IV.

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Je me rends donc dans ma salle de bain et m'assois sur une chaise pour me préparer. J'ai pris ma douche il y a deux heures, mes cheveux sont presque secs, je termine de les sécher avec mon diffuseur et regarde mes boucles naturelles retomber sur mes épaules et ma poitrine. Ils sont de plus en plus longs, ce qui me fait sourire. Devant le miroir, je me fixe pendant plusieurs secondes avant d'enfin sortir ma trousse de maquillage. Ça fait une éternité que je ne me suis pas maquillée, j'espère ne pas faire un carnage. Pour mon teint, je mets simplement un peu de BB crème et du blush sous mes yeux et sur le bout de mon nez, une touche de mascara sur mes cils et un peu de gloss. Wow. Me voir comme ça... ça me fait bizarre, je dois l'avouer. Mais je n'ai pas le temps de rester bloquée là-dessus. Je me relève de ma chaise à l'aide de mes béquilles et me rends dans ma chambre pour trouver de quoi me tenir chaud. Il fait vraiment froid aujourd'hui, pour un vingt-six février.

Une fois devant mon placard, je regarde dans le vide pendant de longues secondes, et finalement, je prends un pantalon noir assez élastique et près du corps qu'évidemment je remonte au-dessus de mon plâtre et un gros pull en laine couleur taupe en dessous duquel je mets un col roulé noir. Je retourne dans l'entrée pour enfiler une chaussure, l'autre, je la fourre dans mon sac. Je suis prête à descendre quand je reçois un appel sur mon téléphone. « Niall ». Un sourire se faufile entre mes lèvres, je décroche.

« Oui ? J'allais descendre, là.
– Parfait, je suis en bas, je t'attends devant la porte dans ce cas.
– J'arrive ! »

Le ton de ma voix est survolté je le sais, je me dépêche donc de sortir de mon appartement. Vivement que je n'utilise plus ces satanées béquilles, je n'en peux plus. Une fois en bas, je vois mon ami posté devant la porte de l'immeuble, un grand sourire collé au visage. Je le rejoins et il me prend doucement dans ses bras, frottant mon dos. Quand je le regarde, je remarque qu'il s'est particulièrement bien habillé aujourd'hui, je décide de le taquiner là-dessus.

« Je vois que monsieur s'est fait beau aujourd'hui ?
– Ben. C'est une journée spéciale, en même temps ! Je ne pouvais pas ne pas marquer le coup !
– Mouais ! Avoue que tu voulais que je te voie sous ton meilleur jour ! dis-je en continuant de le taquiner.
– Bon... D'accord, j'avoue ! » plaisante-t-il aussi avant de se mettre à marcher vers la voiture.

Le trajet se passe normalement, comme d'habitude, je regarde par la fenêtre pour voir les immeubles défiler. Quinze minutes plus tard, on se retrouve de nouveau dans le parking sous-terrain de l'hôpital ; il ne m'avait pas manqué, celui-là. Le rendez-vous est à onze heures et demie. Il est onze heures pile. Quand Niall a fini de se garer, nous sortons et allons vers l'ascenseur. Je m'enregistre lorsqu'on arrive à l'accueil et la demoiselle qui se tient devant moi me dit de patienter dans la salle d'attente. Je vois son visage devenir rouge pivoine quand elle remarque Niall qui se tient à mes côtés, ce qui me fait doucement rire. Nous partons donc nous asseoir quelques mètres plus loin, et une fois que je sais qu'elle est hors de portée, je me penche vers le blond en chuchotant, le sourire aux lèvres.

« Je crois qu'elle t'a reconnu.
– Qui dont ? me demande mon ami innocemment, je secoue la tête, désespérée.
– La jeune de l'accueil ! »

Il met quelques secondes avant de comprendre que je fais allusion à sa notoriété et fait de gros yeux. C'est vrai qu'il n'a pas pris de « précautions » jusque-là, mais il n'en a pas réellement eu besoin, bizarrement. Une demi-heure plus tard, un médecin en blouse avec un dossier dans les mains arrive vers nous, les yeux débordant de ses lunettes.

