Chapitre 2

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Au sourire mesquin qui s'était dessiné sur mon visage, Scott et Heather ont immédiatement compris ma réponse. Nous étions donc en route pour la vielle église bâtit dans les années 1800. Pour arriver plus vite, nous sommes passés par une petite forêt traversée par la rivière. Scott nous ouvrait le passage. Je le suivais de près et Heather était sur mes talons. Au milieu du calme qu'apportait le nuit, loin du bruit journalier des habitants, on m'entendais de temps à autre, râler suite à mon bonnet noir qui ne cessait de s'accrocher dans les branches des arbres. 

- Moins de bruit Kaylee ! chuchota cette dernière. Tu pourrais réveiller les morts ! Et d'abord, c'est quoi l'utilité de ce vieux bonnet tout miteux ?

- Il n'est pas miteux d'abord. Sans trop savoir quoi répondre, je prétextais avoir froid. 

Au loin, le bruit des vagues parvenait jusqu'à nos oreilles... Le poids de nos corps sur les branches frêles qui jonchaient le sol, craquaient à chacun de nos pas. A ce moment là, une voix intrusive se heurta à ma conscience. Qu'allait bien pouvoir faire trois jeunes adolescents sans défense face à un malade mental ou je ne sais quoi d'autre en plein milieu de la nuit, et qui plus est dans une forêt. Des frissons se propagèrent instantanément dans tout mon corps. De mon dos en passant par mes bras et mes jambes. Je sentis tous mes poils sans exception se dresser. Nous n'étions pas à l'abris que ce scénario puisse se produire. En effet, à quelques kilomètres de là, un asile psychiatrique était installé. Il n'était pas rare qu'un patient s'échappe. Le dernier en date remonte à déjà plusieurs mois. Il y a six ans, un drame est survenu. Un patient souffrant d'un trouble de la personnalité avait attaqué un jeune adulte d'à peine dix-huit ans. La plupart de la ville était persuadée que c'était l'œuvre de Satan. Mais moi, je n'y croyais pas.

Après avoir marché une bonne dizaine de minutes, nous étions enfin face à la grande bâtisse. Heather avait déjà fait du repérage.

- Laisse faire les pros mon Scotty. Elle passa devant lui avec une agilité et une grâce digne d'un félin. Pourtant la place pour passer était relativement faible, voir quasiment inexistante.

Elle nous mena jusqu'à l'arrière de l'église. On descendit deux, trois marches d'un escalier, avant d'être stoppé. Un grand portail en fer rouge et rouillé se dressait devant nous. Elle sortit de sa poche le trousseau de clef et l'inséra dans la serrure. De ses petit bras menus, elle força sur la clef pour pouvoir la déverrouiller. Après un peu de résistance, le portail s'ouvrit enfin. Le grincement émit, nous glaça tous le sang. Sans parler du petit courant d'air qui nous avait effleuré. Très vite, ce sentiment disparût l'euphorie de pouvoir jouer aux rebelles et de faire la fête dans un endroit au quel personne n'avait accès nous relongea dans notre soirée improvisée.

Le sous-sol, en pierre blanche (presque blanche) était comme je l'avais imaginé. Glauque, flippant, stressant et surtout... remplie de ces répugnantes bêtioles velues à huit yeux et huit pattes. Tous les deux cents mètres, si ce n'est pas pour dire tous les dix, les files de leurs toiles venaient entraver mon visage. Mes grands gestes firent marrer Scott. Les torches disposées sur les murs étaient d'une grande utilité pour nous déplacer...Au-delà de ces petits détails, cet endroit semblait bien plus grand que la pièce au dessus de nos tête où les cérémonies religieuses avaient lieux. Un grand couloir dont on ne voyait pas le fond s'offrait à nous. Des pièces de part et d'autre apparaissaient au fur et à mesure de notre avancée.

- Les filles, je sais pas pour vous, mais marcher une heure dans cet endroit humide, ça va pas le faire.

- Tu as raison petit beta ! Et si on s'installait ici ? Heather pointa du doigt la pièce en face de nous. 

