Pour son peuple, il était un démon.
Il était aussi froid que la neige du nord et aussi puissant qu'un Dieu. Rien ni personne n'osait ne serais-ce que songer à s'opposer à lui. Tout individu ayant un jour croiser son regard s'en souvenait encore et le revoyait même dans leurs mauvais rêves.
Ce regard aussi rouge et intense que des rubis. Ce regard qui semblait avoir vu toute la cruauté du monde sans jamais flancher. Ce regard posait sur le visage horrifié d'un homme à devant lui, les mains attachées dans le dos à l'aide de menottes en acier. Aussi tremblant qu'une feuille balayée par le vent d'automne, le prisonnier ne pouvait détourner ses yeux de la personne assise sur le trône se trouvant à quelques mètres de lui. Il savait pertinemment qu'il était déjà condamné, avant même de pouvoir prononcé un mot. Il le savait, mais il tenta néanmoins.
" Votre... Votre Majesté... murmura-t-il d'une voix roque et vibrante. Je vous en supplie... Je sais que ce que j'ai fait est mal. Mais, ayez pitié, Votre Grâce... Je vous promets que je ne recommencerais plus !
― Tu le promets ? " La Voix du souverain était aussi glaciale et brutale qu'une tempête de neige. " Crois-tu que promettre suffira ?
― Je... Je dédommagerai la famille ! Je n'ai pas grand-chose, mais je trouverais bien quelque chose à leur donner !
― Ce ne sera pas nécessaire. J'ai déjà décidé de ton sort. " Le roi le toisa de haut. "Pour le meurtre de Kata Talo, je te condamne à mort.
― Non ! Pitié ! Ayez pitié, Majesté ! "
Soudain, un bruit sourd de chair déchirée se fit entendre dans toute la salle du trône et le condamné cracha du sang. Il baissa les yeux et encore à moitié vivant, il vit planté dans son torse un pique d'une couleur aussi noir que les habits du roi. Alors, c'était cela les pouvoirs légendaires du "Démon de Brassfore" ? Par la seule force de son volonté, le souverain avait matérialisé une lance aussi sombre que les ténèbres et avait transpercé le cœur du détenu. Ce dernier s'écroula sur le sol en poussant un dernier souffle. De son corps, une flaque rouge commença à s'étendre sur le dallage gelé.
Le roi eut à son tour un soupir.
" Zelt.
Arrivant sur le côté gauche du trône, un homme aux allures de majordome fit son apparition.
― Oui, Votre Majesté ?
― Nettoie ça, qu'il ne reste plus une trace, ni d'odeur de sang sur le carrelage.
― Très bien, Votre Majesté, cela sera fait selon vos désirs. Je me permets d'annoncer à sa Majesté que ses obligations sont terminées pour aujourd'hui.
― Je vois. " Le roi se leva de son trône de pierre et descendit les quelques marches se trouvant devant lui. " Si quelqu'un me cherche, je serais dans mon bureau.
― Dois-je demander à Velia de vous apporter quelconque collation ?
― Non, ce ne sera pas nécessaire. "
Le majordome s'inclina et laissa passer son roi. Sans un regard, il enjamba le cadavre encore chaud gisant sur le sol et sortit de la grande salle.
Les couloirs du château étaient vides. Seul le bruits des chaussures du maître des lieux retentissaient. Du moins, seulement quelques instants, car il entendit des chuchotements à son oreille.
" Bravo... Tu as de nouveau fait du très bon travail... N'es-tu pas satisfait ? N'as-tu pas l'impression d'avoir fait ce qu'il fallait ? Ressens ce plaisir du sang sur tes mains... ne t'inquiètes pas... Cher Roi Maudit... Nous serons toujours à tes côtés... Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour t'aider à devenir l'homme le plus puissant de ce monde... "
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Les Peines du Roi
FantasyLe roi avait l'habitude de les entendre, depuis plusieurs années à présent, elles apparaissaient de temps à autre pour lui susurrer promesses et compliments, surtout quand il faisait preuve de fermeté et cruauté. Elles n'avaient pas de formes tangib...