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KATHLEEN

J'ai mis plus de temps que prévu à confectionner la veste de Michael. À force d'être penchée sur la table de coupe pour tracer le patron, la douleur dans mon dos s'est réveillée et m'a empêché de continuer. Bush a réussi à se libérer pour venir à mon secours pour couper le tissu à ma place le temps que l'antalgique fasse effet. J'ai repris le montage du blazer dès que je me suis sentie mieux. Une grande tasse de café m'a permise de tenir jusque tard dans la soirée, mais j'ai fini par m'écrouler de fatigue sur mon bureau. Dennis a insisté pour me raccompagner à mon appartement sans me laisser le choix. J'étais tellement fatiguée que je n'ai même pas entendu le réveil sonner ! Je suis arrivée à l'atelier en début d'après-midi, complètement paniquée à l'idée d'être en retard et de ne pas pouvoir finir à temps cette fichue veste. Comme la veille, je suis restée tard à l'atelier pour avancer le plus possible, il ne me reste plus que la doublure, les ornements dorées à appliquer et quelques retouches à faire. Michael doit venir l'essayer en début de soirée demain. Je ne sais même pas quand je vais pouvoir trouver le temps de me préparer pour l'y accompagner. Au pire des cas, ça me servira de prétexte pour ne pas y aller...

J'ai travaillé d'arrache pied toute la journée. Je n'ai même pas pris le temps de manger ! Je ne pensais pas que la doublure me donnerait autant de fil à retordre. Michael est déjà là et je n'ai même pas encore cousu les épaulettes et l'écusson. Je suis tellement stressée que j'ai les mains qui tremblent, ce qui ne me facilite pas la tâche. Je me suis plantée l'aiguille dans le doigt je ne sais combien de fois en l'espace de quelques minutes. J'inspire longuement et expire profondément dans l'espoir de me reprendre, en vain. La fatigue et la faim n'arrange sûrement pas mon état non plus. Mon estomac me le rappelle à chaque grondement. La porte de mon atelier s'ouvre sur le chanteur accompagné de mes patrons ; je ne décroche pas un mot et me lève de ma chaise pour passer la veste sur les épaules du bouclé en priant tous les Dieux pour qu'elle ressemble à quelque chose. Michael m'a fixé tout du long, la mine renfrognée quand il a remarqué mes mains tremblantes en train d'ajuster son col.

-Kathleen, calme-toi, on a encore le temps, tente-t-il de me rassurer en saisissant mes poignets. Je suis venu en avance.

Je reste silencieuse. Si j'ouvre la bouche pour dire quoi que ce soit, je vais me mettre à pleurer. Ma lèvre inférieure est déjà prise de spasmes incontrôlables et j'ai les paupières qui brûlent à force de retenir mes larmes. Je me mords l'intérieur des joues et poursuis mon travail quand il me libère enfin les mains. Je m'applique du mieux que je peux à coudre l'écusson sur la poche passepoilée au niveau de sa poitrine tandis qu'il m'observe faire dans un silence de plomb. Je me recule de quelques pas pour analyser la veste dans son ensemble, repérer le moindre défaut, la moindre imperfection qui serait visible de près. Bush et Dennis font de même, l'expression de leur visage me fait froid dans le dos.

-Elle est horrible, hein ? je panique en arrachant frénétiquement les petites peaux autour de mon pouce.

-Mais qu'est-ce que tu racontes ? se consterne Bush. Ta veste est parfaite !

-Je confirme, appuie Dennis, je crois que c'est la plus belle de tes pièces masculines jusqu'à maintenant !

-Si c'est une plaisanterie, c'est vraiment pas drôle, je croise les bras sur la poitrine, vous me faites marcher, c'est ça ?

-Pas du tout, réplique Michael en se regardant dans le miroir. Bush et Dennis ont raison. Elle est parfaite !

La main sur le cœur, je pousse un profond soupir et me laisse tomber contre le mur derrière moi, soulagée.

THE KING OF STYLE #2 - Michael JacksonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant