II.

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     Timidement, le jeune homme s'avance dans la chambre, à tâtons. Il ressemble à un enfant perdu dans une galerie marchande. Je daigne finalement lui lancer un regard coupable, et vois un minuscule sourire s'immiscer entre ses lèvres. Il ne parle pas et vient simplement s'asseoir sur la chaise visiteur à côté de mon lit.

     Ce n'est qu'au bout de cinq longues minutes qu'il ouvre enfin la bouche pour murmurer quelques mots, avec cet accent toujours aussi craquant. Je ne suis plus certaine qu'il soit anglais. Peut-être irlandais.

     « Je suis content que tu ailles bien, puis il se met à parler en anglais ce qui ne m'étonne pas vu son accent, pourquoi tu étais au milieu de cette route ? »

     Sa question semble complètement dénuée de curiosité malsaine, il a l'air de réellement... s'en faire ? Alors qu'on ne se connait pas. Je ne réponds pas immédiatement, me sentant honteuse de mon geste impulsif, mais je lui dois quand même bien cela. Restant au fond de mon lit, je chuchote alors finalement, en anglais.

     « J'ai voulu faire un geste stupide. Merci de m'en avoir empêché...
     – Je vois... Je suis content d'avoir été là à ce moment.
     – Mmh. »

     Je ne dis rien de plus, ne voulant pas rendre la conversation encore plus gênante qu'elle ne l'est déjà et me mords l'intérieur de la joue avant de soupirer. Plus je le regarde, plus son visage me dit quelque chose, mais je ne sais pas d'où je le connais. Finalement, je me décide à lui poser la question qui me taraude depuis quelques minutes.

     « Comment tu t'appelles ?
     – Moi ? Je suis Niall. Et toi, quel est ton nom ?
     – Quinn. »

     Je sais maintenant d'où son visage me paraît familier et j'hésite, mais je décide de ne pas relever. Ce n'est clairement pas le moment de lui demander si c'est bien lui, Niall Horan, du groupe à succès « One Direction ». Il n'a sûrement pas envie d'en parler, et moi non plus d'ailleurs. On se regarde dans les yeux durant quelques secondes, mais je brise ce contact, essayant de me relever légèrement. Mon bras me fait toujours aussi mal et je me demande pourquoi l'infirmière ne m'a pas fait de topo sur ce dernier. Voyant que j'avais du mal à me redresser, Niall se lève de sa chaise et me porte presque, me mettant en position mi-assise mi-allongée, je le remercie doucement.

     Deux jours plus tard, je peux enfin sortir de ce maudit hôpital, Niall est venu me rendre visite plusieurs fois, pendant lesquelles nous avons pas mal discuté. De ce qui m'avait poussé à faire ce que j'ai fait, des épreuves qu'on a pu traverser dans la vie, de pourquoi il faut s'accrocher, enfin, de plein de choses profondes qui m'ont vraiment faite réfléchir.

     Pour mon retour chez moi, Niall a proposé de me ramener, étant donné que je ne suis pas réellement capable de rentrer seule. Je suis sur un siège de la salle d'attente, les béquilles dans une main, le portable dans l'autre, à attendre que le blond ait terminé de remplir cette foutue paperasse. Une fois cela fait, il revient vers moi avec un sourire, il faut dire qu'on a pas mal sympathisé durant ces deux jours. Je ne comprends d'ailleurs toujours pas pourquoi il a continué de venir me voir alors que rien ne l'y obligeait. Mais peu importe. Je lui fais également un semblant de sourire et me lève, mettant mon téléphone dans la poche de mon jogging.

     Il me faut un peu de temps pour m'habituer à marcher avec des béquilles, n'en n'ayant jamais eu de ma vie et je suis donc lente. Le chanteur m'attend gentiment, on n'a jamais discuté de ses activités, je sais qu'il chante dans ce groupe, mais ce qui m'intéresse chez lui, ce n'est pas ça, c'est la manière dont il me fait me sentir. Je me sens apprécié. Et j'aime ça. Arrivés à sa voiture, il m'ouvre la portière et m'aide à m'asseoir, ce que je lui fais remarquer en lui disant gentiment et avec une touche d'humour que je peux encore faire ça toute seule.

We took a ChonceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant