Athéa avançait à un rythme effréné.
Ils parcoururent le chemin les séparant de son appartement dans un silence lourd qu'Andy ne comprenait pas. S'il s'en inquiétait, c'était avant tout à cause de cette créature, dont il ignorait tout. En revanche, il connaissait Athéa et la contraindre à se taire tenait du miracle. Elle avait demandé au jeune homme de ne poser aucune question et n'avait plus rien dit depuis cette requête pour le moins étrange. Par mimétisme, il s'était tu lui aussi.
Il se sentait oppressé depuis leur départ de l'ile de la Cité, comme harcelé par le fantôme d'une émotion, tout en sachant qu'il ne s'agissait pas de cela. Il avait appris à vivre avec ce phénomène, à en reconnaître les manifestations, et jamais l'Empathie n'avait laissé en lui ce sentiment de nausée. Comme un ballonnement après un repas trop copieux, son don lui criait son besoin de digérer quelque chose qui avait pourtant disparu.
L'apparition du monstre et les révélations sur la nature d'Athéa ne devaient pas être étrangères à ce malaise. Andy était convaincu que ce n'était pas la seule raison. La perspective d'aller au-delà de ce trajet avec son amie le perturbait, il produisait d'énormes efforts pour dissiper, dans son esprit, l'idée de fuir loin d'elle, effrayé par ce qu'il s'apprêtait à apprendre. Il le savait, après avoir obtenu des réponses à ses propres questions, Athéa chercherait à en fournir à celles du jeune Empathe.
Au pied de l'immeuble, devant la porte close, elle s'arrêta un instant, la main posée sur la poignée, et fixa Andy. Elle parut vouloir lui parler, mais se ravisa, troublant le jeune homme, qui lui découvrit le regard vide et l'expression parfaitement impassible de son rêve, la nuit précédente. Les images se bousculèrent dans sa tête et il se demanda si ce songe n'était pas sur le point de se révéler prémonitoire. Elle poussa le battant, la retint pour le laisser passer et se précipita vers les escaliers, sans l'ombre d'un soupir.
Ils les gravirent dans le même silence pesant, mettant les nerfs du jeune homme à rude épreuve, et entrèrent sans bruit. Pour la première fois depuis l'emménagement de son amie, Andy se sentit étranger à ces lieux, comme repoussé par leur occupante, dont les secrets rongeaient l'âme au point de ne plus être tout à fait la même. Elle était effrayée, il pouvait le lire dans son attitude, sans en saisir la cause. Il avait depuis longtemps compris qu'Athéa ne lui avait pas tout dévoiler et gardait pour elle de nombreuses choses. Mais il ne s'était jamais privé, pour lui faire entendre à demi-mot qu'il en avait connaissance.
Andy trouva soudain intéressante la correspondance entre la jeune femme et la décoration de son appartement. Aussi sporadique l'une que l'autre...
Dans la pièce principale, le mobilier se distinguait par son absence, ou du moins sa rareté. Un canapé ancien tapissé de velours rouge et un fauteuil de récupération gris, adossés à un mur, faisaient face à un meuble noir, sur lequel étaient posés une télévision de taille moyenne et quelques vieux disques, tenus par des bibelots sans importance. Une armoire énorme en chêne massif comblait le vide entre le salon et la cuisine, matérialisée par un bar, et chichement meublée à l'instar du reste. Au milieu, une petite table basse au plateau de verre accueillait un vide-poche et une télécommande. Les fenêtres étaient couvertes de rideaux de tulle bleu.
De l'autre côté du couloir, dans la chambre, une penderie et un lit se disputaient une superficie presque aussi vaste que l'espace de vie. La salle de bain et les commodités, pour leur part, n'avaient été agrémentées d'aucun artifice, sinon une patère sur laquelle accrocher une serviette.
Pour ne pas déranger cette incroyable sobriété, teintée d'éclectisme, les murs de l'appartement avaient été laissés blancs dans chaque pièce, et le parquet flottant, de couleur claire, n'était habillé d'aucun tapis.
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Renaissance
ParanormalDepuis quelques semaines, les rêves d'Andy le plongent dans l'apocalypse, et il assiste, impuissant, à la fin du monde. Il ne se doutait pas que son univers basculerait, à l'instant même où il décide d'en parler à son amie Athéa. Le monde est bien p...