Installés dans notre petit "sanctuaire", les bières commencèrent à couler à flot. Une, deux puis la troisième ne tarda pas à se faire attendre. Heather, commença par raconter des histoires. Des histoires d'horreur plus exactement. C'étaient ses préférées. Son talent pour raconter les histoires était sans précédent. Sa voix était parfaitement maitrisée. Son regard était toujours bien  maitrisé. Ses yeux à la fois vide mais intense pouvaient nous faire passer par tous les stades émotionnels. La lumière tamisée de la torche ainsi que l'ombre du vacillement de la flamme lui donnait un pouvoir que l'on pourrait caractériser de surnaturel.

"Bhou !" s'exclama-t-elle soudainement les bras levés en l'air tout en les agitants. Pris de court et sous la panique, Scott et moi nous sommes jetés dans les bras l'un de l'autre. Notre réaction instinctive arracha un rire franc et aigu à Heather. Une fois nos battements cardiaques redevenus stable, nous nous sommes regardés droit dans les yeux avant de nous rendre compte de notre ridicule. Nous avons alors rejoins notre amie. L'alcool n'aidait pas à calmer nos rire. L'énergie apportée par cette boisson se diffusait dans nos veines ce qui nous maintenait en forme. Malgré l'endroit lugubre, c'était l'éclate totale. Un petit karaoké s'était même organisé. Il faut dire que nous chantions tellement bien qu'il fallait attendre la fin de la chanson pour reconnaitre le titre. 

Pendant qu'Heather et Scott chantaient à tue-tête le tube de l'été, je me décidais à me lever pour me dégourdir les jambes et explorer un peu cet environnement. Mes jambes fibrilles eurent du mal à porter mon poids. Je titubais un peu puis repris ma démarche plus ou moins assurée. La pièce ne possédait rien d'anormal. Curieuse, je décidais d'aller jeter un œil dans le couloir. L'obscurité ne me rassurait guère.  Heureusement que le fond sonore, c'est à dire Eather et Scott, était quant à lui rassurant.

Je crus entendre comme des bruits de pas. Soudain le son d' un pas très net se distingua. Nous n'étions pas seul.
- Nous ferions mieux de rentrer, dis-je un peu déstabilisée.
- Hors de question.
À ces mots, Scott se leva et se mit à courir vers le fond du couloir. Il avait disparut de notre champ de vision.
- Scott reviens ! Ça suffit maintenant ! J'essayais de paraître le moins effrayée possible.
- Nom d'un chien ! L'écho de la voix de Scott était arrivée à nos oreilles. Il semblait loin... Je tenta de me rassurer en me disant que c'était juste une impression.

Heather ne cessait de rire. Je priais pour qu'elle se taise mais rien à faire. Un chuchotement lent et infiniment discret nous caressa le visage.

Plus un bruit. Ni elle ni moi n'osions respirer. L'air était lourd. J'aurais voulu fuir mais il était hors de question d'abandonner Scott ici. Je compta à rebours dans ma tête et à trois, j'eu un élant de courage. Eather, accrochée à mon bras, se fit tirer d'une force si impressionnante, qu'un petit cris lui échappa.

Dans une des salles à droite, Scott était assit. Ses yeux ne se d'attachaient pas du mur. Une sorte de pentacle y était peint. Au centre, on aurait dit qu'une chouette était dessinée. Autour de l'emblème, des mots étaient gravés : "PERICULO TUO". Étais-ce du latin ? Heather articula une phrase " à tes risques et périls"... Eather avait de nombreux talents cachés. Elle était notamment polyglotte. Ce jour là, j'aurais préféré ne pas connaître la traduction de cette inscription. Scott était toujours assis, en tailleur. Il semblait comme... ailleurs. L'alcool ? Je ne sais pas.

Ce qui m'intriguais par dessus tout, était de savoir ce qu'il se cachait derrière la porte. C'était la première salle que je voyais munie d'une porte. Une porte tout ce qu'il y avait de plus banal. Un peu trop à mon avis vu les choses étranges qui se passaient depuis notre arrivée. À m'en fier au message, rien ne m'inspirait à découvrir le secret de cet endroit. Pourtant, piqué par la curiosité, ou devrais-je dire, par ce démon, ce petit demon encré en chacun de nous, ne devrais-je pas l'ouvrir? Où valait-il mieux s'assurer de la sécurité de mes amis ?

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