La Fille De La 306

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PDV Giyu-7ans et demi

Et voilà petit, me dit Caroline en me tenant une compote, mais c'est notre secret hein ?

J'hoche la tête en sirotant la purée au goût de fruit. Caroline est la plus gentille des dames en blouse blanche, elle m'apporte souvent de quoi grignoter en douce. Les portions de l'hôpital son médiocres, alors je me rempli le ventre avec ses suppléments.

La gentille dame repart pour me laisser dans ma petite chambre aux volets à demi fermés : la lumière vient surtout de la télé. Qu'est-ce que Tom et Jerry sont bêtes... Mais pourtant ce sont toujours eux les plus drôles.

Seulement moi je ne sais pas rire. Je ne sais plus comment faire, j'arrive à peine à parler sans trembler de tous mon corps. Les dames en blouse blanche et le grand monsieur ont parlé de tresse poste trémétique ou je ne sais plus quoi...

"Ce petit est atteint d'un stress post-traumatique très important, il est en état de choc permanent. Il n'a vraiment plus de famille ? Nul part ?"

J'ai entendu ça le premier soir où je suis arrivé ici. Le docteur pensait sûrement que je dormais, mais j'étais tellement traumatisé que je ne pouvais pas fermer l'œil.

Je n'avais pas beaucoup d'amis à l'école, et ici je n'ai que quelques connaissances sympathiques avec qui je peine tout de même à aligner deux mots : Sabito est un garçon qui loge au bout du couloir. Il a un traumatisme crânien depuis que son père l'a frappé à la tête avec une bouteille en verre.

Makomo, la porte en face, à une malformation qui l'empêche d'utiliser ses jambes, et ses bras n'ont pas assez de force. Elle passe son temps dans son petit fauteuil roulant rouge, et notre ami s'amuse souvent à la pousser très vite dans le couloir quand personne ne surveille.

Moi j'ai parfois trop peur de jouer avec eux, mais ils viennent souvent me rendre visite et me tenir compagnie. Ils sont super sympas.

Ici on se sent un peu seul même quand on est entourés : l'hôpital ressemble parfois plus à une prison avec ses murs gris et sales, ces longs couloirs vides et ces pièces tout aussi désertes. Les infirmières passent rarement sans qu'on ne le leur ai demandé, les seuls adultes qu'on voit à part elles sont des médecins ou les parents de nos amis.

La mère de Sabito à pleins de choses à gérer, et le juge a interdit à son père de les voir. Les parents de Makomo travaillent énormément pour payer les frais de l'hôpital et sont toujours en voyage dans des pays très lointains.

On préfère ne pas s'aventurer dans les pièces vides : certains de nos camarades y ont disparu.

C'est le cas de mon voisin : il y a deux semaines, toutes ses affaires se sont volatilisées entre les mains d'une grande dame très chic, habillée en noir, et d'un homme tout aussi élégant. Elle pleurait.

Sabito à pensé que c'était peut être des parents qui étaient venu le récupérer, mais il ne nous a pas dit au revoir alors j'ai découvert la vérité : il a été enlevé par des espions.

Maintenant que je pense à cette chambre, j'entend du bruit de l'autre côté du mur. Pourtant, il devrait n'y avoir personne.

Je me glisse au sol et rampe jusqu'à la porte d'à côté, en faisant bien attention à ce qu'il n'y ai personne. Je rentre en un éclair dans la chambre numéro 306 et md glisse sous le lit. Là, j'attend, j'observe. Des valises ont été posées dans le coin de la pièce, ce ne sont pas celles de mon ancien voisin.

Des pieds minuscules passent le pas de la porte, un jupe à froufrou violette tournoi au rythme des petits sauts qu'effectue une petite fille.

C'est une enfant de mon âge, comme Makomo. Me curiosité me pousse à sortir la tête de ma cachette, et je bondis littéralement hors de sous le lit pour faire face à la fillette.

La fille de la 306 - OS GiyushinoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant