Une douleur lancinante émerge progressivement dans ma tête, c’est comme si un millier d'aiguilles se promenait dans celle-ci. Lorsque je ramène lentement une main à mes cheveux, mes doigts rencontrent quelque chose de chaud et visqueux.
Il fait noir, pendant un instant je crois être dans ma chambre et m'être simplement réveillé en pleine nuit, mais mes souvenirs, bien qu'encore flou, font subitement surface.
Je suis allongée par terre, dans une salle d'attente en ruine, seule dans l'hôpital abandonné de Panahon.
Je tourne nerveusement la tête de gauche à droite, craignant qu'Aïden ne soit là. Du sang coule sur ma joue, il a dû me frapper si fort que j'en ai perdu connaissance, et il m'a laissée pour morte. Je ne compte plus le nombre de fois où il m'a abandonné dans cet état aux toilettes du collège. Il n’a pas l'intention de me tué, il ne le fera jamais. Il préfère me voir souffrir.
La pensée que mon pauvre père puisse être mort d'inquiétude m’incite à me relever. Je le fais avec difficulté, m'aidant d’une chaise en bois et titube jusqu'à la fenêtre. Je dois traverser le couloir pour atteindre l'escalier qui me permettra de m’échapper d'ici, mais l’obscurité m’effraie toujours autant.
Instinctivement, je cherche du réconfort auprès de la lumière de la lune, essayant de rassembler le courage nécessaire pour avancer. Puis, comme si l'obscurité seule ne suffisait pas, un bruit surgit du fond du couloir.
Je regarde derrière moi, retenant mon souffle. En écoutant attentivement, je réalise que ce bruit m'est étrangement familier : les tic-tac réguliers d'une horloge. Plus précisément l’horloge comtoise, cette vieillerie à grosse pendule dont la production fut arrêtée au début du vingtième siècle. On en possède tellement à la maison que je pourrais reconnaître ce son entre mille.
L’instant d’après je sens la panique s'emparer de nouveau de moi, alors je cherche une explication rationnelle, puis je me dit que si Aïden était là, il se serait manifesté, mais ce n’est pas le cas. D'ailleurs, cela se confirme, quand en scrutant le parking, je remarque que sa voiture a disparu, j’aperçois aussi que des sans-abri ont trouvé refuge à côté du bâtiment, l'un d'eux porte un bonnet noir et l'autre une doudoune orange fortement usée.Je crie de toutes mes forces pour attirer leurs attentions.
— Aidez-moi, s'il vous plaît !
Les deux compagnons lèvent simultanément la tête vers moi, avant de s'échanger un regard. Je ne saisit rien de ce qu'ils disent, mais je crois entendre des rires de temps à autre. L'un d'eux semble me fixer, il esquisse un étrange sourire avant de former un cône avec ses mains autour de sa bouche, amplifiant sa voix afin que je l’entende.
— Besoin d'aide ma jolie !?
Le « ma jolie » ne me plaît pas du tout, j’aurais dû réfléchir davantage avant de demander de l’aide à deux parfait inconnues.
Comme si ce n’était pas suffisant, le cliquetis mécanique de l’horloge me donne la chair de poule. Elle semble m’appeler depuis le fond du couloir, un lieu déserté est hors service depuis des années. Je lance un regard furtif par la fenêtre et aperçois les deux hommes qui contournent le bâtiment pour, sans doute, me rejoindre.
Je dois fuir, j'ai un mauvais pressentiment. Malgré l'obscurité, je parviens à trouver l'escalier. Heureusement pour moi, ils ne semblent pas s’être aperçu de la présence de l’échelle du bas, celle par où sommes tous montés. Avec Ethan gardant un œil sur le premier étage, j'avais du mal à regagner la pièce par laquelle je suis entrée. Maintenant qu'il n'est plus là, je peux tenter ma chance avant l'arrivée des hommes.
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𝘜𝘯𝘦 𝘔𝘪𝘯𝘶𝘵𝘦 𝘢𝘷𝘢𝘯𝘵 𝘔𝘪𝘯𝘶𝘪𝘵 - TOME 1 - [TERMINÉ]
General FictionElle le redoutait, le fuyait, le repoussait de tout son être. Ce temps que personne ne peut vaincre, il continue d'avancer, jusqu'à l'un des pires jours de sa vie : la rentrée. Mais concentré sur des événements futiles comme celui-ci, Min n'avait p...