Le trajet de la capitale d'Ozwarre au village de Tormel ne dura pas plus de quelques heures. Depuis qu'il avait acquis ses pouvoirs à l'âge de 18 ans, le roi de Brassfore avait appris à les contrôler à sa guise et pouvait faire tout ce que son esprit pouvait imaginer. La première fois qu'il eut l'idée de se créer des ailes pour voler, fut un des rares moments agréables qu'il passa de sa vie. La sensation d'être libre, de sentir le vent sur son visage et voir défiler les paysages montagneux de son royaume lui procurer toujours un sentiment fort et sincère. Et connaissant les cartes sur le bout des doigts, il pouvait voyager ainsi sans aucun inconfort. Il était plus rapide que le plus véloce de ses oiseaux messagers, et plus endurant que le plus robuste des chevaux Brassforiens.
Voyant le village rechercher s'approchait, il ralentit pour se poser en douceur proche des premières maisons tout en faisant disparaître ses ailes d'ombre. Des villageois sursautèrent à la vue d'un homme venu du ciel et se tétanisèrent en constatant qu'il s'agissait du roi en personne. Il s'éloignèrent rapidement en faisant attention à ne pas croiser son regard. Certains continuèrent leur route en faisant mine de ne pas l'avoir vue, d'autres rentrés chez eux de manière faussement naturelle.
Il avait l'habitude, donc il n'y fit pas attention.
Le village n'était pas grand, mais quelques gardes y faisaient leurs rondes sur ordre de leur seigneur. Étant bien placée sur la carte, car ni trop proche, ni trop éloignée de la civilisation, cette bourgade pouvait être un bon refuge pour toute personne voulant se faire discrète, ce qui nécessitait un minimum de surveillance. Il repéra deux gardes, s'avança vers eux d'un pas plein de puissance et d'assurance et les interpella. Ils se raidirent et se tinrent de nouveau au garde-à-vous en reconnaissant la voix forte et glaciale de leur souverain. C'est avec inquiétude qu'ils s'inclinèrent afin de le saluer tout en lui demandant ce qui pouvait bien amener Sa Majesté dans ce village perdue au milieu de nulle part et c'est ainsi qu'ils apprirent la nouvelle des disparitions. Après une minute de réflexion, le plus jeune se rappela avoir vu, il y a quelques temps de cela, un étrange groupe de cinq individus encapuchonnés s'éloigner dans la forêt au milieu de la nuit. Le premier était en monture tandis que les autres marchaient à l'arrière. Il les avait pris pour des voyageurs et n'avait pas jugé utile de les suivre, mais il se souvenait bien les avoir vu partir vers le sud-ouest de leur position actuelle. Voyant là une potentielle piste, le roi partit aussi vite qu'il était venu. Les gardes l'observèrent avec stupéfaction faire réapparaître ses ailes ébène et s'envoler comme un oiseau. Ils se lancèrent un regard sans trop savoir quoi penser de la situation, mais une chose était sûre, c'est qu'ils étaient soulagés de le voir partir.
C'est au crépuscule qu'il survola une bâtisse isolée. Il tourna autour, tel un vautour pour s'assurer qu'il n'y avait personne et se posa. À première vue, il s'agissait d'une simple maison à étages. L'extérieur était légèrement délabré, ce qui indiquait qu'elle n'était pas récente. Levant les yeux vers les fenêtres, il vit qu'une des pièces était éclairée d'une lumière un peu tamisée et le mouvement de la lumière laisser penser qu'il y avait de l'activité à l'intérieur. Sans toquer, il entra. Tout était dans le même état que la façade, mais les quelques bougies et la décoration réussissaient à faire en sorte que le tout soit un minimum harmonieux. Une forte odeur de mélange d'encens et de parfums exotiques gêna son nez. Celle-ci était sûrement là pour compléter l'ambiance érotique que devait inspirer l'endroit, mais c'était pour lui plus vomitif qu'autre chose. Sortant d'une nuit blanche, ce désagrément olfactif lui donna une migraine assez conséquente, ce qui le décida à se dépêcher d'en finir avec cette histoire. Avec un peu de chance, il pourrait peut-être rentrer au château avant l'aube et profiter, il espérait, de quelques heures de sommeil.
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Les Peines du Roi
FantasyLe roi avait l'habitude de les entendre, depuis plusieurs années à présent, elles apparaissaient de temps à autre pour lui susurrer promesses et compliments, surtout quand il faisait preuve de fermeté et cruauté. Elles n'avaient pas de formes tangib...