paraître anodine pour certains mais elle était spéciale pour la jeune fille tout simplement parce que son père semblait beaucoup apprécier ce morceau.

La jeune fille, à chaque fois qu'elle entendait cette musique, se rappelait son père, jouant au piano et elle, à 8 ans, dansant sur l'air qu'elle aimait tant.

Habituellement, elle ne pleurait pas en pensant à son père mais cette fois ci, la situation était différente.

La situation s'y prêtait tellement -son oncle, les messages de ses amies, la musique- qu'elle pleura.

Et cette fois ci, alors qu'elle pleurait, elle souriait comme elle n'avait pas souri depuis qu'elle avait entendu la nouvelle.
Et ça lui fit du bien.

Elle se leva et se regarda dans le miroir, flou à cause de la buée.

- Je ne pleure pas, ce sont mes yeux qui transpirent !

Elle avait dit cela à voix haute et rit face à ses propos.

Elle se fit une tresse comme tous les dimanches et sortit de la pièce.

Elle alla voir sa mère pour lui dire qu'elle avait fini et celle ci lui fit un grand sourire.

La jeune fille ne comprit pas pourquoi mais lui rendit son sourire et, en entrant dans sa chambre, se regarda dans la glace pour deviner la raison de ce rictus mais elle ne le trouva pas.

Malgré cela, elle s'habilla puis sa mère entra dans sa chambre.

- Je vais aller chez ma sœur de jeudi à dimanche pour la soutenir, elle et ses enfants. Heureusement qu'elle n'a pas d'enfants en bas âge !

En vérité, elle le savait déjà, elle l'avait entendu dire cela à elle ne savait qui au téléphone. Il faut dire qu'elle entendait tout ce qu'elle disait tant elle parlait fort au téléphone.

Mais quand il s'agissait que la jeune fille parle à sa mère depuis sa chambre, hurler ne servait à rien, sa mère n'entendait pas.

- Oui.
Mais moi, je ne peux pas venir ?

- Non, je suis désolée, j'aurais aimé que tu viennes mais tu as trop de devoirs.
Et je ne veux pas que tu restes seule à la maison.

- Est ce que je peux au moins rester jeudi soir ? Et je passe le week-end chez une amie.

- Si tu te sens de dormir seule à la maison, vas y. En plus tu l'as déjà fait.

En effet, la jeune fille avait dormi une fois seule chez elle.
Sa mère était allée à l'hôpital car les médecins avaient pensé qu'elle avait une maladie qui nécessitait l'hôpital.

Ce jour là, elle avait eu particulièrement peur pour sa mère mais parvint à s'endormir malgré tout.

Et puis finalement, elle revint le jour suivant, en pleine forme.

- Oui.
Je vais demander à mes amies si je peux passer le week-end chez une d'entre elles.

Et là voilà, plutôt que de demander à une amie si elle a de la place pour le week-end, elle écrit la fin de son dimanche.

Un dimanche finalement vraiment pas comme les autres.

N'est-ce pas ?

A Day Like Any OtherOù les histoires vivent. Découvrez maintenant