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Taekook
Mention de mort et de guerre
**Lettre destinée à Jeon Jungkook,
Caporal en chef du 3ème régiment
Jungkook, mon amour,
Déjà plus de six mois, la moitié d'une année que tu es parti, et tu me manques chaque jour autant. Sans toi, l'appartement est vide, tout comme mon cœur. J'y tourne encore et encore en attendant ton retour. Je me demande si, depuis tout ce temps, tu as changé. J'imagine que tes cheveux ont poussé, et j'avoue avoir hâte de passer mes doigts dedans quand tu reviendras.
Ici, à Paris, la ville est calme, presque vide. Il ne reste presque que les femmes, les vieillards et les enfants. Quand ils me voient, j'imagine que certains se demandent ce que je fais encore là, puis ils m'observent, et en voyant mon corps à moitié brulé, ils comprennent.
D'ailleurs, ces derniers temps, mes brulures me font plus souffrir que d'habitude. Comme si mon corps, sachant que tu souffres loin de moi, veut me faire souffrir aussi. Mais je ne m'en plains pas, au contraire, j'ai l'impression que nous partageons quelque chose, même si loin l'un de l'autre.
Le temps se fait long ici, et je me languis de toi. A l'occasion, je vais voir mes parents, puis les tiens, mais je pense qu'ils ne comprennent pas qu'un "ami" puisse autant me manquer, que ton absence puisse autant jouer sur mon humeur et mes émotions. Un jour nous oserons leur avouer notre vraie relation, je te le jure.
Je t'envoie cette lettre mais je ne parle que de moi, j'ai honte.
Comment vas-tu, mon amour ? J'imagine qu'il t'est difficile de répondre "bien", mais j'espère tout de même que tu n'es pas blessé, que tu arrives à dormir, et que tu peux manger à ta faim. A Paris, la nourriture n'est pas du tout présente en abondance, mais nous arrivons tout de même à survivre avec ce que l'on nous donne.
Il faut que je te l'avoue, j'ai peur. Peur pour toi. Chaque jour, pas une minute ne s'écoule sans que je ne pense à toi, la boule au ventre. La guerre me fait peur. Je ne pensais pas la vivre, et pourtant, elle est bien là. Avant, j'y pensais comme un malheur qui arrivait aux autres, mais à nous. Pourtant, elle est aussi arrivée en France, et tu as dû la suivre.
Chaque nuit, un cauchemar, toujours le même, me réveille. Dans celui-ci, je te vois, seul sur le champ de bataille, tes soldats tous tombés au sol. Tu avances, essayant de combattre l'ennemi, mais ils sont trop nombreux. Et toi, tu es tout seul. Je passe du côté du camp adverse, et je vois cet homme, qui ne semble pas plus vieux que nous. Son visage est couvert de terre, et ses yeux sont vides, sans émotion. La guerre l'a tué de l'intérieur. Je ne pense pas que cette guerre lui plaise non plus, tu sais, pourtant je pense qu'il est obligé, comme toi. Je le vois armer son fusil et appuyer sur la détente. Je vois la balle partir dans ta direction, puis je me retrouve, comme par magie, de nouveau à tes cotés. La balle arrive à une vitesse folle, et elle te transperce la poitrine sans même que tu puisses t'en rendre compte. Je n'en suis pas certain, mais je pense que tu meurs sur le coup. Tu tombes à genoux, la main sur ton cœur, avant que ton corps ne s'affaisse, et que tu ne te retrouves sur le dos. Tes yeux ouverts, mais immobiles, me font me réveiller en sursaut.
Je ne me plains pas, j'imagine que tes cauchemars sont pires. Ces horreurs dont on nous parle dans les livres d'histoire et à la radio, tu les vois et les vis. Ces images horribles de corps s'écrasant au sol, s'impriment jour après jour dans ton esprit, te hantant à chaque fois que tu fermes les yeux. Donc non, je ne me plains pas.
Je te le promets, si je le pouvais, je prendrai ta place. Tu as toujours été une âme délicate, fragile, faite pour tout sauf la guerre. J'espère que celle-ci ne laissera pas dans ton esprit une marque indélébile. J'ai peur de te retrouver, à la fin de la guerre, vidé de toute émotion, comme l'homme de mon cauchemar. J'ai peur de te retrouver, mais que tu ne veuilles plus vivre, traumatisé par ce que tu as vécu. Mais surtout, j'ai peur de ne pas te retrouver.
Chaque jour, en ouvrant ma boite au lettres, j'ai peur de trouver une missive m'informant ton décès. Sans mentir, je ne sais pas ce que je ferai si j'en recevais un jour une. Une vie sans te toi me parait inimaginable, invivable. Mais j'essaie de ne pas penser à ça et je me dis que chaque jour nous rapproche de la fin de la guerre, et de ton retour, alors j'essaie de m'accrocher à cet espoir.
Tu me manques terriblement, mon amour. Lors de mes nombreuses heures passées à penser à toi, j'ai réalisé que l'on ne se rend pas compte de la place que prend une personne dans notre vie avant qu'elle s'en aille. Avant, t'avoir à mes côtés était normal, et je me rends compte que je n'appréciais peut-être pas assez tous les petits moments de vie que l'on passait à deux. Aujourd'hui, alors que ton absence se fait plus ressentir que jamais, je comprends que tu prenais énormément de place dans ma vie. Sans toi à mes côtés, celle-ci me parait fade et monotone, dépourvue de cette touche de joie qui illuminait même les moments les plus sombres.
J'écris, j'écris, mais je vais bientôt devoir arrêter, même si cette idée me serre le cœur. J'espère encore que tout va bien pour toi, que le temps est clément et que tu es en bonne santé. Je te promets qu'à ton retour, nous irons tous les deux dans ce parc que tu aimes tant et nous déjeunerons sur l'herbe, ta tête sur mes genoux sans nous préoccuper de l'avis du monde. On criera qu'on s'aime, et on en sera fiers. On sera nous-mêmes, sans en avoir honte. Je te le jure.
Je dois avouer que mon poignet commence à être douloureux, mais j'ai encore et toujours envie de continuer cette lettre. Malheureusement, je vais devoir m'arrêter là.
Je t'attends avec impatience, peu importe la date de ton retour.
Avec tout mon amour et à toi pour toujours,
Taehyung.
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Soldat décédé, lettre renvoyée à l'expéditeur.
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Hello, j'espère que vous allez bien.
J'espère que ce premier texte vous a plu. Il est assez simple et je l'ai écrit d'une traite aujourd'hui, mais je l'aime beaucoup.
N'hésitez pas à me donner votre avis !
Elsa ^^
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Recueil de one shots
FanficVous avez envie de pleurer toutes les larmes de votre corps ? De sourire jusqu'à en avoir mal au joues ? De rire jusqu'à étouffement ? Ou même de faire tout ça à la fois ? Si oui, vous êtes au bon endroit.