« Mademoiselle Joly ? C'est à vous.
– Je t'attends là, me murmure Niall en me souriant avant de m'aider à me lever.
– Heu... D'accord... »

Je ne sais pas pourquoi, je sens le stress monter en moi, mais j'essaie de ne pas le laisser transparaître. Je suis donc le docteur qui m'amène dans une salle, il prend dans mon dossier médical la radio que j'ai faite il y a quelques jours, montrant que ma cheville est réparée, et la pose sur une table. Il me spécifie qu'un infirmier va me retirer mon plâtre dans quelques minutes et j'acquiesce le cœur battant.

Pourquoi tu stresses comme ça...

Finalement, un homme portant au moins la quarantaine s'approche de moi avec un sourire rassurant. Il me dit qui il est et comment va se passer le retrait. En me parlant, il sort d'une sacoche stérile un appareil et je fais de gros yeux. Il m'assure que ça va simplement permettre de couper le plâtre, mais que c'est sans danger pour ma peau.

Je demande à voir...

À croire que cet infirmier entend mes pensées puisqu'il me montre sur sa propre main que même allumé, ça ne le coupe pas, ça fait seulement beaucoup de bruit. Je le laisse donc faire son travail et ferme les yeux parce que malgré tout, je n'aime pas ça.

Vingt minutes plus tard, l'infirmier a terminé et je regarde ma jambe. Après une expression de malaise, je demande à l'homme qui me fait face si, par hasard, il n'aurait rien pour que je puisse me nettoyer et me raser, ce à quoi il répond par un sourire. Il m'indique une petite pièce sommaire au fond de la salle dans laquelle je suis. Je me dirige là-bas en boitillant et fais ce que j'ai à faire avant de le remercier. L'infirmier me conseille tout de même de garder mes béquilles à porter, m'assurant que je risquais d'en avoir encore besoin un petit temps, ne serait-ce que pour m'appuyer dessus. Je le remercie encore une fois et il m'escorte jusqu'à la salle d'attente où se trouve Niall, toujours épié par la demoiselle de l'accueil.

Ce détail me fait légèrement rire et je m'approche du blond, toujours avec les béquilles. Mon ami se lève dès qu'il me voit et s'approche de moi avec un grand sourire. Avant que nous ressortions de l'hôpital, je conseille à Niall de peut-être signer un autographe à cette jeune femme qui a l'air fan de lui. Il rit, mais s'approche de l'accueil et fait ce que je lui ai dit, rendant la demoiselle folle de joie. Nous finissons par repartir vers la voiture du blond et cette fois, il me propose d'aller boire un verre dans un café, ce que j'accepte avec joie.

Je lui propose le nom d'un café que j'aime bien et nous nous y rendons. Là-bas, alors que je commande un cappuccino, Niall, lui, prend un Irish-coffee ce qui me fait sourire.

« Ah bah d'accord, il est quand même encore tôt... ou tard pour ça, non ? On ira manger un peu après, je pense.
– Peut-être, mais j'avais envie de prendre ça, ça me manque un peu ! »

Je rigole et lorsque les boissons arrivent, nous trinquons. L'Irlandais boit une gorgée de son café et fait une petite grimace, en m'assurant qu'il n'est clairement pas aussi bon que ceux qu'ils font en Irlande. Je secoue la tête en riant encore une fois.

« Qu'en dis-tu si on part pour Mullingar dans une semaine ?
– Mais... Tu étais sérieux ?
– Bien sûr, Quinn ! Je veux t'emmener là-bas. C'est toi-même qui m'a dit que tu voulais changer d'air, non ? en disant cela, Niall me regarde droit dans les yeux, ce qui me déstabilise un peu.
– Heu... Oui, c'est vrai, mais je ne pensais pas...
– Ça te va ? répète-t-il doucement en me coupant.
– Oui... »

Je n'arrive pas à retenir l'immense sourire qui se glisse à la commissure de mes lèvres, et je continue de boire ma boisson chaude tout en discutant de cela avec le chanteur. Mon cœur s'emballe légèrement, mais je n'y fais pas attention, et une heure plus tard, vers treize heures, on sort du café pour aller dans un petit restaurant sans prise de tête pour manger un morceau. Ça tombe bien, j'avais faim.

Je commande un plat de spaghettis bolognaise et Niall, lui, prend plutôt une tranche de rumsteak saignante accompagnée de frites. Je ne peux pas m'empêcher de lui demander si je peux goûter sa viande et lui propose en retour de prendre un peu de mes pâtes, ce qu'il accepte avec plaisir.

We took a ChonceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant