15. Every You Every Me

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ELA

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ELA

Je me regarde dans le miroir de la penderie. C'est stupide, nous avons appris la nouvelle récemment, alors ça ne peut pas se voir. Il doit être minuscule, avec au mieux la taille d'un œuf de quelques millimètres à peine. Le Dr Kelman a été clair, il faut attendre la fin du premier trimestre pour limiter la probabilité d'une fausse couche. Le risque reste faible au vu de ma jeunesse ceci dit. Je pose une main sur mon ventre. Même si ça ne se voit pas encore, je réalise que je suis vraiment enceinte, et tout l'aspect psychologique qui va avec. Je sais bien que mon choix est conscient. La grande garce ne m'a pas mis le couteau sous la gorge. J'y ai vu la possibilité de gagner de l'argent en quelques mois pour me faire une vie, voilà tout. Le problème, c'est Maxine. Ou plutôt les sentiments ambigus que j'éprouve pour elle, car ils compliquent tout. Je sais que notre affaire n'est rien d'autre que ce qu'elle est. Je sais aussi qu'elle ne considère pas les femmes autrement que comme des plans cul. Je sais tout ça. Mais je ne peux pas contrôler ce que je ressens. La vérité, c'est qu'elle m'attire. C'est tout. Je me demande comment je vais gérer tout ça sur la durée. Mieux vaut penser à la première journée de travail qui m'attend. C'est moins complexe.

La penderie est toute équipée, alors j'ai juste eu à choisir ce que je voulais pour aujourd'hui. J'ai opté pour une tenue simple : t-shirt blanc moulant, veste cintrée et pantalon noirs, sneakers blanches. Cheveux lâchés. J'ai l'impression de voir quelqu'un d'autre dans le miroir. Pas du tout mon style, ces vêtements. Mais il faut bien que j'entre dans le rôle. Je me redresse tout en tournant un peu, histoire de voir quelle allure j'ai dans un angle différent. Je retrousse les manches de la veste tailleur, l'intérieur est coloré de rayures bleues qui rendent très bien avec l'ensemble. Même si Maxine me répète que ce poste est factice, c'est mon premier jour et je tiens à le faire correctement. Les sneakers, c'est la touche décontractée. Pas de talons. Je sais les porter, mais je n'ai aucune envie de m'emmerder avec des instruments de torture qui me niquent les chevilles. Je veux aussi éviter que l'on pense que je me prends trop au sérieux. C'est important de faire bonne impression la première fois et je veux m'entendre avec mes futurs collègues, réels ou non. Après tout, je vais devoir les côtoyer pendant quelques mois.

Je jette un dernier coup d'œil à ma figure dans le miroir. Je n'ai pas très bien dormi la veille. J'ai rêvé que je mangeais un Ramen Burger en faisant la course sur le Walk of Fame avec Jessie. Le mal du pays. J'ai juste besoin de m'habituer à ma nouvelle vie en France. Ce n'est que temporaire après tout. Je tapote mes joues. Ça va, mes yeux ne paraissent pas trop gonflés. Avec une heure de sommeil en plus, ça aurait été idéal. Six heures du matin, c'est vraiment tôt pour moi. Mais allez savoir pourquoi, Miss BCBG tient absolument à partir de bonne heure.

Je descends l'escalier pour rejoindre le salon, la grande garce m'y attend. Elle est, comme toujours, très élégante : un chemisier crème qui se marie superbement bien avec son pantalon tailleur noir, et des escarpins de même couleur. Elle tient un sac à mains d'une marque que je devine prestigieuse. Elle aussi, a laissé tomber le chignon pour aujourd'hui. Et ça lui va toujours aussi bien.

Like A Boss #1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant