C'est difficile de s'imaginer un monde différent du notre. De découvrir une autre culture, une autre manière de vivre, et toutes ces choses qui divergent de tout ce que l'on a connu jusque là. C'est même perturbant.
Suzanne était déjà entrée en contact avec un monde étrangé du sien. Elle avait expérimenté cette sensation de dépaysement que vous rencontriez devant un monde qui vous était encore inconnu, et cet émerveillement qui vous prenait lorsque vous arriviez à passer au-dessus de la surprise.
C'était une sensation qu'elle avait adoré sur le moment. Et elle aurait tout donné pour la ressentir à nouveau.
Parce que Suzanne n'avait pas voyagé pour découvrir ce nouveau monde. Au contraire, il côtoyait le sien depuis toujours, et elle n'avait eu besoin que d'une seule personne pour ouvrir les yeux et découvrir tout ce qui lui était encore caché.
Mais c'était il y a longtemps.
Les années étaient passées, les promesses avec, et ne restaient que les souvenirs.
Parfois, Suzanne avait souhaité ne pas l'avoir rencontré. Tout aurait été plus facile. Moins beau peut-être, mais plus facile.
Elle l'avait maudit, de nombreuses fois même. Quand elle y repensait, il lui arrivait de sourire avec mélancolie en se rappelant qu'il lui avait un jour confié que sa mère avait fait de même de nombreuses fois.
Et puis après, il y avait eu la douleur. Comment avait-il pu partir ainsi, sans rien dire ?
Elle se souvenait encore du jour où elle l'avait attendu, des heures durant au lieu où il lui avait donné rendez-vous. Mais il n'était jamais venu.
Et puis il y avait eu la visite de Remus.
Remus Lupin. Son meilleur ami.
Elle ne l'avait vu qu'une ou deux fois, mais elle l'avait trouvé plus sombre. Plus fatigué. Plus triste.
Il lui avait simplement annoncé qu'il était mort.
Et il était parti.
Suzanne inspira un grand coup en repensant à la douleur cuisante qui l'avait prise lorsqu'elle avait compris ce que Remus lui disait. Elle aurait voulu courir après lui. Lui demander des explications. Mais figée, elle n'avait pu que le voir tourner ses talons après lui avoir simplement balancé cette phrase, et utiliser cet étrange moyen de transport qu'ils appelaient transplannage pour disparaître.
Le monde des sorciers lui manquait.
Son sourire lui manquait.
Sirius lui manquait.
Cruellement.
Et chaque jour.
Au début, elle lui avait envoyé des lettres. Des tonnes de lettres. Mais un jour, elle en avait reçu une des nouveaux propriétaires de son appartement qui lui demandaient de cesser d'en envoyer. Ils avaient dû la prendre pour une folle... Qui parlait de balais volant, de sortilèges et de licornes en ayant toute sa tête ? Pour eux, c'était absurde.
Alors, elle avait arrêté. Elle s'était contentée de contempler les photos où ils apparaissaient tous les deux, jeunes, insouciants, et amoureux, et de tenter de faire comme si tout allait bien. Elle avait repris son travail, était sortie avec ses amis et adopté un chien, mais l'absence de Sirius lui pesait.
D'un côté, ce poids qu'elle avait dans la poitrine la rassurait : la châtaine aimait se dire que c'était le vestige du souvenir de Sirius qui s'accrochait à elle.
Ou peut-être était-ce l'inverse.
Elle ne savait pas. À vrai dire elle s'en moquait. Si cette douleur était désagréable, Suzanne avait appris à vivre avec, et elle lui permettait de se rappeler que les quelques mois passés avec Sirius étaient bien réels.

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OS Harry Potter
FanfictionQui ne s'est jamais inventé d'histoire ? Que cela soit seul ou à plusieurs, pour les cours, le travail ou le plaisir, nous avons tous déjà testé les limites de notre imagination. Parfois, il arrive même qu'on en ait un peu trop. Ce qui est mon cas...