xv. à mon époque il n'y avait pas de règles.

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"Emmy, je sais que maintenant on est amis et tout, et que je suis une personne inspirante, intelligente et tout... Mais pourquoi je suis ici." Lena, Line, Steph' et Max étaient sur le lit d'Emmy, qui était sur sa chaise de bureau, en position de réflexion.

"Comment je fais pour sortir avec Marceline?"

Pendant que Stéphanie tenait Lena par le bras, essayant de lo retenir pendant qu'iel chantait 'F*ck this sh*t i'm out', Max cherchait son Google Slide sur le sujet. Et pendant qu'elle allait demander à Emmy de quoi le présenter, la porte s'ouvrit pour révéler Kevin, suivi de Troy. Et éventuellement de sa mère.

"M-maman?" demanda Emmy. "Désolé, j'ai tout avoué." s'excusa Troy, avant que Kevin commente "Tu dis ça comme si ça avait été difficile pour toi." Troy avait probablement raconté l'histoire volontairement, il avait une certaine complicité avec la mère d'Emmy, c'est comme s'il était d'abord l'ami de sa mère avant d'être son ami.

La mère s'assied sur le petit canapé de chambre, à côté de Troy, tandis que Kevin était appuyé sur un mur. "Laissez-moi présenter mon diaporama. J'ai fait beaucoup de recherche." Et ça se voyait que ce diaporama était uniquement basé sur des recherches et pas de faits. Il contenait toutes les choses bizarres que l'on trouvait sur internet. La mère d'Emmy était assez confuse, elle ne comprenait pas grand-chose. "À mon époque ce n'était pas compliqué comme ça. Depuis quand y a-t-il tant de règles?"

Kevin qui regardait bizarrement Max prit la parole à son tour. "He, Maximili-je-sais-pas-quoi, je sais pas où t'as trouvé tes infos mais je pense pas c'est bon. Au pire Emmy attend juste d'être dans une position qui la force à se confesser?" Steph s'exclama, "Non! Il faut pas, sinon elle va mal le vivre. Au pire elles peuvent continuer de se flirt jusqu'à ce qu'elles soient toutes les deux en illusion d'une relation."

Emmy la regardait horrifiée, tandis que Line lui reprochait de donner un conseil qui allait totalement à l'encontre du premier. "Je ne comprends plus rien à cette génération." dit la mère d'Emmy, sa tête entre ses mains. Emmy se claquait juste le front avec la paume de sa main, se demandant comment la situation avait évolué ainsi.

"Au pire envoie-lui un message." Tout le monde regardait Lena avec d'énormes yeux; lui envoyer un message? C'est vrai que c'était une idée peu conventionnelle, mais ça restait l'idée la plus logique du point de vue d'Emmy. Entre vivre les histoires d'amour d'influenceurs bizarres, se retrouver contrainte et être dans l'illusion, envoyer un message semblait moins bizarre et la plus faisable. Enfin, jusqu'à ce que la mère d'Emmy. "Si tu fais ça, tu n'as plus de téléphone."

"Sinon tu peux aller la chercher à l'aéroport, et te confesser. Bien cliché mais-?" proposa Line, assez hésitante. La mère d'Emmy se leva pour prendre Line dans ses bras "C'est pour ça que tu es ma préférée!" Derrière on pouvait observer Troy qui tenait son cœur, retenant une larme, ou deux, ou un torrent, seule la divinité qu'il vénérait le savait.

Alors quand quelques jours passèrent et que Marceline rentrait enfin de Nantes, Emmy l'avait prévenu qu'elle viendrait la chercher.

Alors elle attendait patiemment Marceline, sautillant sur place, retenant son sourire; ça faisait si longtemps qu'elles ne s'étaient pas vues. Elle aperçut finalement Marceline dans la foule. Elle avait une tête de déterrée, elle marchait sans vraiment faire attention à là où elle mettait les pieds; elle avait dû avoir un mauvais séjour. Elle traînait sa valise derrière elle d'un air nonchalant et s'écrasa sur l'épaule d'Emmy avec un gémissement dont la voix était rauque, le tout était étouffé dans le linge d'Emmy. "Tu m'as manqué, like damn." Elle prit une grande inspiration, puis expira, elle baissait les yeux pour sourire à Emmy. Les commissures de ses lèvres s'envolaient.

Emmy était figée. Elle ne savait pas quoi faire, était-ce le manque qui la rendait si vulnérable? Elle voulait l'embrasser mais le temps l'avait aussi rendu plus timide. Et puis elle ne voulait pas se faire avoir encore. Pourtant ainsi Marceline était tellement belle. Et c'était bizarre car elle était sûre que si elle était avec le groupe quelqu'un ferait un commentaire moqueur sur l'attirail de Marceline, ou alors sa manière de marcher ou alors le dessous de ses yeux, sa tête de déterrée, mais Emmy, elle, elle aimait tout. Ses tresses rassies qui donnaient un air de locks à ses cheveux, ses cernes qui donnaient un air enfoncé à ses yeux, sa perpétuelle mine fâchée, juste son air un peu 'mort-vivant' qui criait 'juste enterrez-moi pour de bon', elle l'adorait. Et c'était bizarre, car ce n'était pas particulièrement attirant, elle avait l'air moche, mais c'était trop tard, l'amour avait fait des ravages.

"Marceline, je-" commença Emmy, avant d'être interrompu "Allez, moi aussi je t'aime, on y va." Elle donna une tape à l'épaule d'Emmy et repartit traîner sa valise. Emmy voulait sourire, Emmy voulait rougir, mais non. Marceline avait dit ça sur le ton de la blague, elle était fatiguée et voulait simplement rentrer chez elle, elle disait n'importe quoi.

Le lendemain, Emmy décida de lui apporter le petit-déjeuner chez elle, c'était le quartier d'à côté, mais quelques minutes de marche ne faisaient pas de mal. Elle ne pouvait pas faire mieux: c'était un petit panier, avec un pancake en forme de cœur, avec un petit écriteau avec écrit 'Name:' et 'Date:' où elle avait manuscritement noté 'Marceline' et 'me, please?' respectivement. C'était assez cliché, mais c'était assez franc et droit au but. Lorsque Marceline mangea, elle porta peu attention à ça et mangea le pancake sans même le regarder. Emmy voulait dire quelque chose, mais elle aurait trop honte. "Merci beaucoup, je meurs de faim, tu sais pas comment elle est folle ma grand-mère." Marceline donna un sourire honnête, et Emmy lui pardonna directement. Marceline était tout simplement stupide, ce n'était pas de sa faute. "Tu veux rester? Me raconter ta vie ou je te raconte la mienne? Se regarder un film? Tout ce que tu veux." Marceline dit les six premiers mots haut et fort, de manière confiante, puis sa voix dégringola, elle se rendait compte de ce qu'elle lui demandait. Mais Emmy avait besoin de temps pour guérir de son humiliation. "Non, merci. C'est bon. Je pense que ma mère a besoin de moi alors."

Et des scènes similaires se répétaient constamment. Les deux se cherchaient pour finir par s'éviter. Et c'était comme ça et ça ne s'arrêtait pas, jusqu'à ce qu'elles s'évitent simplement. 

DOCTOR // a short love storyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant